Au sommet du G20 qui s’est récemment tenu sur l’île indonésienne de Bali, Emmanuel Macron a évoqué un plan de sortie de crise dans la partie orientale du Congo-Kinshasa. En effet, lors d’une rencontre trilatérale le 21 septembre dernier, le président français s’est entretenu en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies avec ses homologues rwandais et congolais, en l’occurrence Paul Kagame et Félix Tshisekedi. Il a pris langue dans la foulée avec le président kenyan William Ruto, pourvoyeur en chef des militaires de la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) dans l’optique de lutter sur le sol congolais contre les rebelles du M23.
La feuille de route
Le président Macron compte surtout s’appuyer dans sa démarche sur les résolutions du processus de Nairobi, en étroite collaboration avec les Nations Unies, pour permettre le déploiement d’une force à grande composante régionale – le Kenya en étant une à très court terme. Elle s’attend également à la stabilisation de plusieurs villes, en particulier Bunagana, et à la reprise du processus politique entre les parties concernées. Pourquoi, tout à coup, cette volontariste implication d’Emmanuel Macron dans la guerre entre le Rwanda et le Congo-Kinshasa, par l’intermédiaire du M23 ? Un feed-back d’au moins vingt-huit années paraît sans conteste nécessaire pour mieux cerner les véritables motivations qui animent la France.
Le discours de La Baule
Tout discours étant le fruit d’un rapport entre des mots et une situation, le président François Mitterrand, homme politique sensible aux circonstances nouvelles et en mesure d’interpréter dans un court délai les signes du temps, allait enfin saisir l’occasion de surmonter ses contradictions en privilégiant le « neuf » au détriment du « raisonnable ». Le monarque républicain avait plus ou moins manifesté, à un moment donné, le souhait d’un salutaire changement d’orientation dans les rapports entre la France et le continent africain, particulièrement les pays du « pré carré ». Il avait par conséquent évoqué la démocratie, un principe universel qui venait d’apparaître aux peuples d’Europe centrale et orientale comme une évidence absolue, « au point qu’en l’espace de quelques semaines les régimes considérés comme les plus forts ont été bouleversés. Le peuple était dans les rues, sur les places, et le pouvoir ancien, sentant sa fragilité, cessait toute résistance comme s’il était déjà, et depuis longtemps, vidé de substance et qu’il le savait. »
À l’issue du discours de La Baule prononcé le 20 juin 1990 par François Mitterrand, dans le cadre de la 16ème conférence des chefs d’État d’Afrique et de France, le président Habyarimana a annoncé une libéralisation et une démocratisation du régime rwandais. Aussitôt l’adoption en 1991 d’une nouvelle constitution garantissant le multipartisme et les libertés publiques, l’on assisterait à l’infléchissement vis-à-vis des Tutsis et des rebelles. Mais cette politique d’ouverture et de conciliation déplairait aux extrémistes, tels que le Hutu Power. La signature en 1993 des accords d’Arusha dans le but de la cessation de la guerre civile et du partage du pouvoir avec le Front patriotique rwandais (FPR), les jusqu’au-boutistes hutus se sont enfin désolidarisés du président Habyarimana. L’attentat contre l’avion à bord duquel voyageaient le président rwandais et son équivalent burundais Cyprien Ntaryamira, est survenu le 6 avril 1994 à Kigali dans un contexte très tendu entre les caciques hutus et les va-t-en-guerre tutsis.
La réhabilitation de Mobutu
Isolé sur le plan diplomatique par la France, la Belgique et les États-Unis, le président-maréchal zaïrois a fini par accepter l’inacceptable. En effet, pour renouer avec ses soutiens occidentaux, Mobutu Sese Seko a mis à la disposition des troupes françaises les aéroports de Goma et de Kisangani en vue de l’intervention organisée par la France et autorisée par la résolution 9291 du 22 juin 1994 du Conseil de sécurité des Nations Unies lors du génocide des Tutsis au Rwanda. Baptisée « Turquoise », cette opération était présentée comme une initiative humanitaire. En réalité, forte d’un déploiement de plus de 2 500 hommes, elle avait pour mission de mettre fin, éventuellement par la force, aux massacres partout où cela aurait été possible. Mais cette importante intervention militaire n’a pu empêcher l’arrivée massive de millions de réfugiés hutus, parmi lesquels des génocidaires, dans le territoire zaïrois. Leur présence servirait de prétexte à Paul Kagame pour déstabiliser et piller la région du Kivu.
La responsabilité morale
D’après une thèse courante dans la région des Grands Lacs, la France est confrontée à une double culpabilité : le génocide des Tutsis au Rwanda et les néfastes conséquences de l’opération Turquoise à l’origine du massacre de plus d’une quinzaine de millions de Bantouphones – congolais et rwandais – au Congo-Kinshasa. Emmanuel Macron serait-il conscient de cette lourde responsabilité morale, au point de vouloir réparer les torts tant reprochés à François Mitterrand ? Est-il plutôt l’objet du chantage de Paul Kagame, au point de cautionner le pillage et la déstabilisation du Kivu ? Espère-t-il s’affranchir des vieux démons qui hantent la conscience française en matière des Droits de l’Homme ? Suivrait-il le pas de Nicolas Sarkozy qui préconisait l’exploitation des ressources congolaises par le Rwanda ? Est-ce une volonté manifeste de réintégrer par le truchement de la crise congolo-rwandaise la géopolitique régionale, après l’éjection par les Anglo-Saxons ? Il est très difficile, voire trop risqué, de s’acquitter d’une dette de sang par des crimes aux relents fondamentalement de bantoucide. Le contentieux entre la France et le Rwanda ne se solderait jamais aux dépens de la stabilité et de l’indivisibilité du pays de Joseph Kasa Vubu et de Patrice Lumumba.
Bibliographie
- Quelle destinée pour le Congo-Kinshasa, après un si long déclin ?, G-H. Lonsi Koko, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, à paraître en novembre 2022 ;
- Le Congo déstabilisé, pillé, martyrisé…, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, 2020 ;
- Et alors, mon maréchal ?, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, novembre 2021 ;
- La conscience bantoue, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, mai 2021 ;
- Mitterrand l’Africain ?, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, mai 2015.
La feuille de route
Le président Macron compte surtout s’appuyer dans sa démarche sur les résolutions du processus de Nairobi, en étroite collaboration avec les Nations Unies, pour permettre le déploiement d’une force à grande composante régionale – le Kenya en étant une à très court terme. Elle s’attend également à la stabilisation de plusieurs villes, en particulier Bunagana, et à la reprise du processus politique entre les parties concernées. Pourquoi, tout à coup, cette volontariste implication d’Emmanuel Macron dans la guerre entre le Rwanda et le Congo-Kinshasa, par l’intermédiaire du M23 ? Un feed-back d’au moins vingt-huit années paraît sans conteste nécessaire pour mieux cerner les véritables motivations qui animent la France.
Le discours de La Baule
Tout discours étant le fruit d’un rapport entre des mots et une situation, le président François Mitterrand, homme politique sensible aux circonstances nouvelles et en mesure d’interpréter dans un court délai les signes du temps, allait enfin saisir l’occasion de surmonter ses contradictions en privilégiant le « neuf » au détriment du « raisonnable ». Le monarque républicain avait plus ou moins manifesté, à un moment donné, le souhait d’un salutaire changement d’orientation dans les rapports entre la France et le continent africain, particulièrement les pays du « pré carré ». Il avait par conséquent évoqué la démocratie, un principe universel qui venait d’apparaître aux peuples d’Europe centrale et orientale comme une évidence absolue, « au point qu’en l’espace de quelques semaines les régimes considérés comme les plus forts ont été bouleversés. Le peuple était dans les rues, sur les places, et le pouvoir ancien, sentant sa fragilité, cessait toute résistance comme s’il était déjà, et depuis longtemps, vidé de substance et qu’il le savait. »
À l’issue du discours de La Baule prononcé le 20 juin 1990 par François Mitterrand, dans le cadre de la 16ème conférence des chefs d’État d’Afrique et de France, le président Habyarimana a annoncé une libéralisation et une démocratisation du régime rwandais. Aussitôt l’adoption en 1991 d’une nouvelle constitution garantissant le multipartisme et les libertés publiques, l’on assisterait à l’infléchissement vis-à-vis des Tutsis et des rebelles. Mais cette politique d’ouverture et de conciliation déplairait aux extrémistes, tels que le Hutu Power. La signature en 1993 des accords d’Arusha dans le but de la cessation de la guerre civile et du partage du pouvoir avec le Front patriotique rwandais (FPR), les jusqu’au-boutistes hutus se sont enfin désolidarisés du président Habyarimana. L’attentat contre l’avion à bord duquel voyageaient le président rwandais et son équivalent burundais Cyprien Ntaryamira, est survenu le 6 avril 1994 à Kigali dans un contexte très tendu entre les caciques hutus et les va-t-en-guerre tutsis.
La réhabilitation de Mobutu
Isolé sur le plan diplomatique par la France, la Belgique et les États-Unis, le président-maréchal zaïrois a fini par accepter l’inacceptable. En effet, pour renouer avec ses soutiens occidentaux, Mobutu Sese Seko a mis à la disposition des troupes françaises les aéroports de Goma et de Kisangani en vue de l’intervention organisée par la France et autorisée par la résolution 9291 du 22 juin 1994 du Conseil de sécurité des Nations Unies lors du génocide des Tutsis au Rwanda. Baptisée « Turquoise », cette opération était présentée comme une initiative humanitaire. En réalité, forte d’un déploiement de plus de 2 500 hommes, elle avait pour mission de mettre fin, éventuellement par la force, aux massacres partout où cela aurait été possible. Mais cette importante intervention militaire n’a pu empêcher l’arrivée massive de millions de réfugiés hutus, parmi lesquels des génocidaires, dans le territoire zaïrois. Leur présence servirait de prétexte à Paul Kagame pour déstabiliser et piller la région du Kivu.
La responsabilité morale
D’après une thèse courante dans la région des Grands Lacs, la France est confrontée à une double culpabilité : le génocide des Tutsis au Rwanda et les néfastes conséquences de l’opération Turquoise à l’origine du massacre de plus d’une quinzaine de millions de Bantouphones – congolais et rwandais – au Congo-Kinshasa. Emmanuel Macron serait-il conscient de cette lourde responsabilité morale, au point de vouloir réparer les torts tant reprochés à François Mitterrand ? Est-il plutôt l’objet du chantage de Paul Kagame, au point de cautionner le pillage et la déstabilisation du Kivu ? Espère-t-il s’affranchir des vieux démons qui hantent la conscience française en matière des Droits de l’Homme ? Suivrait-il le pas de Nicolas Sarkozy qui préconisait l’exploitation des ressources congolaises par le Rwanda ? Est-ce une volonté manifeste de réintégrer par le truchement de la crise congolo-rwandaise la géopolitique régionale, après l’éjection par les Anglo-Saxons ? Il est très difficile, voire trop risqué, de s’acquitter d’une dette de sang par des crimes aux relents fondamentalement de bantoucide. Le contentieux entre la France et le Rwanda ne se solderait jamais aux dépens de la stabilité et de l’indivisibilité du pays de Joseph Kasa Vubu et de Patrice Lumumba.
Bibliographie
- Quelle destinée pour le Congo-Kinshasa, après un si long déclin ?, G-H. Lonsi Koko, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, à paraître en novembre 2022 ;
- Le Congo déstabilisé, pillé, martyrisé…, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, 2020 ;
- Et alors, mon maréchal ?, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, novembre 2021 ;
- La conscience bantoue, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, mai 2021 ;
- Mitterrand l’Africain ?, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, mai 2015.
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Par Gaspard-Hubert Lonsi Koko le Mercredi 7 Décembre 2022
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Commentaires (7)
À tous les Congolais,
De l’intérieur comme de l’extérieur,
De père et de mère,
Ou seulement d’un parent autochtone,
De naissance ou par acquisition,
Ou bien par naturalisation.
Chérissons l’antre de nos ancêtres,
Aimons notre pays d’adoption,
Construisons-le par le patriotisme,
Et non selon une approche conflictuelle,
Belliqueuse, voire criminelle ou mortifère.
Défendons courageusement la Nation,
Peu importent les circonstances,
Soyons ses vaillants protecteurs,
Œuvrons pour sa grandeur.
Soyons ses dignes ambassadeurs.
Protégeons notre Patrie,
Défendons-la par tous les moyens,
Contre les infiltrations et les agressions,
La déstabilisation territoriale,
Les pillages des ressources naturelles.
Surtout, ne la trahissons jamais !
Puissent les forces de l’Esprit
Veiller à jamais sur notre quotidienneté
Et raviver l’ardeur patriotique
En vue de l’intangibilité de nos frontières !
Puissent les Combattants invisibles
Assister nos vaillants soldats
Dans la protection de nos populations
Et la défense du territoire national !
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
De l’intérieur comme de l’extérieur,
De père et de mère,
Ou seulement d’un parent autochtone,
De naissance ou par acquisition,
Ou bien par naturalisation.
Chérissons l’antre de nos ancêtres,
Aimons notre pays d’adoption,
Construisons-le par le patriotisme,
Et non selon une approche conflictuelle,
Belliqueuse, voire criminelle ou mortifère.
Défendons courageusement la Nation,
Peu importent les circonstances,
Soyons ses vaillants protecteurs,
Œuvrons pour sa grandeur.
Soyons ses dignes ambassadeurs.
Protégeons notre Patrie,
Défendons-la par tous les moyens,
Contre les infiltrations et les agressions,
La déstabilisation territoriale,
Les pillages des ressources naturelles.
Surtout, ne la trahissons jamais !
Puissent les forces de l’Esprit
Veiller à jamais sur notre quotidienneté
Et raviver l’ardeur patriotique
En vue de l’intangibilité de nos frontières !
Puissent les Combattants invisibles
Assister nos vaillants soldats
Dans la protection de nos populations
Et la défense du territoire national !
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Le 18 octobre 1908, aux dépens du roi Léopold II, le vote du Parlement belge avait officialisé la cession de l’État indépendant du Congo au gouvernement de François Schollaert. « Bien que de nombreux Belges se soient sincèrement investis, aimant profondément le Congo et ses habitants, le régime colonial comme tel était basé sur l’exploitation et la domination », a rappelé le roi Philippe de Belgique le 8 juin 2022, lors d’une visite officielle à Kinshasa, presque soixante-deux ans après l’indépendance de l’ancienne colonie belge.
La nostalgie royale
« Que Dieu protège la Belgique et notre Congo », avait été la conclusion du discours d’abdication du monarque Léopold III, le 17 juillet 1951, en faveur de son fils, Baudouin de Belgique. Et, huit années plus tard, lorsque les populations congolaises feraient vaciller avec force et vigueur l’ordre établi par la puissance colonisatrice, le jeune souverain attirerait avec fermeté l’attention du Premier ministre Gaston Eyskens sur « l’incalculable préjudice moral et matériel que subirait la Belgique, si les Belges [devaient] perdre l’incomparable patrimoine [légué par] le génie de Léopold II ».
Quant aux souhaits d’Albert II pour l’avenir, lors de son abdication le 20 juillet 2013 au profit de son fils aîné Philippe de Belgique, il a recommandé à ce que les Belges : « [soient] attentifs à l’Afrique centrale avec laquelle [ils ont] tissé tant de liens ». Baudoin Ier n’a-t-il pas rappelé, le 4 septembre 1959, que d’un règne à l’autre les rois des Belges s’étaient employés à : « sauvegarder au Congo les droits imprescriptibles que [s’étaient] créés [leurs] pionniers pour assurer impérativement la continuité de l’association de la Belgique et du Congo ? » Mais le Congo-Kinshasa est en train de se faire déstabiliser par ses voisins, en vue d’une éventuelle balkanisation, sans que ces Belges qui « aiment sincèrement le Congo » ne lèvent un seul doigt e, guise de dénonciation. De quelle manière la Belgique pourrait-elle œuvrer en vue la stabilisation de l’Est du Congo-Kinshasa ?
Le rôle de la Belgique
Les déclarations évoquées supra témoignent du rôle passé de la Belgique par rapport au Congo et au Ruanda-Urundi. En plus, si le gouvernement Schollaert avait hérité du Congo belge, d’aucuns pensent de nos jours que le gouvernement d’Alexandre De Croo devrait permettre à la diplomatie belge de jouer sa partition dans l’exploration et l’exploitation de toutes les pistes favorables à la stabilité de l’ancienne colonie belge et à la pacification de la région des Grands Lacs africains. Pour la réalisation collective de ce beau rêve relatif à l’intangibilité des frontières nationales, il faudrait penser à solidifier l’appartenance à la nation congolaise. De plus, celle-ci ne pourrait être viable que grâce à la sécurisation du territoire national et à la réconciliation consolidée de ses populations. Par conséquent, la Belgique pourrait-elle sensibiliser l’Union européenne au regard de la dramatique situation en cours dans la région du Kivu et dans l’Ituri, ainsi que de la nouvelle géopolitique qui se déploie au centre et à l’Est du continent africain.
Les Congolais ne devraient pas ignorer l’importance d’avoir non seulement un pays, mais, surtout, de le défendre par tous les moyens. Ils devraient savoir que, aux dires de François Mitterrand lors de ses vœux du 5 janvier 1993 aux corps diplomatiques, « l’État est, sur le plan politique, en face de toutes [les] tendances centrifuges, sur le plan économique en face de la puissance des intérêts, donc des égoïsmes, un instrument indispensable d’équilibre, de continuité et de justice dès lors qu’il ne se fait pas accaparateur et qu’il ne prétend pas tout régler à la place des individus […] ».
Au-delà du patriotisme congolais et de l’aspect sournois des stratégies en train d’être mises en place sur les plans régional et extra-continental, la stabilité de la partie orientale du Congo-Kinshasa ne peut faire l’économique du recours aux partenaires historiques et habituels. Ainsi revient-il à la diplomatie congolaise de miser sur l’intelligence et le pragmatisme. Kinshasa ne devrait pas négliger l’atout considérable que représente la Belgique au sein de l’Union européenne et des juridictions internationales par rapport aux conclusions du Rapport Mapping soigneusement rangées dans les archives, comme annales macabres, d’un service des Nations Unies. Il faudrait s’y atteler en toute liberté de conscience pour que justice soit enfin rendue aux millions d’individus tués pour des raisons non avouées mais s’apparentant aux intérêts fonciers. C’est dans la tourmente que l’on reconnaît ses véritables alliés.
Le défi convictionnel
En effet l’instauration d’un mécanisme de justice transitionnelle au Congo-Kinshasa, ou la saisine de la justice internationale, serait urgente et indispensable dans l’optique de la pacification de la région des Grands lacs africains. N’oublions surtout que l’œuvre du bourreau s’accomplit d’abord par la falsification des faits, ensuite le lavage de cerveau et, enfin, la pérennisation de la pensée unique. Trois fléaux que l’on doit à tout prix combattre en vue du triomphe de la démocratie et de l’épanouissement des valeurs humanistes.
Depuis 1885 à ce jour, a-t-on fait le triste constat, les populations congolaises n’ont cessé de souffrir. Des dirigeants ayant du souffle et une vision humaniste ne pourront qu’enfin leur offrir le rêve après lequel elles ont toujours couru et non l’inventaire du possible que n’a cessé de décliner avec démagogie, trop souvent avec cynisme, la plus grande majorité d’acteurs politiques. Que les forces de l’esprit, blanches et noires, protègent à jamais notre Congo !
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
© Encrage média
Bibliographie
- Quelle destinée pour le Congo-Kinshasa, après un si long déclin ?, G-H. Lonsi Koko, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, à paraître en novembre 2022 ;
- Le Congo déstabilisé, pillé, martyrisé…, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, 2020 ;
- Et alors, mon maréchal ?, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, novembre 2021 ;
- LA conscience bantoue, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, mai 2021.
La nostalgie royale
« Que Dieu protège la Belgique et notre Congo », avait été la conclusion du discours d’abdication du monarque Léopold III, le 17 juillet 1951, en faveur de son fils, Baudouin de Belgique. Et, huit années plus tard, lorsque les populations congolaises feraient vaciller avec force et vigueur l’ordre établi par la puissance colonisatrice, le jeune souverain attirerait avec fermeté l’attention du Premier ministre Gaston Eyskens sur « l’incalculable préjudice moral et matériel que subirait la Belgique, si les Belges [devaient] perdre l’incomparable patrimoine [légué par] le génie de Léopold II ».
Quant aux souhaits d’Albert II pour l’avenir, lors de son abdication le 20 juillet 2013 au profit de son fils aîné Philippe de Belgique, il a recommandé à ce que les Belges : « [soient] attentifs à l’Afrique centrale avec laquelle [ils ont] tissé tant de liens ». Baudoin Ier n’a-t-il pas rappelé, le 4 septembre 1959, que d’un règne à l’autre les rois des Belges s’étaient employés à : « sauvegarder au Congo les droits imprescriptibles que [s’étaient] créés [leurs] pionniers pour assurer impérativement la continuité de l’association de la Belgique et du Congo ? » Mais le Congo-Kinshasa est en train de se faire déstabiliser par ses voisins, en vue d’une éventuelle balkanisation, sans que ces Belges qui « aiment sincèrement le Congo » ne lèvent un seul doigt e, guise de dénonciation. De quelle manière la Belgique pourrait-elle œuvrer en vue la stabilisation de l’Est du Congo-Kinshasa ?
Le rôle de la Belgique
Les déclarations évoquées supra témoignent du rôle passé de la Belgique par rapport au Congo et au Ruanda-Urundi. En plus, si le gouvernement Schollaert avait hérité du Congo belge, d’aucuns pensent de nos jours que le gouvernement d’Alexandre De Croo devrait permettre à la diplomatie belge de jouer sa partition dans l’exploration et l’exploitation de toutes les pistes favorables à la stabilité de l’ancienne colonie belge et à la pacification de la région des Grands Lacs africains. Pour la réalisation collective de ce beau rêve relatif à l’intangibilité des frontières nationales, il faudrait penser à solidifier l’appartenance à la nation congolaise. De plus, celle-ci ne pourrait être viable que grâce à la sécurisation du territoire national et à la réconciliation consolidée de ses populations. Par conséquent, la Belgique pourrait-elle sensibiliser l’Union européenne au regard de la dramatique situation en cours dans la région du Kivu et dans l’Ituri, ainsi que de la nouvelle géopolitique qui se déploie au centre et à l’Est du continent africain.
Les Congolais ne devraient pas ignorer l’importance d’avoir non seulement un pays, mais, surtout, de le défendre par tous les moyens. Ils devraient savoir que, aux dires de François Mitterrand lors de ses vœux du 5 janvier 1993 aux corps diplomatiques, « l’État est, sur le plan politique, en face de toutes [les] tendances centrifuges, sur le plan économique en face de la puissance des intérêts, donc des égoïsmes, un instrument indispensable d’équilibre, de continuité et de justice dès lors qu’il ne se fait pas accaparateur et qu’il ne prétend pas tout régler à la place des individus […] ».
Au-delà du patriotisme congolais et de l’aspect sournois des stratégies en train d’être mises en place sur les plans régional et extra-continental, la stabilité de la partie orientale du Congo-Kinshasa ne peut faire l’économique du recours aux partenaires historiques et habituels. Ainsi revient-il à la diplomatie congolaise de miser sur l’intelligence et le pragmatisme. Kinshasa ne devrait pas négliger l’atout considérable que représente la Belgique au sein de l’Union européenne et des juridictions internationales par rapport aux conclusions du Rapport Mapping soigneusement rangées dans les archives, comme annales macabres, d’un service des Nations Unies. Il faudrait s’y atteler en toute liberté de conscience pour que justice soit enfin rendue aux millions d’individus tués pour des raisons non avouées mais s’apparentant aux intérêts fonciers. C’est dans la tourmente que l’on reconnaît ses véritables alliés.
Le défi convictionnel
En effet l’instauration d’un mécanisme de justice transitionnelle au Congo-Kinshasa, ou la saisine de la justice internationale, serait urgente et indispensable dans l’optique de la pacification de la région des Grands lacs africains. N’oublions surtout que l’œuvre du bourreau s’accomplit d’abord par la falsification des faits, ensuite le lavage de cerveau et, enfin, la pérennisation de la pensée unique. Trois fléaux que l’on doit à tout prix combattre en vue du triomphe de la démocratie et de l’épanouissement des valeurs humanistes.
Depuis 1885 à ce jour, a-t-on fait le triste constat, les populations congolaises n’ont cessé de souffrir. Des dirigeants ayant du souffle et une vision humaniste ne pourront qu’enfin leur offrir le rêve après lequel elles ont toujours couru et non l’inventaire du possible que n’a cessé de décliner avec démagogie, trop souvent avec cynisme, la plus grande majorité d’acteurs politiques. Que les forces de l’esprit, blanches et noires, protègent à jamais notre Congo !
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
© Encrage média
Bibliographie
- Quelle destinée pour le Congo-Kinshasa, après un si long déclin ?, G-H. Lonsi Koko, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, à paraître en novembre 2022 ;
- Le Congo déstabilisé, pillé, martyrisé…, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, 2020 ;
- Et alors, mon maréchal ?, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, novembre 2021 ;
- LA conscience bantoue, G-H. Lonsi Koko, L’Atelier de l’Égrégore, Paris, mai 2021.
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