ANALYSE

Election présidentielle au Congo : Quand le parti socialiste français se perd en conjecture


Alwihda Info | Par Claude Dinard Vimont - 9 Mars 2016


Le parti socialiste français est sorti du bois, le 07 mars 2016, comme un gros cheveu qui tombe dans la soupe en plein repas, pour demander à un Etat souverain, la République du Congo, de reporter l’élection présidentielle du 20 mars 2016. La déclaration publiée par ce parti politique au sujet du scrutin qui aura lieu au Congo dénote ni plus ni moins du manque de respect au peuple congolais et de l’ignorance des réalités du Congo.


Le président du Congo, Denis Sassou-Nguesso. (Reuters)
Faisant échos à une déclaration qu’il a pompeusement publiée au nom de son parti, M. Maurice Braud a cru savoir que « le président Sassou-Nguesso a organisé la surveillance des principaux opposants et imposé un état d’urgence … » Il ne s’arrête pas là, puisqu’il imagine une campagne électorale qui se déroulerait dans « un climat délétère » au Congo.

S’enfonçant dans ses affabulations, M. Maurice Braud « dénonce les obstacles mis aux déplacements des principaux opposants au président Denis Sassou-Nguesso, qui sont des atteintes de fait à leur liberté d’expression et d’opinion ».

Pour conclure ses inepties, ce français ignorant des réalités congolaises demande « le report de l’élection présidentielle » du 20 mars 2016.

Quand les Congolais ont entendu parler Maurice Braud, secrétaire national à l'International du parti socialiste français balancer sur les antennes de Radio France internationale le soir du 07 mars 2016, cette série d’incongruités, ils se sont posé deux questions : la première est celle de savoir si Maurice Braud parlait d’un autre pays ou de la République du Congo, leur pays ? La seconde : depuis quand un parti politique d’un pays tiers fait-t-il des injonctions à un Etat ou à une organisation internationale ?

Dans un contexte français très difficile pour le parti socialiste au pouvoir, on peut comprendre pourquoi les cadres du parti trouvent des sujets de diversion à l’étranger pour essayer de susciter la confiance des militants de l’intérieur.

Mais, monsieur Braud s’y est pris avec une telle maladresse qu’il pourrait plutôt susciter l’effet contraire. Manquant de respect à l’Etat et au peuple souverain du Congo, monsieur Braud et son parti ont volontairement ignoré que les relations internationales sont basées sur le respect mutuel entre Etats.

Or, sauf s’il prouve le contraire, le parti socialiste français n’est pas un Etat. Et, il n'est pas un parti du Congo qui aurait présenté un candidat à la présidentielle du 20 mars.
Ses amitiés éventuelles avec le parti congolais du travail au pouvoir à Brazzaville ne lui donnent aucun droit d’intimer l’ordre au gouvernement du Congo sur un sujet quelconque. Ainsi, ses revendications sont illégitimes et n'ont pas force de loi sur la République du Congo.

Le parti socialiste que l’on devrait considérer comme sérieux ne devait pas hélas s’offrir l’étiquette d’un parti inventeur de réalités sur la terre africaine. De plus, ces accusations sont assorties d’une menace qui ne dit pas son nom. Maurice Braud dit, en effet, redouter « les conséquences d’un scrutin immédiat ».

Il est possible que le parti socialiste ait un penchant pour un candidat parmi ceux de l’opposition qu’il voudrait imposer au peuple congolais. Mais, de là à formuler des accusations sans fondement aucun sur la confiscation des libertés des opposants, il y a un problème que M. Braud n’a pas expliqué.

Il « dénonce les obstacles mis aux déplacements des principaux opposants » au Congo, alors que tous les candidats de l’opposition battent campagne librement.

Ce que Maurice Braud et le parti socialiste croient ignorer est que l’on ne s’improvise pas candidat à une élection, à plus forte raison, présidentielle. Il faut donc s’y préparer. C’est d’ailleurs ce que le parti socialiste s’emploie à faire en France, alors que le mandat de François Hollande ne prend fin qu’en 2017.

S’il se trouve que le candidat préféré de Maurice Braud et son parti n’est pas prêt, ce n’est pas deux mois supplémentaires qui lui permettront de gagner.

Ce qui étonne plus dans cette déclaration du parti socialiste est que la plainte d’un éventuel manque de liberté de mouvement des opposants congolais soit venue de France comme un objet importé, alors que les candidats à l’élection présidentielle du 20 mars 2016 battent compagne sans inquiétude.

Peut-être que conscient de l’échec inéluctable de son candidat, le parti socialiste français voudrait inciter les candidats de l’opposition à boycotter l’élection au dernier moment, pour jeter le discrédit sur ses résultats.







 

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