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INTERNATIONAL

Journée mondiale de l'environnement : l'appel de Jeju au monde : « Vaincre la pollution plastique ou en être victime »


Alwihda Info | Par Olivier Noudjalbaye Dedingar, Expert-consultant international, humanitaire et journaliste indépendant. - 9 Juin 2025


Le 5 juin 2025, le monde célébrait la Journée mondiale de l'environnement. Cette année, une voix retentissante s'est élevée depuis Jeju, en République de Corée : « Avant que la pollution plastique ne nous anéantisse, nous devons lutter nous-mêmes contre la pollution plastique. »


Des ramasseurs de déchets recherchent des objets réutilisables dans les déchets jetés dans une décharge de New Delhi, en Inde. Photo : ANSA
Des ramasseurs de déchets recherchent des objets réutilisables dans les déchets jetés dans une décharge de New Delhi, en Inde. Photo : ANSA
Le thème de la Journée mondiale de l'environnement de cette année n'est ni abstrait, ni lointain ; il est viscéral, urgent et personnel.

Menée par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), la campagne mondiale a mobilisé des millions de personnes sous la bannière #CombattreLaPollutionPlastique, la province coréenne de Jeju étant au cœur des célébrations officielles.

Le symbolisme de Jeju, hôte des célébrations de cette année, est délibéré. Dans cette province, les déchets ménagers doivent être triés à la source, un système de consigne pour les gobelets jetables est déjà en place et le gouvernement régional s'est fixé un objectif ambitieux : être libéré de la pollution plastique d'ici 2040. Il s'agit, à bien des égards, d'un modèle pour ce qui doit désormais devenir une politique mondiale, une approche sociétale globale ciblant les plastiques tout au long de leur cycle de vie.

La pollution plastique n'est pas seulement une tache sur les plages, ou une nuisance dans les décharges. C'est une crise planétaire qui s'est infiltrée à tous les niveaux de la vie sur Terre, des sommets aux fosses océaniques, du lait maternel au sang. Elle contamine notre eau, notre alimentation et l'air que nous respirons.

Plus de 400 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année ; la moitié est destinée à un usage unique et moins de 10 % est recyclée. On estime que 11 millions de tonnes se déversent chaque année dans les écosystèmes aquatiques.

À titre de comparaison, cela représente le poids de 2 200 tours Eiffel déversées dans les rivières, les lacs et les océans chaque année. Dans son message pour la Journée, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, n'a pas mâché ses mots : « Les déchets plastiques obstruent les rivières, polluent les océans et mettent en danger la faune sauvage. Et à mesure qu'ils se décomposent en particules de plus en plus petites, ils s'infiltrent aux quatre coins de la Terre : du sommet de l'Everest aux profondeurs de l'océan ; du cerveau humain au lait maternel. »

Et pourtant, il a laissé entrevoir l'espoir : « Il existe un mouvement pour un changement urgent… Mais nous devons aller plus loin, plus vite. »

Pourquoi c'est important maintenant
Nous sommes au bord d'un désastre irréversible. Sans action audacieuse, les déchets plastiques qui pénètrent dans les systèmes aquatiques devraient presque tripler d'ici 2040. L'exposition à un air pollué augmentera de 50 % au cours de la prochaine décennie. Une catastrophe climatique menace, à moins que nous ne réduisions de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.

Le thème de cette année, «Combattre la pollution plastique», n'est pas seulement une campagne accrocheuse. C'est une exigence de transformation : refuser, réduire, réutiliser, recycler et repenser. Les données scientifiques sont claires. Les outils existent. Reste la volonté politique et l'action collective pour les appliquer à grande échelle et rapidement.

La Journée mondiale de l'environnement 2025 revêt également une importance capitale dans son contexte. Elle intervient exactement deux mois avant la reprise des négociations sur un traité mondial visant à mettre fin à la pollution plastique, un accord qui a commencé à prendre forme avec la résolution adoptée en 2022. En novembre 2024, la République de Corée a accueilli le cinquième cycle de ces négociations. La deuxième partie de cette session cruciale reprend à Genève du 5 au 14 août. Il ne s'agit pas de diplomatie théorique. Il s'agit de l'échafaudage d'un avenir sans plastique.

Province de Jeju : un laboratoire vivant
Le rôle de Jeju dans l’organisation de la Journée mondiale de l’environnement 2025 est plus qu’une cérémonie. C’est un exemple vivant de circularité en action. La province a mis en place un système de consigne pour les gobelets jetables. Sa stratégie de gestion des déchets exige une séparation et une responsabilisation strictes. Et son plan à long terme visant à éliminer la pollution plastique d’ici 2040 est un modèle pour les municipalités du monde entier.

Au cœur du succès de Jeju se trouve une puissante coalition entre le gouvernement, le secteur privé et les citoyens, travaillant main dans la main. Comme l'a déclaré le vice-ministre coréen de l'Environnement, Lee Byounghwa, à Jeju : « Laissons de côté le confort et commençons par de petites actions, ensemble. Quand chacun agit, le changement se produit. »

La réponse mondiale Plus de 2 500 événements ont eu lieu dans le monde entier pour célébrer la Journée. Des sommets de la jeunesse en Inde aux campagnes de nettoyage au Mexique, le message était clair : l’ère de la production et de l’élimination incontrôlées du plastique est révolue.

Au Mexique, la présidente Claudia Sheinbaum a lancé une Stratégie nationale pour le nettoyage et la conservation des plages et des côtes, visant à éliminer 100 % des déchets plastiques des zones côtières d’ici 2030. Parallèlement, les plate-formes de transport mondiales ont rejoint le mouvement : les aéroports de Bagdad, Pékin, Bruxelles, Genève et Kansai ont diffusé des messages sur la crise du plastique à des millions de voyageurs. Les stations de métro de Mexico et Pékin ont suivi. À New York, les messages de la Journée mondiale de l’environnement ont illuminé les emblématiques panneaux d’affichage de Times Square, et le Jet d’eau de Genève s’est illuminé en vert en signe de solidarité.

Par ailleurs, le Partenariat mondial sur la pollution plastique et les déchets marins (GPML) a lancé le Global Plastics Hub, une plate-forme numérique axée sur les données qui offre un point d’accès unique pour l’information, la recherche et la collaboration sur les déchets marins et la pollution plastique. Le Hub a pour objectif de devenir la ressource mondiale de référence pour transformer les preuves en actions concrètes.

En Inde, le Défi Plastique Tide Turners du PNUE a organisé un sommet national célébrant les efforts des jeunes pour lutter contre les déchets plastiques. Depuis sa création au Kenya, Tide Turners est devenu l'un des plus grands mouvements environnementaux de jeunes au monde, avec plus de 980 000 participants dans plus de 60 pays.

À Chicago, le paysage urbain arbore désormais un nouveau symbole d'engagement : une fresque murale de 75 mètres intitulée « Stand Tall », inaugurée sur le Prudential Building. Organisée par Street Art for Mankind (SAM) en collaboration avec le PNUE et la FAO, l'œuvre s'inscrit dans la campagne mondiale #EcosystemRestorationMurals, organisée dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.

De la sensibilisation à la responsabilisation
L'ancien secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a parfaitement résumé l'état d'esprit lorsqu'il a écrit dans le Kukmin Daily : « La Journée mondiale de l'environnement, le 5 juin, devrait marquer un tournant pour que les gouvernements, la société civile, les entreprises, la communauté scientifique et les générations futures agissent ensemble.»

Il ne s'agit pas d'affiner la responsabilité sociale des entreprises ou leurs politiques. Il s'agit d'un impératif civilisationnel. Mettre fin à la pollution plastique n'est pas une option. C'est essentiel à la santé planétaire, à la santé publique et à la résilience économique à long terme.

Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, l'a clairement exprimé lors de la célébration officielle de Jeju : « Mettre fin à la pollution plastique est clairement un impératif pour la santé humaine, planétaire, économique et commerciale. Mais nous ne pouvons pas nous appuyer uniquement sur le recyclage. Ce n'est qu'en s'attaquant à l'ensemble du cycle de vie, et en adoptant des approches circulaires que nous pourrons garantir que la pollution plastique reste hors de nos océans, de nos sols et de nos corps. » Cela implique de repenser l'ensemble de l'économie du plastique, de la conception et de l'emballage des produits à leur consommation et leur réutilisation.

Cela implique de modifier les incitations pour les fabricants. Cela implique une pression publique sur les décideurs politiques. Cela signifie que chaque action individuelle, chaque bouteille réutilisable, chaque paille en plastique refusée, chaque nettoyage communautaire compte.

À la croisée des chemins
La Journée mondiale de l'environnement 2025 pose au monde une question simple, mais qui donne à réfléchir : allons-nous vaincre la pollution plastique, ou est-ce elle qui nous domine ?

Les preuves sont accablantes. La dynamique s'accélère. Les solutions sont à portée de main. Mais sans urgence politique, sans pression publique et sans coordination mondiale, la crise continuera de s'aggraver. Jeju nous a montré ce qui est possible. Le monde doit maintenant suivre. #CombattreLaPollutionPlastique ou être enseveli sous elle.

Les participants à la cérémonie commémorative de la Journée mondiale de l'environnement 2025  au Centre de congrès international de Jeju à Seogwipo, sur l'île de Jeju, jeudi. Photo : koreaherald.com
Les participants à la cérémonie commémorative de la Journée mondiale de l'environnement 2025 au Centre de congrès international de Jeju à Seogwipo, sur l'île de Jeju, jeudi. Photo : koreaherald.com

Le secrétaire général de l'ONU, M. Antonio Guiterres. Photo de : Al Jazeera
Le secrétaire général de l'ONU, M. Antonio Guiterres. Photo de : Al Jazeera



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