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EDITORIAL

Centrafrique : Discours de Touadera pour le nouvel an, « Le douloureux réveil de l’illusionniste »


Alwihda Info | Par Aline M’PANGBA-YAMARA - 2 Janvier 2020


BANGUI [LNC] – Réalisme faisant loi, Faustin Touadera se sera enfin départi de ses habituelles rhétoriques oiseuses, faisant constamment croire, entre deux promenades touristiques que tout allait bien dans le meilleur des mondes en bon chef scout.


Aline M’PANGBA-YAMARA, Rédactrice en chef

Centrafrique : Discours de Touadera pour le nouvel an, « Le douloureux réveil de l’illusionniste ». © LNC
Centrafrique : Discours de Touadera pour le nouvel an, « Le douloureux réveil de l’illusionniste ». © LNC
Les pressions récentes des événements politiques et sécuritaires l’auront sorti des illusions, et l’optimisme béat dans lesquels ils se berçait. Réveil douloureux pour la « tortue ».

Pour le nouvel an 2020, il vient de déclarer ceci :

« […] L’avenir de notre pays se dessine. Je vous invite à vous unir dans l’intérêt de la stabilité, de la paix et de la sécurité. Nous devons maintenir le cap pour atteindre le bien commun, la chose la plus précieuse qu’est la paix pour notre pays. C’est le chemin que je vous ai indiqué depuis ma prise de fonction.

Malheureusement, je constate depuis quelques mois, que certaines forces négatives veulent créer un climat de tension, essayant de plonger le pays à nouveau dans le chaos, qui conduira finalement aux victimes et à la crise politique et économique.

J’appelle tout le peuple centrafricain à se serrer les coudes, à agir avec la prudence et la retenue les plus complètes. A s’abstenir de tout acte de provocation, et à faire tous les efforts pour rétablir le calme.
En ma qualité de président de la république, chef de l’Etat, garant de la paix, de l’ordre, du fonctionnement harmonieux des institutions, et de la pérennité de l’Etat, je ne tolérerai plus que certains compatriotes ressuscitent les vieilles querelles, et attisent les braises d’un conflit toujours latent. »

Pourtant peu avant, pour le réveillon de la St Sylvestre, dans un long discours à coloration électoraliste, d’un tout autre ton, comme s’il était déjà en campagne, ou qu’il venait à peine d’être au pouvoir, il s’adonnait à son péché mignon : la compilation de poncifs. Et toujours en s’arc-boutant sur une réelle vue de l’esprit, « son » Accord de paix de Khartoum, sésame à ses yeux de résolution de tous les problèmes, qui pourtant a explosé en vol à peine signé. Les morts dans le pays n’ont pas vraiment cessé, ni la sécurité rétablie.

« […] Je dois rappeler que cet Accord apporte des solutions idoines à certains problèmes qui ont alimenté et alimentent encore la crise dans notre pays, » déclarait-il benoîtement.

AVEU TACITE D’IMPUISSANCE

C’est un Touadera éprouvé, las, sans vision ni solutions qui termine 2019 sur la jante.
Un homme fragilisé à l’intérieur – le retour surprenant de François Bozizé lui ôte de joyeuses perspectives d’avenir. Mot qu’Étrangement il emploie : « L’avenir de notre pays se dessine… », comme si depuis 2016 c’était encore en brouillon.

UNE OPPOSITION FANTOMATIQUE ET AMATEUR

A l’évidence, même si l’opposition peine par manque d’idées et de créativité à se démarquer, et dont les chefs abondent toujours dans la sale habitude très centrafricaine de l’auto-glorification et aux mélanges des genres, par confusion des partis politiques avec des fan clubs, ou des succursales d’églises, elle ne manquera pas pourtant, de se service avec avidité, de l’actuelle position de faiblesse de Faustin, pour le laminer correctement, dans un jeu sans pitié d’attaque « intuitu personae » – les cadavres dans les placards vont sortir. Rien de plus jouissif que de tirer sur une ambulance.

Dans "Mondafrique", Aza Boukhris s’amuse du pauvre Faustin :

« Sa réélection ne sera pas une simple formalité de bourrage d’urnes et de manipulation des fichiers. Faustin-Archange Touadera sait que Francois Bozize est un expert en la matière, mais aussi en coup d’État. Les nuits de l’ancien Premier ministre ( 2008-2013) du « »revenant » seront moins paisibles. »

Un Dologuélé toujours aussi revanchard ne manquera certainement pas de lui faire des misères. Et même le mielleux Ziguélé, regrettant amèrement d’avoir cautionné cette farce que fut l’accord de paix de Khartoum.
Et les rats risquent très bientôt de quitter un navire ivre et à la dérive. Ce ne sera pas non plus son cache sexe populiste et démagogique de MCU qui y changera quelque chose.

Ajouter à cela le ridicule du retour au pays en fanfare de François Bozizé que les Séléka avaient brutalement éjecté du pouvoir. Retour au pays que ses services de renseignement, Russes itou, ont été incapables d’anticiper, ni de juguler.

A l’extérieur, pas mieux. la communauté internationale a eu le temps de jauger le profil du bonhomme en action, dans sa très personnelle conception de l’exercice démocratique, faite de corruption, de concussions et de collusions. A l’instar des propos cinglants récemment de Mitsuhiro Furusawa, Directeur général adjoint et Président par intérim du Fond Monétaire International (FMI), parlant de « MAUVAISE GOUVERNANCE« .
Son crédit de sympathie à l’international est d’ores et déjà épuisé.

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