POINT DE VUE

Le Communautarisme et les Cultures sociales au Tchad


Alwihda Info | Par Abdelkerim Ali Issa Mbodou – Penseur Tchadien - 6 Mai 2015



Au Tchad, trois formes de cultures sociales se manifestent qui sont l’égalitarisme, l’individualisme et le communautarisme que la république avait de difficultés pour contenir leurs manifestations négatives afin de maintenir la sécurité nationale et la paix intercommunautaire. Toute fois, il est très important de faire la difference entre le développement communautaire et le communautarisme. Le COMMUNAUTARISME se manifeste essentiellement par le groupement en communauté pour prendre avantage de biens et de services publics ou de secteurs économiques privés, généralement des pratiques contraires aux lois républicaines. C’est ce qui était le cas au Tchad depuis notre indépendance. Tandis que préserver nos identités communautaires à travers la promotion de nos langues et cultures est une nécessité absolue pour la création d’une république multiculturelle et multiethnique, inclusive de toutes nos identités. Ceci est un devoir de l’Etat qui a failli à l’assumer jusqu’à ce point. En plus, il est temps que l’Etat cesse de faire la promotion de culture coloniale qui n’est rien d’autre que la perpétuation de la colonisation culturelle de notre pays.

L’égalitarisme

Dans la région méridionale du Tchad, jadis, les gens vivaient presque exclusivement de l’agriculture qui délivre de bon rendement grâce à une pluviométrie abondante et une terre arable. Les récoltes étaient suffisantes pour nourrir, et en plus, une partie de celles-ci était vendue pour se procurer de leurs besoins en produits manufacturés et autres sans recourir à d’autres revenues complémentaires. Ainsi, les fermiers n’avaient pas besoin d’accumuler de provision pour faire face à d’éventuelles pénuries alimentaires causées par d’aléas climatiques et autres. Donc, les sociétés sont généralement égalitaires car il n’y a pas besoin d’accumulation de richesses qui donnent de statut supérieur aux détenteurs de ces richesses. En général, l’accumulation de richesse crée un rapport de maitre et de subalterne avec le premier qui contrôle la vie du second à travers sa richesse qui est la caractéristique principale d’une bourgeoisie capitaliste. L’influence de cette culture non-capitaliste existe encore de nos jours chez les communautés issues de la zone méridionale qui se manifeste par le rejet de riches en leur sain. Un exemple de la manifestation de cet égalitarisme en a été que des tracts avaient été produits contre les riches issus de cette région en les accusant d’être des membres de Rose-Croix.

L’individualisme

Contrairement à la région méridionale, la production agricole n’est pas suffisante dans la bande sahélienne pour assurer la survie de la population qui est obligée de pratiquer l’élevage et le commerce. Ainsi, les membres de ces communautés se livrent à de compétition dans la recherche de richesse et ce qui favorise le développement d’une culture d’individualisme et de classe. En conséquence, les pauvres dans ces communautés ont été placés au bas de la classe sociale illustrée par le phénomène de «Intouchables» dont beaucoup de chercheurs ont avancé cette hypothèse. Ainsi, ceux qui détiennent de grands troupeaux ou de grands espaces agricoles ou encore beaucoup de captives sont considérés nobles tandis que ceux qui faisaient de métiers à faible revenue sont considérés comme des «intouchables». Par exemple, cette culture se manifeste à N’djamena sous différentes formes telles que la non existence de batailles à base familiale ou clanique chez les enfants issus de cette communautés jusqu’à une époque récente.

La solidarité communautaire

Dans la bande saharienne du Tchad, jadis, la population vivait essentiellement de l’élevage et d’autres activités de moindre importance. Pour survivre dans cet environnement de précarité naturelle, la population était obligée d’accumuler de richesse en tête de batailles et entretenait une forte solidarité pour assurer leur sécurité communautaire à cause de l’inexistence de l’Etat (Empire). Comme indiqué dans le livre du député Ahmat salah Bodoumi, autrefois, les butins de razzia sont partagés à la place publique entre tous les membres de la communauté. De nos jours encore, des hauts responsables de l’Etat issus de cette zone et d’autres aussi, sous la pression communautaire, sont enclin à favoriser les membres de leurs communautés dans les secteurs publics tels que le recrutement à la fonction publique, l’admission aux concours d’écoles professionnelles, l’octroi de bourses d’études à l’étranger, etc. Ainsi, ils sont harcelés par les membres de leurs communautés pour les aider en utilisant les moyens publics, sinon, ils sont critiqués et qualifiés souvent d’égoïstes ou individualistes.

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