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TCHAD

Tchad : l'opposition et la société civile critiquent la visite de Macron


Alwihda Info | Par - 22 Décembre 2018



Le président français Emmanuel Macron a entamé ce samedi 22 décembre une visite officielle de 48 heures au Tchad. Il va s'entretenir dimanche 23 décembre avec le président Idriss Deby au Palais présidentiel sur la lutte contre le terrorisme au Sahel, notamment Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad, et la situation sécuritaire en RCA.

Cette visite du président français est considérée comme un gage de soutien de la France au régime du président Deby dans la lutte contre le terrorisme, au mépris des droits de l’homme. Le président Emmanuel Macron a choisi son camp conformément à la philosophie globale des présidents français qui ont l’habitude de se pencher en faveur d'un pouvoir très peu recommandable en place, a indiqué à Alwihda Info le secrétaire général de Parti pour les Libertés et le Développement (PLD), Mahamat Ahmat Alhabo.

« On n’attend absolument rien de la visite du président Macron au Tchad parce qu’il ne dira rien à son homologue sur la situation politique au Tchad. La France ne s’intéresse qu’aux problèmes sécuritaires c’est-à-dire comment préserver les intérêts économiques et stratégiques de la France, et Deby joue bien ce jeu-là. Pour la France, c’est leur meilleur allié », explique Mahamat Ahmat Alhabo.

Le président de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Renouveau (UNDR), Saleh Kebzabo dément toute rencontre prévue entre le président français et l’opposition démocratique à N’Djamena. Saleh Kebzabo affirme que la visite du président Macron vise à renforcer Déby dans son pouvoir anti-démocratique et dictatorial, caractérisée par la mauvaise gouvernance et la privation des libertés.

« Nous n’attendons rien de la visite de Macron au Tchad parce qu’il est venu renforcer Deby, le champion de la lutte contre le terrorisme. Ce n’est pas ça qui nourrit les tchadiens mais ça renforce le pouvoir de Deby. Nous continuons à lutter pour défendre l’opposition démocratique », martèle Kebzabo.

Le secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits Humains (CTDDH), Mahamat Nour Ahmed Ibedou appelle le président Macron à accentuer la pression sur le président Idriss Deby pour revoir certaines ordonnances liberticides qui restreignent les libertés publiques. "Nous demandons à Macron en tant que président d’un pays qui se dit le chantre des droits de l’homme et des libertés publics de bien réfléchir sur ce que le peuple tchadien endure sous ce régime avec des dérives dictatoriales illustrées par une cascade d'ordonnances liberticides", a-t-il indiqué.

Pour sa part, le président de la Ligue tchadienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), Midaye Nguerimbaye estime que la lutte contre Boko Haram et l’extrémisme ne peut pas servir de prétexte pour oublier la défense de droits humains. « Nous pensons que le président français arrive chez nous pour dire haut et fort à son interlocuteur que la défense des droits humains doit être respectée et la liberté de manifester doit être autorisée et non pas être réprimée par les armes », affirme le président de la LTDH.

Selon le coordinateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés (MCPL), Sosthene Mbernodji, la visite d'Emmanuel Macron n’a pas son sens ni sa place, si ce n’est que soutenir Deby. « Macron n’apportera rien si ce n’est que réconforter le régime. D’ailleurs, c’est une caution à ce régime qui viole les droits humains et martyrise le peuple tchadien depuis 28 longues années », affirme Mbernodji.

Le président du Cadre d’action populaire pour la solidarité et l’unité de la République (CAP-SUR), Joseph Djimrangar Dadnadji suggère au président Emmanuel Macron de dire au président Deby de changer sa manière de gouverner le Tchad.
Djimet Wiche Wahili
Journaliste, directeur de publication. Tél : +(235) 95415519 / 66304389 E-mail :... En savoir plus sur cet auteur



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