REPORTAGE

Tchad : Djimira, l'artiste peintre qui veut valoriser la discipline des beaux-arts


Alwihda Info | Par Djibrine Haïdar Kadabio - 18 Janvier 2020



Au Tchad, il n'existe pas d'académies des beaux arts ou de centres de formation en art. Ce qui n'a pas empêché certains artistes peintres professionnels de se consacrer aux métiers de l'art.

Borsorta Djimira est un artiste peintre et enseignant d'arts plastiques. Il est aussi responsable de l'atelier de peinture "Le langage de couleurs" qu'il nous fait découvrir à Chagoua, derrière l'ambassade des Etats-Unis, dans le 7ème arrondissement de la ville de N'Djamena.

"Un artiste peintre c'est quelqu'un qui essaye de reproduire ses oeuvres afin de traduire la beauté, ensuite il fait véhiculer le message à travers ses réalisations. Un artiste peintre c'est un communicateur et en même temps quelqu'un qui transmet la beauté à travers ses réalisations", explique Borsorta Djimira qui nous fait découvrir fièrement ses réalisations.

Les tchadiens accordent peu d'importance à l'art

Ignoré par beaucoup de tchadiens, l'art mérite une politique spécifique pour sa valorisation. "C'est un fait réel. Pour toute chose, il faut vraiment une politique mais ici, il n'y a pas vraiment une politique orientée dans ce domaine. Et puis, même s'il y a une politique orientée dans ce domaine, on confie la tache aux gens qui ne sont pas du domaine, raison pour laquelle ces gens ne peuvent pas présenter un résultat probant", estime Borsorta Djimira.

Au sein de l'atelier "Le langage de couleur", difficile de ne pas s'émerveiller face aux réalisations artistiques de Djimira qui apporte le plus grand soin à ses oeuvres. Il peint des portraits, des animaux, des objets ou encore des représentations qui nous absorbent dans la contemplation pour tenter de décrypter le message transmis.

Selon l'artiste, "dans le cas de l'art ici au Tchad, il devrait y avoir une politique. Le Gouvernement devrait mobiliser les jeunes, soit créer des cadres et puis impliquer les professionnels afin de vraiment faire asseoir ce domaine. Ceux qui sont appelés à tenir le flambeau de ce métier ne sont pas des professionnels, des gens du domaine, raison pour laquelle il y a un désintéressement."

"Ça commence quelque part ailleurs, les gens ont fait un travail de fond. Par exemple quand j'étais au Nigeria, j'ai vu que les gens aiment l'art parce qu'il y a des académies des beaux arts, il y a des centres de formation en art, mais ici il n'y a aucun centre de formation, même pas une école des beaux arts", nous confie Borsorta Djimira.

"Vous faites le tour à N'Djamena, vous constaterez que seule mon entreprise ouvre une formation en dessin et peinture aux jeunes. Les autres sont là, il y.a beaucoup de gars qui sont découragés, ils ont jeté l'éponge maintenant, il sont entrain de faire autre chose pour gagner leur vie", ajoute-t-il.

Un message à la jeunesse

Un message à la jeunesse, Borsorta Djimira n'en a pas qu'un. Être artiste c'est avant tout une question de conviction. "Quand tu sait que tu est artiste, il faut t'accrocher vers ceux-là qui font le même métier que toi afin de t'aider à t'orienter. Sinon quand tu est artiste dans un milieu comme chez nous ici, tu sera étouffé parce que les gens ne vont pas s'intéresser", affirme Borsorta Djimira.

A ses cadets, l'artiste peintre souligne que "le métier d'art, les arts plastiques, c'est un métier qui a beaucoup de débouchées", car "quand tu le fait, tu t'y donne, ça ouvre des portes au monde de l'emploi".

Toutefois, il se tourne vers les parents et les appelant à ne pas freiner l'élan artistique de leurs progénitures. "Ceux là qui étouffent leurs enfants, qui pensent que quand leurs enfants pratiquent le dessin ou la peinture, c'est des cancres, ils les persécutent de sorte que les enfants laissent le métier alors que ce sont des potentiels artistes de demain", met en garde Borsorta Djimira.






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