ANALYSE

Tchad : qu'est-ce qui peut unir les Tchadiens ?


Alwihda Info | Par Martin Higdé Ndouba - 29 Novembre 2022


Même si la diversité culturelle, ethnique et religieuse du Tchad devrait être un atout d'unité, force est de constater que le sentiment de désunion est mûrement encouragé par le système de gouvernance.


« Ce qui nous unit est plus important que ce qui nous sépare », dit un adage populaire. Réfléchir sur ce qui peut unir la population tchadienne, semble être une interrogation philosophique.

Ce qui est clair, au vu et su de tous, c’est que le quotidien de la société tchadienne est inondé d’informations qui divisent : les conflits, les polémiques, les discours partis-pris, des tueries et bien d'autres faits. Le constat de désunion fait peur. Heureusement que beaucoup de Tchadiens n'ont pas oublié leur attachement à la solidarité de leurs aïeux.

Pourtant, autrefois, les liens sacrés de fraternité unissaient par le sang. Même si la diversité culturelle, ethnique et religieuse du Tchad devrait être un atout d'unité, force est de constater que le sentiment de désunion est mûrement encouragé par le système de gouvernance. À commencer par l'injustice sociale, la protection des criminels, le non-respect de la vie humaine et le malaise identitaire, pour ce que citer que cela. C'est le choix d'une politique de « diviser pour mieux régner ».

Pour l’ex-conseiller de l'association estudiantine, par ailleurs chargé du marketing de la société téléphone mobile Airtel Tchad, Sylvestre Alladoum, « il faut organiser des débats politiques sans rancune, rassembler les jeunes sur la question de citoyenneté et cultiver l'esprit de tolérance par le biais des caravanes ». Ce que l'on peut reconnaître et reprocher aux Tchadiens, pour le moment, c'est l'adhésion à la politique démagogique de division et l'ignorance religieuse du siècle présent.

Selon Amadou, diplômé en histoire, « on peut unir les Tchadiens de tout bord, par le lien sacré du mariage. Autrefois, un Sara se mariait à un nordiste sans opposition. Aujourd'hui, le couple nordiste et sudiste existe, mais c'est difficile. Car la religion a menti au nom de Dieu qui a créé un Blanc, Noir et Jaune », dit-il. Contrairement à Clément Nadjilem, sociologue de formation, « on peut unir la société tchadienne par la langue, par exemple l'arabe tchadien est mieux parlé au Nord, à l'Est, à l'Ouest, au Sud et au Centre ».

Au regard des échanges commerciaux, l'on peut aussi s’interroger si ce secteur joue un rôle pour unir les Tchadiens. Dans les différents marchés de la capitale, l'on voit souvent un commerçant musulman confier ses marchandises à une femme sudiste, à l'heure de la prière. Sans oublier les activités sportives qui unissent tout un peuple, et le championnat national est un exemple.

Ce qu'il faut reconnaître : le peuple a la volonté de vivre ensemble dans l'unité, malgré les dérives politiques. Ce qui reste à faire, c'est une gouvernance dans la sincérité. Car le premier élément qui peut unir un peuple, c'est la bonne gouvernance.

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