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INTERNATIONAL

Bilan des réunions de printemps 2025 : priorité à l’emploi pour stimuler la prospérité mondiale


Alwihda Info | Par Olivier Noudjalbaye Dedingar, Expert-consultant international, humanitaire et journaliste indépendant. - 1 Mai 2025


Avec des engagements de haut niveau, de nouveaux cadres de développement et une volonté audacieuse de s'attaquer de front au chômage, les trois derniers jours des Réunions de printemps 2025 du FMI et de la Banque mondiale ont offert une conclusion à la fois sobre et concrète.


Comité de développement, Comité ministériel conjoint des Conseils des gouverneurs de la Banque et du Fonds. Photo : worldbank.org
Comité de développement, Comité ministériel conjoint des Conseils des gouverneurs de la Banque et du Fonds. Photo : worldbank.org
Guidées par le thème, « L'emploi : la voie de la prospérité », les Réunions de printemps 2025 ont mis l'accent sur l'objectif essentiel de toute économie : donner du travail aux populations.

Des nouveaux engagements envers l'Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale, aux dialogues multipartites sur les États fragiles et le financement du secteur privé, il est devenu de plus en plus évident que l'emploi n'est pas seulement un sous-produit de la croissance, mais son moteur.
Comme l'a déclaré Elisabeth Svantesson, ministre suédoise des Finances et présidente du Comité du développement : « Au cours de la prochaine décennie, plus d'un milliard de jeunes entreront en âge de travailler dans les pays en développement. S'ils ne sont pas intégrés dans un travail productif, le monde passera à côté d'une génération entière de potentiel. »

24 avril : Gouvernance, savoir et grands engagements
La quatrième journée s’est ouverte sur un message clair : une gouvernance forte et des politiques judicieuses sont incontournables. Les délégués ont visité l’Académie du Groupe de la Banque mondiale, le centre d’expertise de l’institution, pour le renforcement des capacités. Le message était simple : le partage des connaissances n’est pas seulement académique. Il est pragmatique. C’est ce qui transforme les projets pilotes en programmes d’envergure nationale. C’est ce qui fait la renommée d’une banque du savoir.

Mais les gros titres de la journée sont venus de l'Irlande et de l'Italie, qui ont pris des engagements financiers importants pour renforcer l’DA-21, le principal instrument de financement de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres du monde.

L'Irlande augmente sa contribution
L'Irlande a annoncé une augmentation de 33 % de sa contribution à l’IDA-21, portant sa contribution totale à 141,4 millions d'euros. Le ministre des Finances, Paschal Donohoe, a souligné la conviction de l'Irlande de ne laisser personne de côté, en particulier dans un contexte de chocs mondiaux en cascade.

Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, a qualifié cette initiative de catalyseur : « L'IDA investit dans la vie et l'avenir des populations : air pur, eau, électricité, soins de santé. Ce sont les fondamentaux. Ce sont les éléments constitutifs de l'emploi. »

L'Italie joue un rôle stratégique pour l'Afrique
Pour ne pas être en reste, l'Italie a conclu un accord de cofinancement avec la Banque mondiale, afin de faire progresser son Plan Mattei pour l'Afrique, un nouveau cadre ambitieux de développement extérieur axé sur l'énergie, les infrastructures et le capital humain. L’accord augmente la contribution de l’Italie à l’IDA de 25 % et signale une collaboration approfondie sur des projets alignés sur la souveraineté économique de l’Afrique.

Le ministre italien des Finances, Giancarlo Giorgetti, n'a pas mâché ses mots : « Les défis de l'Afrique exigent des actes, pas des paroles. Ce partenariat garantit que le Plan Mattei aura rapidement un impact réel. » L'accord s'inscrit également dans la Mission 300, une initiative conjointe de la Banque mondiale et de la BAD visant à fournir un accès à l'électricité à 300 millions d'Africains d'ici 2030. Le développement ne se résume pas à la théorie. Il s'agit de câbler les maisons, de former les travailleurs et de bâtir des industries à partir de zéro.

La Syrie sous les projecteurs
Dans un moment de diplomatie discrète, le ministre saoudien des Finances, Mohammed Al-Jadaan, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, et le président du Groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga, ont publié une déclaration commune sur la Syrie, réaffirmant le soutien multilatéral au fragile processus de redressement du pays.

La table ronde a réuni les autorités syriennes et les principales parties prenantes afin d'accélérer la reconstruction institutionnelle, la stabilisation économique et la réintégration du secteur privé. Le message : la Syrie doit être réintégrée dans le giron du pays, avec de véritables voies de reconstruction et de création de moyens de subsistance. Tous les regards sont désormais tournés vers les Assemblées annuelles de 2025, pour un point de suivi des progrès.

25 avril : Capital privé et réforme des politiques
L'avant-dernière journée a été consacrée aux chiffres. Les finances publiques ont leurs limites. Pour faire avancer le développement à grande échelle, le secteur privé doit s'impliquer. C'est là qu'interviennent la SFI et la MIGA : en réduisant les risques liés aux investissements, en émettant des garanties et en débloquant des capitaux sur les marchés frontières. Une réglementation intelligente, des registres fonciers robustes et des systèmes de crédit approfondis ne sont que quelques-unes des réformes concrètes mises en avant dans le rapport « Business Ready », un plan pour rendre les économies plus propices aux investissements. Grâce à des réformes politiques adaptées, même les États fragiles peuvent devenir des zones d'opportunités.

Le Comité du développement publie son mandat
La 111ème réunion du Comité du développement de la Banque mondiale s'est clôturée par une déclaration de la présidente de grande portée, rédigée par Elisabeth Svantesson. Cette déclaration se présente comme une feuille de route pour la réinvention, renforçant le rôle évolutif de la Banque mondiale en tant que prêteur, partenaire du savoir et responsable principal.

Parmi les principaux points à retenir :
● La création d'emplois est essentielle à la paix et à la prospérité à long terme, en particulier pour les États fragiles et touchés par des conflits.
● Un appel à des solutions sur mesure pour les pays à revenu intermédiaire, confrontés à des contraintes de capitaux et à des ralentissements de la productivité.
● La reconnaissance du capital hybride, des garanties de portefeuille et de la rationalisation opérationnelle comme leviers pour étendre la portée du Groupe de la Banque mondiale.
● Un soutien aux efforts visant à mobiliser des capitaux privés et à adapter le développement des compétences aux besoins du marché du travail.
●Soutien à la Mission 300 et aux objectifs élargis du Groupe de la Banque mondiale en matière de soins de santé (1,5 milliard de personnes), de financement de l’agriculture (9 milliards de dollars par an) et de protection sociale (500 millions de personnes).

Le Comité a également mis l'accent sur l'égalité des sexes, citant l'objectif de la Banque de financer 80 millions d'entreprises dirigées par des femmes. Et il ne s'est pas limité à la création d'emplois : il a appelé à la transformation numérique, au développement des énergies propres (y compris le nucléaire), et à des solutions innovantes d'atténuation des risques de catastrophe, piliers essentiels du développement inclusif.

28 avril : Un dernier appel à l'action
Les réunions se sont officiellement achevées le lundi 28 avril, avec la présidente Svantesson, lançant un appel à l'action retentissant. En résumé : la prochaine décennie dépend de notre capacité à créer des emplois, pas n'importe lesquels, mais des emplois décents et dignes, des salaires décents et des perspectives d'ascension sociale.

Elle a insisté sur :
● Redoubler d'efforts en matière de capital humain : éducation, compétences et santé ;
● Élever la collaboration avec le secteur privé à des niveaux sans précédent ;
● Veiller à ce que le Groupe de la Banque mondiale reste agile, inclusif et focalisé sur les résultats.

 « Le développement ne se résume pas à des intrants, mais à des résultats », a-t-elle déclaré. « Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer comme si de rien n’était dans un monde où un milliard de jeunes arrivent sur le marché du travail. »

À retenir : L’emploi est l’indicateur qui compte
Les derniers jours des Réunions de printemps 2025 ont clairement démontré une chose : le développement n’est réel que s’il se traduit par des emplois. Aucun montant de capitaux, d’infrastructures ou de discours politiques ne sera efficace si les populations, en particulier les jeunes et les femmes, ne peuvent pas gagner leur vie.

Les engagements audacieux de l’Irlande et de l’Italie ont confirmé que l’IDA demeure le levier le plus puissant pour un impact à grande échelle. Le regain d’intérêt pour la Syrie montre que les États fragiles ne doivent pas être oubliés. Et les réformes « Business Ready » le démontrent lorsqu’on remédie aux fondamentaux qui sont le foncier, les finances, la gouvernance et les flux de capitaux privés.

Maintenant, le relais passe aux pays clients, aux partenaires de développement et au secteur privé pour concrétiser ces plans. D’ici octobre 2025, lors des Assemblées annuelles, le monde entier sera attentif aux résultats, et non aux belles paroles.
 

Événement de haut niveau sur la mesure de la richesse verte des nations : capital naturel et productivité économique en Afrique, organisé par la BAD. Photo : afdb.org
Événement de haut niveau sur la mesure de la richesse verte des nations : capital naturel et productivité économique en Afrique, organisé par la BAD. Photo : afdb.org

L'exposition « Résultats de développement » intitulée « Voies vers des emplois plus nombreux et de meilleure qualité ». Photo : worldbank.org
L'exposition « Résultats de développement » intitulée « Voies vers des emplois plus nombreux et de meilleure qualité ». Photo : worldbank.org



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