POINT DE VUE

Tchad : 8 mars 2022, une fête à deux visages


Alwihda Info | Par Yana Abdoulaye - 10 Mars 2022


La journée internationale de la femme édition 2022 s’est déroulée de deux façons. Partagées entre les réjouissances et le recueillement aux victimes d’Abeché et de Sandana, les femmes ont fêté cette année d’une façon différente que les précédentes éditions.


Considérée comme un cadre de réflexion pour les femmes afin de dénoncer notamment les violences basées sur le genre et d’échanger sur les sujets qui handicapes leurs épanouissements, la célébration de la journée internationale de la femme édition 2022 a été toute particulière au Tchad. Certaines femmes se sont contentées de défiler, de se réjouir, d’autres ont été décorées. Plus que cela, certaines ont reçu des dons.

Au ministère des Finances et du Budget, le personnel féminin a revendiqué plus de valorisation pour la gent féminine. La présidente des festivités, Toudjoum Melyoel Yonoudjim, a regretté la non prise en considération des recommandations faîtes par les femmes, au cours des précédentes éditions de la fête de 8 mars, et relatives à l’amélioration des conditions de la femme. « Ensemble nous disons haut et fort que jamais le ministère des Finances et du Budget a pris en compte nos recommandations et nos résolutions. Elles sont restées muette.

Le Tchad, tambour battant, ne cesse de ratifier des conventions dont les adoptions tardent à voir le jour », se désole-t-elle. Selon elle, les femmes du ministère n’arrivent pas à se trouver parmi les partenaires masculins sur la même longueur d’onde, alors que les efforts fournis par les femmes ne sont pas négligeables. « Cette journée de revendications ne doit pas aboutir seulement aux « nominations spontanées » après la Senafet mais le plus important doit être le respect des droits des femmes », dit-elle.

S’en est suivi des recommandations au gouvernement qui vont de l’examen du code des personnes et de la famille et la soumission à la lecture du conseil national de la transition ; la multiplication des centres d’écoute avec un renforcement des capacités optimales et nécessaires pour une sensibilisation de la population et de la prise en charge des violences basées sur le genre, la possibilité de rendre effective, la feuille de route sur la santé de la reproduction. Aux différents ministères de matérialiser la parité aux postes de décision, et de punir toutes formes de violences basées sur le genre. Et aux femmes de lutter contre les stéréotypes, cause fondamentale de la marginalisation de la femme.

Comme ce personnel féminin, la fête des femmes est également célébrée dans les provinces du pays. Dans la province du Lac, en dehors de la fête, les femmes ont recommandé au gouvernement la construction et l’équipement d’unités de transformation des différents produits agro-sylvo-pastoraux, et la mise à disposition des matériels agricoles au profit des femmes vivant en milieu rural.

La particularité de la fête
Étant dans une situation d’insécurité caractérisée par le massacre perpétré sur la population d’Abéché dans la province du Ouaddai et ceux de Sandana dans la province du Moyen Chari, certaines femmes ont trouvé en ce moment, une occasion de recueillement et de deuil en mémoire des disparus. Dans la province du Mandoul, il n’y a pas eu de défilé comme il est de coutume.

Mains sur la tête, ces femmes ont fêté sous le signe de deuil. Les femmes transformatrices, elles aussi ont célébré le 8 mars sous le signe de deuil. « Indignées par les barbaries, le viol, la violence, les discriminations subis par la femme tchadienne et des actes d’assassinat dans la région du Ouaddai et de Sandana, la femme transformatrice ne peut célébrer la journée internationale de la femme avec un pagne ni par un défilé et moins encore par une fête ; il est évident que l’on ne fête que lorsqu’on est content.

Or, ce n’est pas le cas au Tchad actuellement », soutient la présidente du comité d’organisation, Danmbaye Djatto Viviane. Tout de même, dans ce changement observé dans les activités marquant la semaine nationale de la semaine et journée internationale de la femme, les autorités ont tenu à élever dans l’histoire du Tchad, Halimé Bouyé Mahamat, première femme générale au sein de l’armée nationale tchadienne.

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