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Tchad : le Haut conseil des collectivités désavoué au Forum mais "très cher au Maréchal"


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 30 Octobre 2020


L'avis de la présidente du présidium, Mariam Mahamat Nour, semble révélateur sur l'avenir de l'institution : "C'est quelque chose qui est très cher au Maréchal, on ne va pas revenir dessus".


Le 2ème Forum national inclusif au Palais du 15 janvier à N'Djamena. © Ben Kadabio/Alwihda Info
Les participants au 2ème Forum national inclusif débattent ce vendredi sur la forme de l'État et le régime politique, le réaménagement des grandes institutions et des parlementaires. La demande de suppression du Haut conseil des collectivités autonomes et des chefferies traditionnelles (HCCACT) revient avec insistance dans les débats. L'institution semble désavouée par les intervenants qui s'alignent sur les recommandations des pré-forums décentralisés.

Selon l'ex-ministre et homme politique Abdraman Djasnabaille, la majorité estime qu'il faut créer le Sénat à la place du HCCACT. "Il faut un Parlement bicaméral".

Une intervenante, Fatimé, estime qu'il faut d'abord faire l'évaluation des activités du Haut conseil, en tenant compte des moyens mis à sa disposition, avant de s'acharner sur l'institution.

Le président du HCCACT, Tamita Djidingar, a pris la parole pour apporter des précisions et défendre le rôle des chefs traditionnels. Il explique que le Haut conseil a été créé "pour remonter à la surface de nos instituions les autorités traditionnelles qui ont été considérées comme l'âme de la nation tchadienne".
"Pendant les périodes les plus difficiles que le pays a connu, où les instituions de l'État étaient absentes, seules les chefferies traditionnelles étaient restées avec les populations, à la base. Ils ont la meilleure connaissance des problèmes issus des populations. On a pensé qu'on pouvait leur conférer une certaine partie du pouvoir pour que les populations au niveau des territoires et à la base puissent véritablement être représentées et que leurs problèmes puissent être remontés à la surface."

Tamita Djidingar souligne que les chefs traditionnels s'impliquent dans beaucoup de problèmes locaux pour y trouver des solutions. S'agissant du Haut conseil, il évoque un manque de ressources financières.
"Les ressources ont manqué pour sa mise en couvre. Nous n'avons que deux ans, même pas deux ans puisque c'est en décembre qu'on aura deux ans. C'est peut-être beaucoup, c'est peut-être peu, mais en deux ans nous avons produit notre plan stratégique triennal. Nous n'avons pas vu les moyens.

Sur quelle base on peut dire que le HCCACT n'a pas fait son travail (...)  Si on met en place les institutions, il faudrait qu'on mette en place un certain nombre de mesures pour voir leur viabilité."

Le sultan du Chari Baguirmi, Mbang Hadji Woli, représentant d'une association des chefs traditionnels, propose la suppression du HCCACT "pour des raisons qui (lui) sont normales parce que cette institution n'a pas préparé de bonnes choses que la population attendait". À la place, il propose la création du Haut conseil des autorités traditionnelles et coutumières en tant que grande institution pour pallier à certaines insuffisances, ainsi que la restauration du Sénat avec un mandat.

Pour sa part, le chef de canton de Sarh suggère un réaménagement du Haut conseil, en plus de le "doter de moyens conséquents pour qu'il mène à bien sa mission sur le terrain".

L'avis de la présidente du présidium, Mariam Mahamat Nour, semble révélateur sur l'avenir de l'institution : "C'est quelque chose qui est très cher au Maréchal, on ne va pas revenir dessus".

"En ce qui concerne les collectivités autonomes, il y a une majorité qui se dégage sur la création du Sénat qui va prendre le rôle des collectivités autonomes", ajoute-t-elle.

Le HCCACT a été créé à l'issue du 1er Forum national inclusif. Parmi ses prérogatives, le Haut conseil a la possibilité de rendre des avis motivés, notamment sur les politiques d'aménagement du territoire, et de décentralisation. Il est composé de 51 hauts conseillers, nommés par décret du chef de l'État.
 

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