Advienne que pourra...

RDC : de deux ans à six mois de prison ferme pour les militants de la Lucha
En République Démocratique du Congo, le 4 mars dernier, la Cour d’appel de Goma à réduit à six mois la condamnation des six membres du mouvement Lutte pour le changement (Lucha) en première instance à deux ans de prison. Ces militants sont poursuivis par le gouvernement pour « tentative d'incitation à la révolte ».

Le 1er mars 2016, la Direction Europe de l’Alliance de Base pour l’Action Commune (ABACO) avait déjà jugé disproportionné le verdict rendu le 27 février dernier par le Tribunal d’instance de Goma à l’encontre des membres de ce mouvement citoyen car le fait reproché étant moins grave que les crimes de guerre et crimes contre l’Humanité commis dans l’Est de la République Démocratique du Congo dont les auteurs avaient été maintes fois amnistiés tout en ne cessant de jouir d’une incompréhensible impunité.

Après avoir vivement attiré l’attention du peuple congolais sur le strict respect des droits fondamentaux de la personne humaine et souhaité avec force et vigueur que les avocats des personnes condamnées puissent interjeter appel pour permettre la clarification du droit et la vérification de l’indépendance de la justice au regard du pouvoir politique, la Direction Europe de l’ABACO prend acte de la diligente réactivité de la Cour d’appel de Goma. Néanmoins, ayant condamné les six membres de ce mouvement citoyen sans l’assistance d’un avocat, la Cour a basé son verdict sur les seuls réquisitoires du Ministère public.

En principe il faut obligatoirement un avocat ou un avoué pour aller devant la Cour d’appel, sauf dispositions légales relatives notamment à l’appel d'un jugement de Tribunal de grande instance concernant une déclaration d'abandon, à l’appel formé contre un jugement du Tribunal d'instance concernant le surendettement et à l’appel contre un jugement rendu par le Tribunal paritaire des baux ruraux. Au vu des arguments évoqués supra, la Cour d’appel de Goma aurait dû reporter le procès.

En conséquence, le jugement de la Cour d’appel ayant un caractère définitif dès sa signification, la Direction Europe de l’ABACO conseille aux défenseurs des membres de ce mouvement citoyen de présenter une déclaration de pourvoi devant la Cour de cassation pour non-conformité d'une décision de justice aux règles de droit, ou alors pour violation de la loi, du règlement ou des traités internationaux, voire pour violation des formes légales.

Fait à Paris, le 5 mars 2016

Pour la Direction de l'ABACO Europe,
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Premier Vice-Président de l’Alliance de Base pour l’action Commune (ABACO)

La réaction de l’ABACO Europe sur la condamnation des membres de la Lucha en RD Congo
Après avoir été interpelés le 16 février 2016 à l’aube, jour décrété ville-morte par l’opposition congolaise et des organisations de la société civile, et juste avant la tournée de l’équipe nationale de football victorieuse au Chan à Kigali, le Tribunal de grande instance de Goma, dans le Nord-Kivu, a condamné le 27 février dernier six jeunes membres du mouvement Lutte pour le changement (Lucha) à deux années de servitude pénale pour « désobéissance à l’autorité ». Ces personnes ont appelé le président de la République Démocratique du Congo à respecter la Constitution dans ses dispositions portant sur le non-renouvellement du mandat présidentiel.

Après avoir pris acte du rejet de la charge d’« association de malfaiteurs » pour laquelle le parquet avait requis dix ans d’emprisonnement, la Direction Europe de l’Alliance de Base pour l’Action Commune (ABACO) juge néanmoins disproportionné le verdict rendu par le Tribunal d’instance de Goma. En effet, le fait reproché aux membres de ce mouvement citoyen est moins grave que les crimes de guerre et crimes contre l’Humanité commis dans l’Est de la République Démocratique du Congo dont les auteurs ont été maintes fois amnistiés et continuent de jouir d’une incompréhensible impunité.

Par conséquent, la Direction Europe de l’ABACO attire vivement l’attention du peuple congolais sur le strict respect des droits fondamentaux de la personne humaine. Ainsi souhaite-t-elle vivement que les avocats des personnes condamnées puissent interjeter appel, afin de clarifier le droit et vérifier l’indépendance de la justice au regard du pouvoir politique.
 
Fait à Paris, le 1er mars 2016
 
Pour la Direction Europe de l’ABACO,
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Premier Vice-Président de l’Alliance de Base pour l’Action Commune (ABACO)

Au cœur des Grands Lacs africains

A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, un roman policier intitulé Au pays des mille collines , Gaspard-Hubert Lonsi Koko a bien voulu répondre à quelques questions.

 

Qui êtes-vous réellement, monsieur Lonsi Koko ?

La réponse à votre question dépend de l’angle sous lequel on appréhende mon parcours terrestre. Je suis un père de famille et un époux du point de vue familial au sens strict. Un cadre de parti, si l’on se situe sur l’échiquier congolais, et un auteur. Sur le plan politique, mes principes et convictions penchent du côté de la social-démocratie. Quant à la plume, on peut me qualifier aisément d’essayiste, de romancier et de chroniqueur.

 

Faut-il dire de vous que vous êtes un personnage complexe, donc très déroutant ?

Je ne sais pas si je suis complexe ou déroutant. Mes critiques les plus perspicaces, surtout dans le milieu politique congolais, ont toujours vu en moi quelqu’un de très ambigu et de très mystérieux.

 

D’où les expressions « ambiguïté lonsienne », « paradoxe banacequien » « agnostique mystique » ?

La sincérité voudrait que l’on envisage le « paradoxe banacequien » comme une habileté politique consistant à fixer le cap, en plaçant la barre très haut, afin d’entraîner les adversaires politiques à travers les méandres idéologiques et les sinuosités dangereusement balisées. Pour ce qui est de l’« ambiguïté lonsienne », il s’agit tout simplement d’une rhétorique que l’auteur émerveillé offre aux personnes qui refusent de voir plus loin que le bout de leur nez et aux observateurs éveillés qui perçoivent la vraie dimension de la réflexion qui leur est subtilement offerte. Par ailleurs, comme la plus grande majorité des Bantous, je crois beaucoup aux forces de l’esprit.

 

Revenons à l’actualité du moment. Que va chercher votre personnage principal, Cicéron Boku Ngoi, au pays des mille collines ?

L’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana en avril 1994 n’ayant fait l’objet d’aucune investigation sérieuse de la part des autorités locales et des forces onusiennes, les autorités françaises avaient pris l’option de dépêcher quelqu’un sur place. C’était dans ce contexte que le patron du Ndanda Holding International avait pris la route pour Kigali via Kinshasa et Brazzaville.

 

Quelle avait été sa principale mission ?

D’après des sources émanant des services secrets belges et américains, quelques militaires français auraient été à l’origine de l’assassinat des présidents rwandais et burundais. Dans cette histoire, selon le contexte de l’attentat, la négligence coupable des uns et la logique ethniciste, voire assassine, des autres ont favorisé l’hécatombe. Seules les boîtes noires de l’avion qui avait été abattu auraient permis de clarifier le mystère qui entourait le crash. Cicéron Boku Ngoi devait donc les retrouver, le premier souci des autorités françaises ayant consisté à éviter toute preuve d’une éventuelle implication de la France.

 

La France est donc responsable du crash survenu à quelques kilomètres de l’aéroport Grégoire Kayibanda et de ses conséquences ?

Ce n’est pas au romancier, dont l’œuvre n’est que le fruit de l’imagination, de répondre à cette question. Selon les spécialistes, la DGSE ne disposait pas de bureau fixe à Kigali, mais y effectuait des « missions d’intervalle » même si l’un des deux coopérants militaires français qui étaient assassinés le 7 avril de cette année dans la capitale rwandaise habitait la « maison de l’agent », connue à tort ou à raison comme celle d’un ancien correspondant de la DGSE. »

 

Un missile sol-air étant d’emploi très facile, ne pensez-vous pas que n’importe qui aurait pu commettre ce crime ?

L’emploi d’une telle arme n’est facile d’emploi qu’en théorie. Pour toucher une cible avec un missile sol-air, il faut une certaine expérience opérationnelle. Seuls les combattants du Front patriotique rwandais disposaient de ce savoir-faire.

 

L’arme du crime est donc un missile sol-air ?

Les spécialistes de la chose militaire ont prétendu qu’il pourrait être question d’un SAM-7 de fabrication soviétique, ou bien de sa version modernisée : c’est-à-dire dire le SAM-16, lequel est commercialisé depuis 1985. Un Grail ou un Gremiln, selon les noms de code de l’OTAN. Mais il n’était pas non plus exclu qu’il s’agisse d’un Stinger américain, ce missile très performant comme ceux qui avaient été délivrés à la guérilla sud-soudanais via l’Ouganda – ce pays ayant été le parrain du Front patriotique rwandais. Je rappelle seulement que les rebelles s’étaient déjà servi de missiles sol-air pour abattre deux hélicoptères de l’armée rwandaise et, en octobre 1990, un avion de reconnaissance au-dessus de Kagitumba, dans l’extrême Nord du Rwanda.

 

Que faudrait-il entreprendre pour que la région des Grands Lacs africains ne soit plus à feu et à sang ?

Tant que l’on n’aurait pas à l’esprit les alliances et les mésalliances circonstancielles entre les différentes populations de la région des Grands Lacs africains, on aurait beaucoup de mal à trouver les solutions appropriées, surtout dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo où la trahison et la forfaiture n’ont jamais cessé de fausser les données régionales, créant ainsi la haine entre les citoyens des pays concernés. Plus précisément, dans les régions du Kivu et de l’Ituri, Kinshasa devrait faire éclater, par tous les moyens, le front commun rwandophone tout en garantissant la protection et les droits des minorités. Kinshasa devrait surtout se doter d’un véritable bras armé en mesure de dissuader les velléités expansionnistes et l’appétit vorace des pays limitrophes situés à l’Est. En tout cas, seules la sincérité et la fidélité à la nation congolaise pourraient être, de nos jours, un facteur déterminant à la pacification de cette région située à la croisée de l’Afrique centrale et orientale. Le bon voisinage serait très difficile tant que ces deux fléaux, c’est-à-dire la trahison et la forfaiture, ne seraient jamais sévèrement punies par les autorités administratives, notamment kinoises.

 

Propos recueilli par Charlotte Mondo

© Agroravox

 

Titre : Au pays des mille collines

Auteur : Gaspard-Hubert Lonsi Koko

Editeur : http://atelieregregore.fr/

Genre : policier

Format : numérique (epub)

Sortie : février 2016


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