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TCHAD

Tchad : Le Barreau dénonce les violences et les atteintes aux droits humains, interpelle le gouvernement


Alwihda Info | Par Malick Mahamat - 22 Juin 2025


Le Conseil de l'Ordre des Avocats du Tchad, par la voix de son Bâtonnier, Maître Djerandi Laguerre Dionre, a publié un communiqué exprimant sa vive préoccupation face à la recrudescence des violences et aux atteintes aux droits fondamentaux observées dans plusieurs provinces du pays.


 

Le Barreau dénonce notamment les tueries survenues à Molou (Ouaddaï), à Oregom (Mayo-Kebbi Ouest), ainsi que la tension persistante dans le Salamat suite à l'assassinat du chef de canton de Dar Salim. Ces événements s'ajoutent aux récents massacres de Mandakao, qui avaient déjà fait l'objet d'une réaction du Barreau.

 

Appel à la justice et à la responsabilité de l'État

 

Condamnant fermement ces "violences meurtrières", le Barreau du Tchad a présenté ses condoléances aux familles endeuillées et aux victimes de ces "actes barbares". Il demande au gouvernement l'ouverture d'enquêtes sérieuses et la traduction en justice des auteurs et de leurs complices, conformément aux lois en vigueur. Cette exigence s'étend à tous les cas de violence qui continuent d'être rapportés.

 

Le Barreau exhorte également les plus hautes autorités à responsabiliser pleinement les Tchadiens chargés de la mission régalienne de l'État, notamment en matière de sécurité des personnes et de leurs biens, et d'assurer le respect des droits humains pour tous, sans discrimination.

 

Inquiétudes face aux propos du Ministre de la Sécurité publique

 

Le Conseil de l'Ordre a manifesté une "grande inquiétude" suite aux propos tenus par le Ministre de la Sécurité publique lors de sa mission gouvernementale dans le Ouaddaï. Le Barreau estime que ces déclarations sont "de nature à encourager l'exécution des présumés auteurs des crimes", ce qui s'apparenterait à des exécutions extrajudiciaires, à la justice privée et à la vendetta. Cette situation est d'autant plus alarmante que la République du Tchad a aboli la peine de mort et s'est engagée à respecter ses obligations internationales.

 

Le Barreau s'interroge également sur les "menaces à peine voilées" adressées par le Ministre aux organisations de défense des droits de l'homme, alors même que ces dernières "contribuent efficacement aux côtés de l'État pour la reconstruction du pays et le renforcement de l'État de droit."

 

Un espace de droits et libertés en rétrécissement

 

Le Barreau du Tchad constate avec gravité un "rétrécissement de l'espace d'expression et de jouissance des droits et libertés fondamentaux". Il dénonce des "enlèvements ou arrestations sans respect des procédures" par des personnes "difficilement identifiables" qui "utilisent des procédés hors de tout respect des règles et procédures établies, qui constituent le socle d'un État de droit."

 

Selon le communiqué, des personnes sont enlevées de leur domicile ou hors de leur domicile par des "personnes inconnues qui ne révèlent pas leur identité". Les familles se retrouvent sans nouvelles de leurs proches, n'apprenant que plus tard qu'ils sont détenus par les services de renseignement, hors de portée de la police judiciaire et du parquet.

 

Cette situation, jugée "plus que préoccupante", interroge sur les fondements de la reconstruction de l'État, le respect des droits fondamentaux, l'exigence et l'indépendance de la justice. Le Barreau souligne que ces pratiques impactent négativement le climat des affaires, essentiel pour rassurer les Tchadiens, les étrangers et les investisseurs.

 

Pour conclure, le Barreau du Tchad exhorte les plus hautes autorités à exiger de tous les membres du gouvernement et officiels des communications cohérentes avec le respect de la déontologie, des citoyens et des droits humains, afin de pacifier le pays et d'assurer la mission d'intérêt général qui leur a été confiée.




Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)