POINT DE VUE

Les camps des réfugiés syriens menacés par le coronavirus


Alwihda Info | Par Ahmad Al-Khaled - 21 Mars 2020



Ahmad Al-Khaled, journaliste et auteur syrien

Le gigantesque camp de réfugiés d’Al-Hol, à quelques dizaines de kilomètre d’Hassaké. © ALI HASHISHO/REUTERS
Alors que l'attention mondiale se concentre sur les statistiques autour du coronavirus, les gouvernements ferment les frontières et les gens simples vident les étagères des magasins, personne ne se souvient de ceux dont la vie était un cauchemar déjà avant la pandémie.

Les réfugiés des camps d’al-Hole et Rokbane gérés par l'administration kurde et les États-Unis sont le groupe le plus vulnérable par rapport au virus Covid-19. Les personnes déplacées vivent dans des tentes délabrées par groupes de 20 personnes, partagent de la vaisselle et sont totalement privées d'accès aux soins médicaux et aux médicaments essentiels. Leur immunité est fortement dégradée à cause de la faim et le manque d'eau potable.

Compte tenu de ces facteurs, il est certainement possible de stipuler que ces gens sont voués à l'extinction comme des bêtes grâce à l'inaction des organisations internationales. La fermeture, cette semaine, de la seule station médicale pour les enfants et femmes de Rokbane qui se trouve prés de la base militaire américaine d’al-Tanf est devenue la dernière trahison de la communauté mondiale et les États Unis. La station fonctionnait sous l'égide de l'Unicef à la frontière syro-jordanienne et était littéralement le seul salut pour les habitants du camp.

Selon des chiffres officiels, les travaux de la station médicale ont été suspendus en raison des craintes liées à la propagation du coronavirus parmi ses employés. Ainsi, les médecins de l'ONU ont reconnu la possibilité d’un foyer de la maladie dans Rokbane, mais cachent jusqu’à présent le fait que les camps sont déjà devenu les principaux centres d’infection. Dans le même temps, ni les États-Unis qui contrôlent ces territoires aux côtés des Kurdes ni l'Organisation mondiale de la santé n'ont encore envoyé des experts dans le camp afin d’évaluer la situation et d’accepter les mesures de confinement pour lutter contre la maladie. En parallèle, les réfugiés sont préoccupés par une forte augmentation du nombre de personnes infectées et du taux de mortalité infantile.

Il faut comprendre que la catastrophe dans ces deux camps de réfugiés pourrait être beaucoup plus terrible qu'il n'y paraît. Par exemple, en Italie, plus de 40 000 cas d'infection sont recensés tandis que l'épidémie a, à ce jour, causé le décès de 3 400 personnes. Et cela se produit dans le pays européen développé qui dispose de toutes les ressources, mais tout de même n'est pas capable d'arrêter la propagation du virus et d'éviter des conséquences catastrophiques.

Que dire de dizaines de milliers de réfugiés dans Rokbane et al-Hole, deux villes de tentes dont 90% sont des femmes et des enfants qui n'ont même pas d’égouts, sans parler des appareils de ventilation artificielle et kits de test capables de diagnostiquer le Covid-19?

La seule chose qui a été faite par les Américains et les Kurdes c'est le renforcement de la protection des camps de détention. En plus, ils ont pris des mesures pour réduire les contacts avec les réfugiés, en les laissant seul à seul avec un danger de mort.

La trahison cynique des pays occidentaux envers des réfugiés ne peut s'expliquer que par la réticence à rentrer leur citoyens qui aussi restent dans les camps chez eux. L’Europe et les États Unis ont préféré sacrifier les femmes et les enfants engagés dans le conflit syrien pour éviter les problèmes concernent leur réintégration dans la société. Dans le même temps, très probablement, la catastrophe biologique ne se limitera pas aux camps syriens. L'inertie des pays de l’Europe et des États-Unis menace de conséquences plus graves dont souffriront non seulement le sud-est de la Syrie, mais aussi toute la région du Moyen-Orient.

C’est tout cela qu'il faut connaître de l'humanité moderne et des valeurs démocratiques de l'Ouest dont les efforts ont rendu possible ces camps voués à la mort.

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