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TCHAD

Tchad : les jeux de hasard, un poison pour les non-salariés


Alwihda Info | Par Yana Abdoulaye - 14 Mai 2021


Le premier Bet, le Pmu Bet et le Pari-foot deviennent de jour en jour, des opportunités de mise et de pari dans la capitale tchadienne. Bon nombre de chômeurs et non-salariés prennent du plaisir en jouant, tout en sachant que c’est une pratique qui vide les poches au quotidien.


Sous la canicule de plomb, ce mardi 28 avril 2021, un attroupement humain s’observe à l’encablure d’un château d’eau à Madjorio, dans le 1er arrondissement de Ndjamena. Là, des jeunes et personnes âgées ont entouré une jeune dame assise sur un banc de fortune, avec des tas de papiers devant elle. Dans la foule, certaines personnes cherchent le renseignement sur le résultat du précédant jeu, d'autres, comme Apollinaire la trentaine révolue, demandent s'il y a possibilité de faire un nouveau jeu. « Le programme des jeux est-il disponible ? », interroge Apollinaire.

C'est l'ambiance autour d'un jeu de hasard. Mahamat Brahim, enseignant vacataire est devenu un accro de Pmu Bet. Chez cet enseignant qui a quitté le village pour se chercher en milieu urbain, le Pmut est devenu le second espoir pour devenir milliardaire. « Je suis d'une famille pauvre du Tchad. Mais j'ai la ferme conviction qu'un jour je serai compté parmi les milliardaires du Tchad. Je sais que ça naîtra, soit de mes efforts dans le travail, soit par le jeu de hasard. Ceux qui ne me croient pas croiront un jour », rassure-t-il. En dehors de ses dépenses journalières, un budget est alloué à la loterie. Il débourse 3 000 FCFA par jour pour espérer devenir un jour un heureux gagnant.

En ce période où l’incertitude et le manque d’emploi font leur loi, la loterie s’accentue chez les jeunes et non-salariés et aiguise leur flaire en vue de remporter les mises. « Je me sacrifie pour effectuer le rituel tous les jours », admet un jeune. Cet investissement quotidien découle de ses maigres revenus d’enseignant vacataire et ses cours d’instructeur. Cette addiction à la loterie, il l’a développé il y a environ trois ans environs, alors qu’il s’était pris une femme. Du haut de ses trente ans, il ne peut pas finir sa journée sans ce petit espoir excitant de gagner quelques sous.

Désir de secourir sa famille
Dans le milieu jeune, le désir de la découverte cède facilement la place à l’obsession dans bien des cas. Mbalassem Theodore, la quarantaine révolue joue depuis plus d'une dizaine d'années pour subvenir aux besoins vitaux de sa famille. « Le jeu de hasard est très drôle. Il apparait très intéressant lorsqu'on gagne. Dois-je gagner plus de 20 000, voire 60 000 FCFA. Je donne une partie à ma femme pour la ration alimentaire. Mais attention ! Des fois vous pouvez dépenser une somme colossale dans le jeu sans gagner », explique-t-il. Abdelkerim Daouda, élève en classe 5ème est allé au-delà ‘’ cinq millions de francs CFA’’ via une application. Ce jeune a vu la chance lui sourire un matin. La notification sur son téléphone le fait crier de joie avant de l’étouffer pour ne pas éveiller de soupçons. Dans l’espoir de remporter un jour un grand lot, Jules Daniel dispose toujours du programme de premier Bet.

« Un élève comme moi a gagné trois millions tout d’un coup. J’étais très content et même tourmenté », dit-il. Cette angoisse était suscitée par cette faramineuse somme qu’il devait dissimiler à ses parents. Cette chance sourit également à Daniel lui aussi, un cireur de chaussures. Sorti pour son business, ce jeune tente sa chance avec 500 francs et propose cinq numéros comme l’exige le principe du jeu. En moins de 20 minutes, le résultat est affiché, le numéro choisi par celui-ci se confirme. « Bravo ! J’ai gagné », s’exclame-t-il. Après une dispute entre le jeune homme et le gérant, il entre enfin en possession de son argent. « J’étais très content », dit-il. La découverte par ses parents de cet argent ferait l’objet de vives tensions.

Décidément, la loterie commence à devenir une vraie occupation professionnelle pour ces jeunes à faibles ou sans revenus. Nicolas Djimrassem a longtemps compris que le pari était une sorte de poison qu’il fallait cacher à ses proches. Il compte continuer de jouer jusqu’à décrocher un gros lot un jour.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)