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Tchad : ces orientations professionnelles regrettables


Alwihda Info | Par Steve Djénonkar - 4 Août 2021


A cause du mauvais choix ou de la mauvaise orientation professionnelle, du manque de formation spécialisée, les jeunes diplômés tchadiens sont astreints presque inéluctablement au chômage ou faute de mieux


Un amphithéâtre universitaire à N'Djamena. Illustration ©️ Alwihda Info
Un amphithéâtre universitaire à N'Djamena. Illustration ©️ Alwihda Info
« En Afrique, les avocats se retrouvent dans les champs de blé », chantait le célèbre groupe musical Yeleen. Un juriste devenu professeur de français se lamente un jour en ces termes : « Quand j'ai obtenu mon bac, j'ai déposé deux dossiers, l'un en droit et l'autre en lettres modernes. J'étais admis aux deux filières à la fois mais j'ai opté pour le droit. Et voilà que j'ai fait 13 ans sans être intégré à la fonction publique et pire, j'enseigne le français ». Visiblement, le remord du juriste-professeur de français s'explique par le mauvais choix de sa filière. « J'aimais les lettres au lycée. En classe de première, mon professeur de français m'a dit que j'étais le seul élève à obtenir de lui 15/20 », s'enorgueillit-il.

Alladoum, lui aussi, brouille de regret pour avoir étudié la sociologie. Même si la filière le fascine jusque-là, il admet qu'elle n'est pas porteuse. Une anecdote qu'il raconte lui-même confirme le manque de débouchés. « J'ai travaillé une seule fois dans une coopérative au sud du pays et après, plus rien. Je suis devenu professeur de français », raconte-t-il. Après plusieurs années d'expérience nécessaire pour enseigner dans de grands lycées privés,
Alladoum « tente sa chance » dans un établissement réputé rigoureux dans le 7ème arrondissement. Le fondateur « impoli » l'a refoulé avec son dossier. « Tu as étudié la sociologie et tu veux enseigner le français. Sois cohérent avec toi-même », lui a lancé crûment le fondateur. Depuis lors, il se contente de quelques heures de vacation dans un autre lycée et de "clando", car dit-il, les emplois dans les ONG dont il a rêvé en étudiant la sociologie se raréfient. Son "collègue" mototaxi Chelsoubé a étudié la gestion des hôpitaux dans un institut de la capitale. Des études qu'il a eu d'énormes difficultés à financer pour accéder inévitablement au chômage. Le seul meilleur souvenir qu'il garde de ses études, est le qualificatif « major de la promotion avec 16/20 en soutenance de mémoire ».

S'étant rendu compte que la filière ne paye plus (il n'y a pas assez d'hôpitaux à gérer), il envisage se délivrer un nouvel acte de naissance avec un âge réduit pour passer le baccalauréat, faire d'autres études. Malheureusement, les charges familiales l'accablent. Ali, quant à lui, est « naufragé du pétrole ». Pendant le boom pétrolier, ses parents l'ont encouragé à étudier la pétrochimie. Et Ali s'en vantait à sa sortie d'école. « J'ai étudié la pétrochimie, option raffinage », chantait-il à tue-tête. Ni la raffinerie de Djermaya, son espoir, ni Schlumberger ne l'ont employé. Mieux, le lycée de son oncle paternel a fait de lui surveillant, avec quelques heures d'enseignement des mathématiques.

Travailler à la fonction publique semble le rêve de beaucoup de jeunes diplômés tchadiens, alors que la fameuse fonction publique "est saturée", à en croire son chef de département qui invite les ONG du pays à absorber les diplômés. Sadick Brahim Dicko, directeur général de l'Office national pour la promotion de l'emploi (ONAPE) trouve plutôt que le bonheur se cache dans l'auto-emploi. « Au lieu de chercher un emploi dans une entreprise, pourquoi ne pas être entrepreneur et être son propre patron ? », conseille-t-il. Il assure que son institution accorde un « crédit à taux d'intérêt zéro » aux diplômés qui le sollicitent.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)