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POLITIQUE

Centrafrique : Tout sur le général Dhaffane


Alwihda Info | Par jospin lionel Zoumiry - 28 Septembre 2014


Un Président contraint à la démission, une coalition en convalescence prolongée, une base désemparée. Le premier groupe armé traverse depuis des mois une crise. Depuis janvier 2014, l’ex-coalition séléka traverse une crise. Jamais, un tel groupe armé plus puissant n’est resté aussi longtemps « sans véritable patron ».


Centrafrique : Tout sur le général Dhaffane
Miné par des courants aux intérêts divergents, la base s’est montrée incapable de s’entendre pour désigner une nouvelle direction puisque les deux premiers présidents que sont Djotodia et Nourredine sont sous sanction de la Communauté internationale. En attendant des meilleurs jours, les clés de la maison ex-coalition ont été confiées au général Mohamed-Moussa Dhaffane. Nationaliste, tour à tour rassis et politiquement correct, il s’engage dans la marmite de la politique quand il était jeune et compte bien y rester et apporter sa pierre à la reconstruction de l’édifice national.

Le général Mohamed-Moussa Dhaffane, l’interlocuteur principal de l’ex-coalition séléka, le plus populaire et la très, très sérieuse figure de l’ex-coalition, tente ces derniers temps, d’obtenir par les procédures administratives, le feu vert des autorités de la transition pour pouvoir lancer en quelque sorte, une structure voire une association qui aura pour mission, de vulgariser l’Accord de cessation des hostilités de Brazzaville (signé le 23 juillet 2014) à travers une initiative de sensibilisation en vue d’un retour définitif de la paix en Centrafrique.

Avant et après s’être rendu à Brazzaville au Congo à l’occasion du Dialogue inter centrafricain, le numéro 3 de l’ex-séléka a multiplié les contacts avec des Chefs d’Etat de la sous région, notamment le congolais Dénis Sassou-Nguesso, le tchadien Idriss Déby Itno, le gabonais Ali Bongo Ondimba ou encore les membres de la communauté internationale tels que : le général Babacar Gaye, chef de la MINUSCA, le général Mokoko, Chef de la MISCA, le général Martin Tumenta Chumo, Monsieur Jean Pierre Reymondet Commoy de l’Union européenne, Charles Malinas, Haut représentant de la France à Bangui et David Brown, Chargé d’Affaires de l’Ambassade des Etats Unis d’Amérique, afin de pouvoir leur témoigner de son engagement pour œuvrer en faveur de la paix, surtout la non partition du pays comme d’aucuns le pensent. Le secrétaire général adjoint des Nations-Unies Hervé Ladsous, a lui-même rencontré, après l’entrée en action des casques bleus, le général Dhaffane et six autres leaders des groupes armés signataires de l’Accord de Brazzaville pour échanger sur la responsabilité des politico-militaires dans la mise en œuvre effective de l’Accord signé. D’ailleurs, sur son initiative, une plate forme dénommée G7 SIRIRI regroupant les groupes armés signataires de Brazzaville a été mise en place pour des actions concertées et un plan d’action commun de communication et de sensibilisation. Initiative très appréciée du gouvernement et de la communauté internationale.

L’homme tendu depuis le maquis !

Il y’a trois ans, le général Mohamed-Moussa Dhaffane l’un des créateurs de la coalition séléka, qui est parvenu à chasser le Président Bozizé du pouvoir le 24 mars 2013, fut nommé Ministre d’Etat en charge des Eaux et Forets, même s’il n’est pas resté longtemps du fait de sa droiture qui n’arrangeait pas ses alliés Djotodia et Nourredine Adam et surtout la dénonciation des exactions dont faisaient preuve les combattants dits « incontrôlés » lesquels n’ont pas oublié l’esprit du maquis malgré qu’ils étaient au pouvoir.

Après la démission de Djotodia à Ndjamena le 10 janvier 2014, soit 5 jours après la mise en liberté provisoire du général Dhaffane qui a été enfermé par Djotodia durant 10 mois au Camp de Roux (Résidence présidentielle), l’homme (Dhaffane), dans l’intérêt de ses frères de lutte, veut recadrer et lancer des nouvelles orientations politiques du mouvement. Il bénéficie d’ores et déjà, d’un soutien indéfectible de la communauté internationale, des autorités de la transition, des combattants cantonnés à Bangui et dans les provinces, et surtout, de la communauté centrafricaine de Fr ance qui a tenu le weekend dernier une réunion dans les Yvelines pour mettre en place un comité de soutien au général Dhaffane. Mais dans toute sa volonté d’œuvrer pour la non partition de la RCA, il se trouve toujours en face de ses détracteurs de la même coalition qui sont sous sanction des Etats-Unis et de l’ONU et qui ne veulent pas de la paix. Malgré ce « combat » contre lui, le général Dhaffane est resté l’interlocuteur principal de l’ex-séléka comme l’a souligné la présidente de la transition Samba-Panza, invitée de Ban Ki-Moon, dans une interview accordée à une chaine américaine.

Quelles sont ses chances d’atteindre ses objectifs ?

Dhaffane, qu’on disait politiquement mort après son discours émouvant lors du Forum de Brazzaville, vient de démontrer qu’il jouit d’une certaine popularité et de beaucoup d’influence sur l’échiquier politique. L’ensemble des combattants (y compris ceux du général Alkatim basés à Kaga-Bandoro, ceux du général Ali Darassa à Bambari et du général Yaya Scout à Bria) lui ont accordé leur préférence en tant que leader de l’ex-coalition ; il a reçu le soutien des responsables du mouvement antibalaka et celui des autres groupes armés et partis politiques. Le général Dhaffane bénéficie ainsi d’une base solide à laquelle viennent s’ajouter tous ceux qui, mécontents de la gestion de Djotodia pour sa gouvernance solitaire du pouvoir, son laxisme face aux comportements crapuleux des éléments « incontrôlés » et son incapacité et échec à diriger le pays.

Qui est vraiment Dhaffane ?

Un homme droit, serein, affectueux et chanceux voire miraculé. Âgé de plus de 40 ans mais paraissant plus vieux, « MMD », comme le surnomment ses intimes, est un miraculé de la vie politique centrafricaine et apparait comme l’antithèse des groupes armés qui ont pour lutte la partition de la RCA, à commencer par Nourrédine Adam. Chouchou des médias internationaux et apprécié par ses visiteurs pour sa disponibilité à pouvoir échanger avec eux, l’homme incarne la vie présidentiable, chante l’espoir d’une vie meilleure et stable de ses compatriotes qui ont enduré des moments bien difficiles durant cette crise, notamment ceux qui campent encore dans les sites de fortune.

Il parle le langage de ceux qui ont l’amour de leur pays, obligé de se sacrifier pour l’intérêt de ses compatriotes. Sa vie ne laisse pas indifférent ses concitoyens. C’est lui qui, en ce moment, mène des actions conjointement avec les responsables du mouvement antibalaka, les Autres politico militaires et associations œuvrant pour la paix, la sécurité et la cohésion sociale.

Dhaffane va-t-il transformer l’ex-séléka ?

Considéré comme « partisan de paix » par certains observateurs de la vie politique, le général Dhaffane se veut lui, rassurant de la réussite de la transition centrafricaine où à un certain moment, a pris son bâton de pèlerin, est allé à Ndélé et à Bambari pour ramener ses frères d’armes de « l’aile dure » à la raison concernant le respect de l’Accord de cessation des hostilités.

Pour le moment, son programme politique concernant l’ex-coalition reste flou. Puisque, a-t-il toujours dit, « l’heure est à la recherche des solutions paix pour sauver notre Nation de ce gouffre ». Les officiers, sous officiers et hommes de rang membres de l’ex-coalition sont d’ailleurs appelés à se prononcer sur un leader une fois leurs multiples crises internes se seront résolues, puisque c’est au cours de l’Assemblée générale que la base propose la politique que ce dernier verra mener.

En exerçant comme représentant légal depuis janvier 2014 jusqu’à ce jour, le général Dhaffane s’est toujours opposé aux velléités sécessionnistes de ceux qu’il appelle « les ennemis de la paix ». Le signe, peut-être, qu’il à l’ intention de faire prendre à « l’aile dure » de l’ex-coalition le virage à 180° dont ses détracteurs le combattent…
A ses détracteurs, Dhaffane répond : « je suis et je demeure pour la paix. J’ai prôné toujours la franchise dans mes actes pour l’intérêt de notre pays. C’est ce que certains de mes frères ne comprennent pas. C’est vrai, ceux qui me combattent ont commis des bavures et des actes crapuleux sur les paisibles populations et je me suis toujours opposé à eux. Pour cela, en tant que leader, j’ai accepté de porter le fardeau moral tout en demandant pardon pour l’amour de Dieu à tous ceux qui ont été touchés durant cette crise. A mes frères vivant à l’étranger, les exilés, les réfugiés et celles et ceux qui sont encore dans les « ledgers », je leur dis pardon et, surtout, le meilleur reste à venir. Je dis cela du plus profond de mon cœur, ressaisissons-nous et bâtissons notre pays pour que règne définitivement la paix et la cohésion sociale pour un développement durable ».

Lionel ZOUH



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