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ANALYSE

L’urgence de l’action climatique : un appel à des mesures transformatrices


Alwihda Info | Par Dr Florence Akano, journaliste indépendant et humanitaire - 7 Février 2024


Chaque personne, chaque pays et chaque continent est susceptible d’être touché par le changement climatique d’une manière ou d’une autre. Le cataclysme climatique imminent constitue un terrible avertissement, et l’état de préparation actuel, à l’échelle mondiale, est loin de suffire à atténuer ses conséquences potentiellement dévastatrices.


Photo : sdgs.un.org
Photo : sdgs.un.org
Une crise mondiale se déroule
Le changement climatique, principalement alimenté par les activités humaines, constitue une menace imminente pour la vie sur Terre. L’accélération des émissions de gaz à effet de serre a entraîné un changement climatique à un rythme bien supérieur aux prévisions antérieures. Les conséquences sont désastreuses, se manifestant par des conditions météorologiques extrêmes et changeantes, et par une élévation du niveau de la mer.

S’il n’est pas maîtrisé, le changement climatique menace d’annuler les progrès de développement réalisés au cours des dernières années, déclenchant des migrations massives susceptibles de conduire à l’instabilité et aux conflits. Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, par rapport aux niveaux préindustriels, les émissions doivent diminuer, et une réduction de près de 50 % est requise d’ici 2030. Cependant, le monde est très loin d’atteindre cet objectif. Une action urgente et transformatrice, au-delà des simples plans et promesses, est nécessaire. Cela implique de relever les ambitions, de couvrir des économies entières et de progresser vers un développement résilient au changement climatique, tout en traçant une voie claire pour atteindre zéro émission nette.

L’état actuel de l’action climatique : le rapport 2023
La réponse mondiale au changement climatique est loin d’atteindre les objectifs fixés. Le rythme et l’ampleur des plans d’action climatiques actuels sont insuffisants pour lutter efficacement contre la crise. Les phénomènes météorologiques extrêmes affectent déjà toutes les régions de la planète, la hausse des températures intensifiant ces risques, posant de graves problèmes.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) souligne la nécessité de réductions profondes, rapides et durables des émissions de gaz à effet de serre, dans tous les secteurs. Une action urgente et transformatrice est essentielle, allant au-delà de simples plans et promesses. Cela nécessite de relever les ambitions, de couvrir des économies entières et de progresser vers un développement résilient au changement climatique, tout en traçant une voie claire pour atteindre zéro émission nette.

Le dernier rapport de synthèse du GIEC affirme sans équivoque que les activités humaines, notamment la combustion de combustibles fossiles, l’utilisation non durable de l’énergie et des terres, ainsi que les modes de consommation et de production intenables, ont conduit à un réchauffement climatique de 1,1°C par rapport aux niveaux préindustriels. Les communautés vulnérables, même si elles sont les moins responsables, subissent des conséquences disproportionnées.

Entre 2010 et 2020, les régions très vulnérables, abritant des milliards de personnes, ont connu des taux de mortalité humaine dus aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes 15 fois plus élevés que les régions moins vulnérables. Les impacts négatifs comprennent des dommages importants aux écosystèmes, des pénuries alimentaires, la perte de logements et d'infrastructures et la migration de la population.

Besoin urgent d’une coopération mondiale
Le monde se trouve à un tournant critique. L’efficacité des mesures d’adaptation diminue avec l’intensification du réchauffement, et sans des politiques intersectorielles renforcées, le monde risque de dépasser le point de bascule critique de 1,5°C d’ici 2035. Les choix faits aujourd’hui détermineront dans quelle mesure le monde sera vivable pour les générations actuelles et futures.

Des réductions rapides, profondes et durables des émissions de gaz à effet de serre sont essentielles pour freiner le changement climatique. Cela nécessite une action mondiale de développement résiliente au changement climatique, des mesures accélérées d’adaptation et d’atténuation, ainsi que l’exploitation des synergies avec les objectifs de développement durable (ODD). Un financement accru, un engagement politique, des politiques coordonnées, une coopération internationale, une gestion des écosystèmes et une gouvernance inclusive sont nécessaires de toute urgence pour une action climatique efficace et équitable.

L’élévation record du niveau de la mer, provoquée par les concentrations élevées de gaz à effet de serre, menace gravement des millions de personnes dans le monde. Environ 90 % de la chaleur emprisonnée par ces gaz est absorbée par les océans, entraînant une élévation du niveau de la mer sans précédent. Même avec les efforts visant à limiter le réchauffement à 1,5°C, le niveau mondial de la mer devrait continuer à augmenter, ce qui présentera des risques importants pour les communautés côtières du monde entier.

Les petits États insulaires en développement et les zones urbaines de basse altitude sont confrontés à de graves risques, avec environ 900 millions de personnes vivant dans des zones côtières à faible altitude. L’élévation du niveau de la mer et les impacts climatiques obligent déjà à des délocalisations, soulignant la nécessité urgente de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre pour éviter le point de bascule de 1,5°C.

Le déficit financier : investissons-nous suffisamment ?
Le financement climatique est crucial pour lutter contre la crise climatique, mais les efforts actuels ne suffisent pas à répondre aux besoins. Malgré une augmentation des flux financiers mondiaux pour le climat, atteignant une moyenne annuelle de 803 milliards de dollars en 2019-2020, une répartition inégale demeure entre les régions. Les flux liés aux combustibles fossiles ont dépassé le financement climatique pour l’adaptation et l’atténuation en 2020.

L'engagement des pays développés à mobiliser 100 milliards de dollars de financement climatique par an d'ici 2020 à 2025, n'a pas été tenu. La création du Fonds pour les pertes et dommages, lors de la Conférence des Nations Unies sur le climat de 2022 (COP 27), est un pas en avant. Il existe néanmoins un besoin urgent de reconstruire les programmes de financement climatique et de définir de nouveaux objectifs pour améliorer la quantité et la qualité.

COP 28
L'action mondiale pour le climat lors de la COP 28, qui s'est tenue à Dubaï en novembre 2023, a démontré un engagement global en faveur de la lutte contre le changement climatique, résumé dans divers piliers. L'introduction a souligné l'impact mondial du changement climatique et le besoin urgent de se préparer, reconnaissant l'insuffisance des efforts mondiaux actuels. L'approche impliquait un aperçu méticuleux des principaux résultats basés sur les documents de la présidence de la COP 28, l'Annuaire de l'action mondiale pour le climat 2023 et les newsletters quotidiennes des personnalités de haut niveau.

Dans le domaine de l’accélération d’une transition énergétique juste, ordonnée et équitable, la COP 28 a vu le lancement d’initiatives importantes. L'engagement mondial en matière d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique, soutenu par 130 pays, visait à tripler la capacité d'énergie renouvelable et à doubler les améliorations de l'efficacité énergétique d'ici 2030. Les experts de haut niveau ont activement contribué à cette transition à travers des initiatives telles que l'Alliance « Utilities for Zero », tandis que des collaborations telles que le Global « Cooling Pledge » et la Charte de dé-carbonisation du pétrole et du gaz, traitaient des émissions sectorielles.

Le financement climatique est apparu comme un thème central de la COP 28, avec des engagements de 13 pays approuvant la Déclaration des dirigeants des Émirats arabes unis, sur un cadre mondial de financement climatique. Les experts de haut niveau ont présenté les résultats liés au financement climatique, soulignant la nécessité d'améliorer l'ampleur, la qualité et le rythme des investissements soutenant le programme de lutte contre le changement climatique, en particulier dans les pays en développement.

L’accent mis sur les personnes, leurs vies et leurs moyens de subsistance a été accentué grâce aux progrès réalisés dans le cadre du programme d’adaptation de Charm el-Cheikh. Un rapport a mis en évidence les résultats dans les domaines de la santé, de l’alimentation et de l’agriculture, ainsi que dans les domaines liés à la nature. La COP 28 a vu des engagements financiers liés à l'aide climatique, à la relance, à la paix, ainsi que des déclarations sur le climat et la santé, l'agriculture durable et les systèmes alimentaires résilients.

L'engagement en faveur de l'inclusion était évident tout au long de la COP 28. Des efforts ont été déployés pour impliquer les jeunes dans le cadre du Youth Climate Champion et du Dubai Youth Dialogue. Des initiatives telles que la COP 28 pour des transitions justes sensibles au genre et le Partenariat pour l’action climatique ont été lancées pour garantir l’équité entre les sexes. L’inclusivité a également été étendue aux peuples autochtones, avec le lancement de l’Initiative des peuples autochtones de Podong. La technologie et le renforcement des capacités ont joué un rôle crucial, avec des initiatives telles que le grand défi de l’innovation en IA et le 5ème Centre de renforcement des capacités favorisant l’inclusivité.

Écart d’éducation climatique : un appel à l’action
Les étudiants et les jeunes du monde entier exigent une éducation climatique complète et de qualité, pour se préparer à un avenir plus vert. Malgré les affirmations selon lesquelles l’éducation au changement climatique est incluse dans les programmes scolaires, les preuves suggèrent le contraire. Près de la moitié des programmes scolaires nationaux ne mentionnent pas le changement climatique, et de nombreux enseignants ont du mal à expliquer efficacement ses effets.

Les jeunes soulignent la nécessité d’une éducation interdisciplinaire et orientée vers l’action, pertinente à l’échelle mondiale et adaptée aux réalités locales. L’état actuel de l’éducation climatique est inadéquat, laissant un jeune sur cinq se sentir mal préparé au changement climatique. Des efforts urgents sont nécessaires pour combler ce fossé éducatif, et donner à la prochaine génération, les moyens de faire face aux complexités de la crise climatique.

Le rôle des campagnes de plaidoyer et de sensibilisation
Les campagnes de plaidoyer et de sensibilisation font partie intégrante de la mobilisation des communautés, des gouvernements et des entreprises en faveur de l’action climatique. La communauté mondiale doit être informée, engagée et inspirée pour prendre des mesures significatives vers un avenir durable. Voici les stratégies clés pour des campagnes de plaidoyer et de sensibilisation efficaces :

Initiatives éducatives : mettre en œuvre des programmes éducatifs complets pour informer les individus, les communautés et les entreprises sur les causes et les effets du changement climatique. Insister sur l’importance des pratiques durables et sur le rôle de chacun dans l’atténuation des impacts climatiques.
● Engagement des médias : utiliser diverses plateformes médiatiques, notamment les médias sociaux, les documentaires et les médias, pour diffuser des informations sur le changement climatique et ses impacts. Créer des récits captivants qui trouvent un écho auprès de divers publics, favorisant un sentiment d’urgence et de responsabilité.
Plaidoyer politique : plaider en faveur de politiques qui promeuvent le développement durable, réduisent les émissions et renforcent la résilience. Collaborer avec les décideurs politiques, en les exhortant à donner la priorité à l’action climatique et à respecter les engagements internationaux.
Engagement communautaire : impliquer les communautés locales dans les initiatives d'action climatique, en veillant à ce que leurs voix soient entendues dans la prise de décision. Mettre en valeur les avantages tangibles des pratiques durables et encourager les mouvements populaires en faveur du changement.
● Responsabilité d'entreprise : encourager les entreprises à adopter des pratiques durables et respectueuses de l'environnement. Mettre l’accent sur l’intérêt économique et commercial de la réduction des émissions, en mettant l’accent sur les avantages à long terme d’un comportement responsable des entreprises.

Il est temps d’agir
Le moment est venu d’agir de manière décisive. Le monde doit considérablement relever ses ambitions à tous les niveaux, en transformant les systèmes énergétiques, industriels, de transport, alimentaires, agricoles et forestiers. Les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris constituent une première étape cruciale. Il n’en demeure pas moins que davantage d’actions sont nécessaires pour atteindre les objectifs et garantir un avenir durable aux générations futures.

Les entreprises, les investisseurs, les gouvernements et les particuliers jouent tous un rôle dans la réduction des émissions et dans la promotion de pratiques durables. L’objectif de 100 milliards de dollars par an en matière de financement climatique doit être atteint, et les efforts visant à combler le déficit d’éducation climatique sont primordiaux. La crise climatique se poursuit sans relâche et ce n’est que par une action urgente et transformatrice que nous pouvons espérer éviter des conséquences catastrophiques et construire un avenir résilient et durable. La réponse mondiale au défi climatique définira l'héritage que nous laisserons aux générations futures.

Délégués et président de la COP 28 lors du discours d'ouverture. Photo : earth.org
Délégués et président de la COP 28 lors du discours d'ouverture. Photo : earth.org

Le secrétaire général de l'ONU s'exprime sur le changement climatique. Photo : UN.org
Le secrétaire général de l'ONU s'exprime sur le changement climatique. Photo : UN.org



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