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TCHAD

Tchad : pratiques dangereuses des jeunes agriculteurs, le phénomène 'Butta' et ses conséquences


Alwihda Info | Par Reouhoudou Innocent - 11 Juin 2024


C’est un phénomène qui prend de l'ampleur chez les producteurs et qui a des répercussions dans le secteur agricole.


L'agriculture au Tchad. Illustration © Alwihda Info/Archives
L'agriculture au Tchad. Illustration © Alwihda Info/Archives
À l’entame de la campagne agricole, certains agriculteurs, surtout les jeunes, s'adonnent à des mauvaises pratiques et, par manque d’éducation financière en milieu rural, se trouvent souvent dans des situations précaires. En effet, au début de la saison pluvieuse, certains producteurs se rapprochent des commerçants pour conclure un contrat verbal d’échange : prendre de l’argent contre des sacs de produits agricoles pendant les récoltes.

Ils auraient pris 10 000 FCFA contre un sac de sésame, d’arachide ou de mil. D’autres abusent de cette pratique et prennent 50 000 FCFA, voire même 100 000 FCFA, avec les commerçants en échange de cinq à dix sacs de produits agricoles pendant les récoltes.

Cette pratique est dénommée "Butta" ou encore "Amna" par les agriculteurs. Elle a des conséquences néfastes. À la fin de la campagne agricole, la famine affecte les différents ménages, et plus loin encore, la non-scolarisation des enfants, surtout des filles, par faute de moyens financiers pour les inscrire à l’école, ce qui engendre une augmentation du taux d’analphabétisme en milieu rural.

Le phénomène du changement climatique, avec ses risques, a également des impacts sur la production. C’est l'une des causes des faibles rendements. Parfois, une mauvaise répartition des précipitations dans la zone, qu'il s'agisse de sécheresse ou d’excès de pluie, est aussi la cause des inondations qui affectent souvent les champs et entraînent de faibles rendements des produits agricoles.

À cet effet, les agriculteurs rencontrent de multiples problèmes pour restituer le sac de produits agricoles contre 10 000 FCFA aux commerçants. C’est souvent la source de conflits dans les différentes juridictions.

Au niveau des compagnies de gendarmerie en milieu rural, plusieurs plaintes ont été déposées par des commerçants contre les agriculteurs pour revendiquer le sac ou la valeur du sac de mil, d’arachide ou de sésame au moment de la récolte, soit 25 000 FCFA, voire même 35 000 FCFA. Alors qu’un commerçant donne 10 000 FCFA au début de la campagne agricole contre le sac.

De tout ce qui précède, quelles stratégies le gouvernement du Tchad, et surtout le ministère de l’Agriculture, doit-il adopter pour améliorer ou éduquer les agriculteurs sur la gestion des produits agricoles ? Nous demandons aux différents partenaires et aux organisations non gouvernementales (ONG) d’investir aux côtés des producteurs dans le cadre de la sensibilisation à l’éducation financière et à la scolarisation des enfants, surtout des filles, afin de réduire le taux d’analphabétisme en milieu rural au Tchad.

Reouhoudou Innocent, correspondant Alwihda Info à Bébédjia.



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