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Tchad : "l'extrémisme intelligent est plus grave que l'extrémisme violent"


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 22 Septembre 2019



Conférence-débat du CEDPE au centre Al-Mouna, le 21 septembre 2019. N'Djamena, Tchad. © Alwihda Info
Conférence-débat du CEDPE au centre Al-Mouna, le 21 septembre 2019. N'Djamena, Tchad. © Alwihda Info
Le Centre d'études pour le développement et la prévention de l'extrémisme a organisé samedi à N'Djamena, une conférence-débat sur les perceptions de la problématique de la prévention de l'extrémisme avec le cas des désengagés de Boko-Haram. Trois membres du panel et de nombreux participants ont animé les débats pendant plusieurs heures.

"L'extrémisme intelligent est plus grave que l'extrémisme violent"

L'ancien conseiller au ministère de la Jeunesse et des Sports et professeur d'Université, Brahim Moussa, membre du panel, s'est indigné du nombre d'enseignants à Bol, dans la province du Lac. “12 enseignants au niveau de Bol, ce sont des données réelles mais ça fait pleurer”, a-t-il déploré.

Il a jugé inacceptable que l'éducation scolaire soit absente dans la zone du Lac, rappelant que sur 2200 désengagés de Boko Haram, seulement cinq savent lire et écrire avec un niveau scolaire ne dépassant pas la primaire.

L'ancien conseiller au ministère de la Jeunesse et des Sports et professeur d'Université, Brahim Moussa. © Alwihda Info
L'ancien conseiller au ministère de la Jeunesse et des Sports et professeur d'Université, Brahim Moussa. © Alwihda Info
​Brahim Moussa a plaidé pour le renforcement de la formation des enseignants, notamment en matière des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il a également demandé au secteur privé de se mobiliser, rappelant que "l'extrémisme intelligent est plus grave que l'extrémisme violent". Pour lui, l'un des facteurs de l'extrémisme intelligent n'est autre que la discrimination, notamment entre les classes sociales.

D'après Brahim Moussa, le système éducatif doit inciter les jeunes à se lancer dans l'entrepreneuriat. Prenant l'exemple de la Chine, il a expliqué que son système scolaire pousse les enfants à entreprendre car il sensibilise dès le jeune âge sur l'importance des industries.

Kébir Mahamat Abdoulaye, chercheur au CEDPE et directeur des statistiques et de la communication à l'Autorité de régulation des marchés publics. © Alwihda Info
Kébir Mahamat Abdoulaye, chercheur au CEDPE et directeur des statistiques et de la communication à l'Autorité de régulation des marchés publics. © Alwihda Info
"Combattre l'extrémisme tribal au même titre que Boko Haram"

Selon Kébir Mahamat Abdoulaye, chercheur au CEDPE et directeur des statistiques et de la communication à l'Autorité de régulation des marchés publics, "on va connaitre d'ici 2 à 3 ans la fin de Boko Haram". Il a toutefois appelé à se pencher sur les réponses sociales et économiques à apporter pour "ne plus connaitre ce phénomène".

"Maintenant comment faire pour ne plus connaître ce phénomène ? Il y a des réponses économiques. Comment prévenir dans les décennies prochaines le phénomène de Boko Haram ? Il y a la prévention. Nous sommes dans une phase presque finale de Boko Haram qui est avec une capacité résiduelle et qui continue de faire des victimes", a-t-il expliqué.

Le fonctionnaire d'Etat et chercheur a également mis en garde contre "l’extrémisme tribal, inter-ethniques ou autres, surtout quand on voit les violences intercommunautaires". D'après lui, il faut "combattre ces phénomènes de la même manière que Boko Haram".

Le président du CEDPE et ex-conseiller chargé de missions du Médiateur de la République, Dr. Ahmat Yacoub Dabio. © Alwihda Info
Le président du CEDPE et ex-conseiller chargé de missions du Médiateur de la République, Dr. Ahmat Yacoub Dabio. © Alwihda Info
“La réinsertion des anciens combattants de Boko Haram coûte moins cher qu’un char d’occasion”

Le président du CEDPE et ex-conseiller chargé de missions du Médiateur de la République, Dr. Ahmat Yacoub Dabio, a rappelé la mission du Centre qui n'est pas de lutter directement contre le terrorisme -faute de moyens- mais qui vise à prévenir l'extrémisme en amont. Il s'est indigné contre les nombreux forums, ateliers, colloques, séminaires organisés partout dans le monde et qui "n'ont rien apporté" dans la résolution des conflits, alors que leur coût exorbitant pourrait servir à construire des salles de classe.

Selon lui, chiffres à l'appui, "la réinsertion des désengagés de Boko Haram coûte moins cher qu'un char d'occasion". Cependant, le Tchad donne peu d'importance à la question de la prévention. Insistant sur cette notion de prévention, Ahmat Yacoub a appelé une nouvelle fois les autorités à intégrer dans le programme scolaire une matière sur l'éducation citoyenne dès le jeune âge.

"Si vous ne donnez pas l’occasion à la jeunesse de s’exprimer, elle va s’exprimer autrement"

Ahmat Yacoub Dabio a également déploré le fait que la jeunesse ait peu d'occasions de s'exprimer dans les débats publics. “On ne donne pas l’occasion à la jeunesse de s’exprimer. Nous, nous misons sur la jeunesse, notamment à travers différends débat organisés au Centre", a souligné Ahmat Yacoub Dabio. Il a donné pour exemple le débat sur les relations Tchad-Israël qui "s'est très bien passé alors qu'on avait déconseillé sa tenue" au risque d'incidents.

"Je parle même à la Télé Tchad, les jeunes ne sont pas interrogés, sauf quand ils acceptent de dire ce que la Télé Tchad veux. Même nous quand on s’exprime à la télévision, souvent on coupe nos parties. Si vous ne donnez pas l’occasion à la jeunesse de s’exprimer, elle va s’exprimer autrement, dans la rue ou autres", a mis en garde le président du CEDPE.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)