Le nombre élevé de débits de boissons par rapport aux petites et moyennes entreprises dans ces quartiers témoigne d'une situation complexe. Une tentative d'approche révèle que ces jeunes sont majoritairement des diplômés, souvent venus de différentes provinces du pays en quête d'opportunités professionnelles. Face au chômage, certains semblent se réfugier dans l'alcool, sans se soucier des conséquences sur leur avenir.
Un jeune diplômé en géographie, devenu vendeur d'alcool frelaté, offre un éclairage : "Ces jeunes que vous voyez, certains sont diplômés et très intelligents, mais comme le quartier n'offre aucune opportunité d'emploi, celui qui arrive à trouver 100 francs CFA, ça suffit pour valider sa journée. Et parfois, ils partent faire certains travaux dans d'autres quartiers. Il y a aussi l'aspect solidarité, tes amis peuvent t'offrir deux calebasses ou deux sachets de 'tir' pour éloigner tes soucis."
Si beaucoup préfèrent ne pas s'exprimer sur le sujet, l'alcool semble être un échappatoire pour certains. "Sous l'effet de l'alcool, tu penses que c'est toi qui connais bien la vie plus que nous, 'kawala' (ami)", lance l'un d'eux dans un cabaret de Chagoua.
À tort ou à raison, un certain laxisme de l’administration publique face à la consommation abusive d’alcool chez les jeunes pourrait être un facteur contribuant à cette situation.
Cependant, les médias ont un rôle crucial à jouer dans la lutte contre l'alcoolisme chez les jeunes. Au-delà de leur mission d'information, il est essentiel de multiplier les émissions et les débats impliquant directement les personnes concernées, une approche qui pourrait porter ses fruits à long terme.