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Cameroun : Xavier Messe retenu dans les locaux de la PJ pendant six heures


Alwihda Info | Par RSF - 31 Juillet 2015



Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de la convocation et du long interrogatoire du directeur de publication du quotidien Mutations, Xavier Messe, dans un contexte où les autorités durcissent le ton contre les journalistes camerounais.

Xavier Messe, directeur de publication du quotidien Mutations, reconnu pour son professionnalisme, a été auditionné pendant plus de six heures à la police judiciaire à Yaoundé le 29 juillet 2015. A sa charge, un article rédigé par un des journalistes de sa rédaction, qui décrivait les tensions et heurts entre deux politiciens du parti de Paul Biya . Apparemment la phrase de conclusion affirmant que les élites s'affrontaient à travers le Cameroun sous le regard bienveillant de Paul Biya a été considérée comme un acte "anti - patriotique".

“Nous sommes extrêmement préoccupés par le long interrogatoire du directeur d’un journal aussu établi, que Mutations, pour un commentaire aussi anodin, déclare Cléa Kahn-Sriber responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Nous interprétons cela comme un signe clair de durcissement des autorités camerounaises contre les médias du pays, d’autant plus que d’autres éléments corroborent cette évolution. Certes le contexte sécuritaire est compliqué mais il ne faut l’utiliser à tout bout de champs pour empêcher le moindre commentaire sur le président.”

Les autorités camerounaises ont brillé ces derniers mois par leur attitude répressive à l’encontre des médias du pays. Parmi les cas les plus parlant : Félix Cyriaque Ebole Bola et Rodrigue Tongue, respectivement journalistes pour les quotidiens Mutations et Le Messager, qui sont poursuivis en justice depuis octobre 2014 devant un tribunal militaire pour avoir simplement tenté de vérifier une information auprès de la police. Leur procès traîne en longueur et est toujours en instruction à ce jour.

Le directeur de publication du journal le Zénith, Zacharie Ndiomo, qui avait passé près de cinq mois en prison dans des conditions très difficilessans avoir accès à ses médicaments, est à nouveau poursuivi en justice par la même personne et pour les mêmes faits que la fois passée. Ceci est une claire violation du principe légal de base de non bis in idem, qui interdit toute nouvelle poursuite contre la même personne pour les mêmes faits.

En décembre 2014, le vote par le Parlement d’une loi anti-terroriste qui peut être appliquée contre les journalistes n’est pas pour rassurer, alors que le Cameroun n’a toujours pas dépénalisé les délits de presse, et continue d’envoyer régulièrement ses journalistes en prison.

Le Cameroun occupe la 134e place sur 180 dans l’édition 2015 du Classement de RSF sur la liberté de la presse.

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