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POINT DE VUE

Djibouti : C’est le talent qui fait l’artiste, pas le régime


Alwihda Info | Par Mahamoud Djama - 1 Mars 2017


C’est à la fois une poétesse, une chanteuse, une combattante de la liberté et une femme de foi. Devinez qui elle est ?


Djibouti : C’est le talent qui fait l’artiste, pas le régime
Enfant précoce, elle a jailli tôt dans la chanson djiboutienne. Pas par la petite porte de l’effort laborieux, ni par la fenêtre de la protégée, mais par la grande entrée du talent vif et pluriel. 

Elle n’avait que huit ans lorsqu’elle a fait éclater par le vers et la voix sa révolte contre l’ordre colonial qui venait notamment d’arrêter arbitrairement ses deux grandes sœurs. Huit ans, pas seize. 

C’était un jour de 1975. La Ligue Populaire Africaine pour l’Indépendance (LPAI), qui allait devenir le principal parti indépendantiste de l’intérieur, n’avait que quelques mois et ses premières annexes naissaient à peine. 

Sur quelle scène a-t-elle éclos ? C’est devant la toute jeune annexe LPAI de son quartier qu’elle a fait sensation en déclamant en chanson ses premiers vers militants. Des vers d’elle et non d’autrui dont celui que voici: ‘’Dadkii baad maadhisaye meelxun lagugu tuur (ce qui peut se traduire par : ‘’Sinistre soit ton sort, toi qui as tué et tué’’).
Le public de ce jour pour elle fondateur, de la direction à la base, était transporté. Elle l’a conquis. A huit ans. 
Le premier acte d’un long parcours artistique était posé. A huit ans. 

Elle ne devait plus quitter le devant de la scène artistique militante où elle devenait la figure emblématique de la jeunesse engagée. Par le talent comme par la force de caractère, elle s’imposait sans tarder comme la chef de file des Jeunes Fleurs de la lutte pour l’Indépendance dont elle peuplait les rangs d’autres talents par elle détectés. 

Avez-vous deviné qui elle est ? Il vous faut d’autres indices ? L’accession à l’Indépendance ne l’a pas détournée de la voie qu’elle suivait. Elle est restée engagée pour la liberté retrouvée. Sans bouger de l’annexe LPAI de son quartier. C’était d’ailleurs la règle à l’époque : les jeunes artistes engagés restaient à leurs annexes LPAI respectives, supervisés par quatre personnalités dont trois ont depuis disparu : Hassan Elmi Gueldon, Mahamoud Del Waiss, Omar Kamil Warsama et Elmi Ali Ardeh (encore en vie).

Puis elle a intégré la nouvelle troupe artistique, 4-Mars, créée en 1979 pour rassembler les Anciennes Jeunes Fleurs et porter la voix du parti unique, le Rassemblement populaire pour le progrès (RPP), au sein duquel étaient regroupés la LPAI, le FLCS (Front de Libération de la Côte des Somalis) et une partie de l’UNI (Union Nationale pour l’Indépendance), l’autre partie de l’UNI et le Mouvement Populaire de Libération (MPL) boudant le RPP et optant pour l’exil et la lutte armée sous la dénomination de Front Démocratique pour la Libération de Djibouti (FDLD). 

Se rendant vite comptant que la liberté était la cible de ses aînés devenus gouvernants, elle a quitté les rangs du 4-Mars en 1982 pour poursuivre librement son parcours artistique. Parallèlement, elle a entrepris une vie professionnelle indépendante.

C’est à partir de 1982, donc hors 4-Mars, qu’elle a commencé à s’affirmer comme la grande artiste qu’elle est aujourd’hui. Elle l’a fait à Djibouti même au contact de grands noms de la célèbre troupe somalienne Waberi. Elle a joué dans des pièces de théâtre et chanté aux côtés d’artistes comme Mahmoud Abdillahi Singub, Saleh Kassim Naji et Kadra Daher Egueh. Parmi les pièces où elle a joué figure Nimba tacabkii talow ka maal et parmi les chansons interprétées il y a Gari ma kaa baxdaa et Amaan la koobayn kow ma kaaga qaada. 

Puis elle s’est envolée en décembre 1984 vers la Somalie, mariée à un artiste somalien, pour se hisser encore plus haut et acquérir une stature régionale. Séjour artistique à Hargueissa et à Mogadishu. Avec à son Palmarès d’autres pièces telles que Masibadu aduunyada iyada u macalin ah et Abuur waana layaab, d’autres chansons telles que Xaldhaa ba la yidha et Dabeyl yahay. 

C’est en mai 1988 que, en raison de l’éclatement de la guerre civile en Somalie, elle est rentrée via Dubaï à Djibouti, son pays natal et bien aimé. Elle y a trouvé un espace d’expression encore plus verrouillé qu’à son départ mais elle ne s’est pas découragée. De sorte qu’elle a quand même été l’étoile d’une pièce en feuilleton du 4-Mars intitulée Hiba Hinda Leila aux côtés de Hibo Mahamad et kadra Daher. 

En 1988, elle a rencontré l’homme de sa vie. 

C’est en 1989 qu’elle a repris sa place au 4-Mars malgré les réticences de la direction de la troupe que sa stature et son indépendance d’esprit ne rassuraient pas. A suivre.



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