POINT DE VUE

Centrafrique : Les images de la honte


Alwihda Info | Par Salomon KOTRO - 29 Avril 2014



Salomon KOTRO, Ancien député de la République de Centrafrique

Ce dimanche, un millier de musulmans fuient Bangui. (Photo Siegfried Modola. Reuters)
Quel mot pour qualifier les images des musulmans entassés dans des remorques en direction des zones dites de relocalisation ? Le maître mot, la Honte. La honte pour la République Centrafricaine, pour ne pas avoir trouvé les voies et moyens de sortir de la crise qui perdure. La honte aussi pour ne pas sauver la vie des populations qui, par peur d’être tuées, se réfugient dans des camps des déplacés ou choisissent le chemin de l’exil dans un dénuement total. Mais la Centrafrique doit aussi avoir honte de mobiliser tous les pays pour apporter la paix dans ce pays déchiré et qui se meurt à petit feu. Ce qu’il ne faut pas oublier, la stabilité de la République Centrafrique est une paix pour la sous région. La relocalisation, on veut bien y croire ; mais que cela soit en concertation avec le gouvernement parce que les relocalisés sont avant tout Centrafricains, et que l’on ne peut pas dans un pays mettre dans une partie du territoire telle ou telle communauté. Cela est contraire même aux idéaux de Centrafrique qui sont affichés sur les frontons des bâtiments publics en trois mots : UNITE-DIGNITE-TRAVAIL.
 
Non, la Centrafrique mérite mieux que ces images qu’on lui colle à la peau, l’image du rejet d'une partie de sa population, l’image du non respect des droits humains dans un pays où l’impunité devient un mode de gouvernement. Ce pays a besoin d’aide pour renaître et devenir un pays où chacun aura sa place et sera reconnu pour ses valeurs et non pour sa croyance ou simplement par ses origines ethniques.
 
Faisons attention pour que cette crise centrafricaine ne soit pas l’expression d’une réciprocité à l’ endroit des Centrafricains vivant dans les autres pays dont les ressortissants sont victimes des humiliations.
 
Toute recherche de la paix doit s’inscrire dans une dynamique régionale et surtout de large concertation. La société civile, les associations et les politiques ont aussi l’obligation de s investir dans la lutte contre la xénophobie par l’éducation.
 
C'est dans ce cadre que l’association Oubangui-Chari pour le vivre ensemble que j ai l’honneur de présider témoigne à suffisance son engagement à créer un cadre de réflexion et de dialogue en vue de ramener la paix entre les peuples et le vivre ensemble.
 
Le Vivre ensemble, c est de s’ouvrir, et non le repli sur soi,
 
Le vivre ensemble, c'est d’accepter la différence de l’autre pour avancer,
 
Le vivre ensemble, c'est la fraternité, c'est la justice car sans la justice il n y a pas de véritable paix.
 
Le vivre ensemble, c’est la cohésion sociale et la dignité humaine qui doit passer par le dialogue.
 
Salomon KOTRO
Ancien député de la République de Centrafrique
Président l’association Oubangui-Chari pour le vivre ensemble

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