ANALYSE

Lutte contre le paludisme: une plante et une femme chinoises qui ont sauvé des millions de vies humaines!


Alwihda Info | Par Dr Djiddi Ali Sougoudi - 9 Aout 2017


Par cette découverte majeure pour l'humanité, cette dame, Tu Youyou, a reçu le Prix Nobel de médecine en 2015.


En 1970, Mme Tu Youyou, une chercheuse chinoise a découvert l'artémisinine, extraite de la plante Artémisia annua. Cette molécule démeure la plus puissante molécule dont les dérivés les plus utilisés sont actuellement l'artésunate, l'artémether et le dihydroxiartémisinine trop connus au Tchad.

Par cette découverte majeure pour l'humanité, cette dame, Tu Youyou, a reçu le Prix Nobel de médecine en 2015.

Au décours de notre formation en Chine en cours, les Professeurs de l'Institut de Maladies Parasitaires de Jiangsu nous ont envoyés à la recherche et découverte par nous-mêmes de cette plante dans l'immense cour parmi des centaines de plantes médicinales plantées. Nous la trouvâmes derrière un grand bâtiment de l'institut (voir image de la plante en pot). il s'agit d'une armoise de la même famille de notre fameux shih* du Tchad dont le nom scientifique est Artemisia jamaïca. Le shih ou Artemisia jamaïca du Tchad, qui pousse unique dans les oueds de Tibesti,  est aussi utilisé empiriquement contre le paludisme et les manifestations psychiatriques du paludisme confondues aux sorts (massass) jetés par un sorcier. D'où la nécessité des chercheurs tchadiens de pencher sur la variance locale de cette plante de Chine de Mme Youyou.
   
Il faut aussi reconnaître que les chinois accordent un grand intérêt pour leur pharmacopée et les vertus de plantes sont en vente partout dans les magasins. C'est un exemple à suivre par les pays africains dont le Tchad afin de promouvoir la science des plantes dans des laboratoires modernes.

L'artémisinine demeure un antipaludique majeur et avec peu de résistance connue (exception faite au Delta de Mekong entre Cambodge et Thaïlande où l'on a découvert une résistance circonscrite).

Au Tchad, les recommandations de prise en charge par le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) stipulent qu'il faut utiliser les dérivés de cette molécule (Artésunate et artémether) en mono-thérapie (sans association) pour ne traiter que le paludisme dans sa forme grave et non le paludisme dans sa forme simple. En cas de paludisme simple (la plupart des cas de paludisme) il est recommandé d'utiliser les ACT (formes combinées d'artémisinine avec amodiaquine, pipéraquine ou luméfantrine) pour éviter la survenue rapide des résistances aux molécules isolées d'artémisinine. Cependant de nombreux grands hôpitaux et cliniques du Tchad ne respectent pas ces recommandations nationales promises même par l'OMS. Il y a lieu alors de lutter contre ces mauvaises pratiques devenues trop courantes dans notre pays.

Dr Djiddi Ali Sougoudi
Médecin Infectiologue
Chine, Jiangsu, Wuxi.

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