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INTERVIEW

Ismaïl Sangaré : « C’est difficile de vivre la séparation »


Alwihda Info | Par Ahmed Abdoul-Aziz - 31 Août 2022


Le coordonnateur du Programme d’accompagnement des familles des personnes déplacées au CICR dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun s’exprime sur la situation des personnes disparues.


Ismaïl Sangaré : « C’est difficile de vivre la séparation »
Monsieur le coordonnateur du Programme d’accompagnement des familles des personnes déplacées au CICR dans la région de l’Extrême-Nord, selon vous que peut-on savoir des personnes disparues ?
Pour le CICR, à travers personne disparue, il faut entendre toute personne dont la famille est sans nouvelle et/ou qui, sur la base d’informations fiables, est portée disparue à la suite d’un conflit armée (international ou non international), d’une situation de violence interne, d’une catastrophe naturelle ou de toute autre crise humanitaire.

Cette définition du CICR des personnes disparues se veut la plus large possible, car nous estimons que toutes les familles de personnes portées disparues souffrent, quelles que soient les raisons ou les circonstances de la disparition de leurs proches. Le droit de connaître le sort et la localisation des proches portés disparus appartient à toutes les familles. Ce « droit de savoir » trouve son fondement juridique, non seulement dans le droit international humanitaire, mais également dans le droit international des droits de l’homme.

Cela dit, une personne disparue peut être décédée ou toujours en vie. Elle peut être détenue dans un lieu secret. Elle peut se trouver dans un camp de réfugiés, ou dans un pays étranger, sans que sa famille n’ait aucune nouvelle d’elle.

Qu’est-ce qui a motivé la célébration d’une telle journée ?
Ce qui a entrainé l’institution de la journée internationale des personnes disparues, c’est le désir des Nations Unies à mettre la lumière sur ce rongeur silencieux qu’est la disparition du proche sur les membres de familles. En effet, le nombre de personnes disparues ne fait qu’augmenter au fil des années, en raison des conflits armés, de la violence et des migrations. Et, la journée internationale des personnes disparues est faite pour rappeler aux décideurs que derrière chaque personne disparue, il y a une famille qui cherche un être cher et qui souffre de cette absence.
D’où l’importance d’être plus attentif aux préoccupations de ces familles, en mettant en place des mécanismes nationaux pour les personnes disparues.

Au vu de la délicatesse du sujet, vous avez certainement des difficultés ?
Effectivement, la toute première difficulté est que le cadre normatif camerounais sur les personnes disparues est très restrictif et ne prévoit pas de disparition pour cause de conflit armé. En outre, la deuxième difficulté, ici au Cameroun, c’est qu’il n’existe pas de véritable mécanisme national de recherche des personnes disparues, pouvant permettre aux familles d’adresser les demandes de recherche auprès des autorités. Enfin, la troisième difficulté, c’est que nous sommes confrontés à des problèmes d’accès à certains endroits, dans le cadre de la recherche.

Au-delà de vos explications, que doit donc retenir l’opinion publique ?
Le message à retenir, à travers la commémoration de cette journée, doit s’analyser sous deux niveaux. D’abord au niveau des autorités : il s’agit de les interpeller à une prise en main effective de la problématique de la disparition des personnes à la suite du conflit en cours dans l’Extrême-Nord, et de prêter une oreille attentive aux souffrances des familles des personnes portées disparues. Et puis, au niveau des membres des familles de personnes portées disparues : il s’agit de leur témoigner de la solidarité de la communauté internationale face au drame qui les ronge. Leur dire qu’elles ne sont pas seules dans leur combat afin de faire reconnaitre leur droit de savoir ce qu’est advenu de leurs proches disparus.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)