POINT DE VUE

Le président de l’ODDH, une victime libre


Alwihda Info | Par Par Abdourahman Barkat God - 14 Février 2017


« Tout mon engagement s'inscrit dans un combat pour faire triompher la dignité contre toute forme de soumission pour un poste, une promotion, un salaire ... » écrit-il.


L'ODDH, L'Observatoire Djiboutien pour la promotion de la Démocratie et des droits Humains (ODDH) est une association régie par la loi 1901

Au-delà de son engagement d’enseignant de mathématiques, en tant que fonctionnaire, sa trajectoire s’est toujours consignée dans une vocation associative, syndicale et humaine (1er Président de l’Association des Etudiants Djiboutiens de Reims, Délégué-Secrétaire Général Adjoint, puis Secrétaire Général du SYNESED, Secrétaire à la Communication, puis 1er Secrétaire Adjoint de l’UDT, Directeur de publication de la Lettre du Consommateur de l’Union pour la Défense des Intérêts des Consommateurs, Président de l’ODDH).

Pour lui, depuis octobre 1993, enseigner c’est toujours un honneur et une fierté.Sa détermination, ses principes, sa conscience, ses convictions, sa foi ainsi que la solidarité et le soutien de sa famille et de ses amis ont été les ressources et le recours nécessaires pour donner le meilleur de lui-même en tant que professeur de mathématiques, évaluateur du système éducatif, syndicaliste et défenseur des droits humains.

Sa passion est d’être toujours utile à l’humain. Une conviction à la fois philosophique et spirituelle. Tout son engagement (éducatif, syndical, humain) s’inscrit dans cette lignée. Durant 23 ans, il est au service d’un idéal, à savoir le combat pour une école de qualité : source d’épanouissement, d’apprentissage et du combat pour la dignité et le respect de l’enseignant. D’ailleurs, il a toujours combattu contre le déni, dans toutes ses formes.

Depuis 1993, en tant qu’enseignant, son assiduité, son sérieux, son professionnalisme ainsi que ses compétences n’ont jamais souffert d’un quelconque reproche. Et pourtant, durant cette période, de la part de sa hiérarchie, il a connu un harcèlement permanent et sans précédent(mutations-sanctions, arrestations, garde à vue, poursuites devant le parquet, interrogatoire dans les locaux de services de renseignements, interdiction de voyager, retrait de passeport).

Son engagement, au service du droit et de la justice, date de sa vie estudiantine. Il a toujours eu le choix entre s’engager pour le droit et la justice ou se résigner (dans le silence) en espérant tirer son épingle du jeu et en attendant que tout s’écroule. Il a toujours fait le choix de prendre sa responsabilité d’Homme pour susciter l’espoir. D’ailleurs, c’est vrai qu’il a combattu la réduction au silence de celles et ceux qui veulent exercer leurs droits les plus légitimes. C’est pour lui une obligation morale.

Certes, son engagement, sans a priori, empreint d’intégrité et d’honnêteté,a conduit l’administration à sa suspension de salaire en octobre 2013, et par la suite, à sa révocation de la Fonction Publique comme d’autres enseignants. Tout cela a eu lieu en violation de toutes les procédures et du statut général des fonctionnaires. Il faut le dire, il est victime de la crise politique (post-électorale) du 22 février 2013 à laquelle il était totalement étranger compte tenu du fait qu’il n’a milité pour aucun parti politique, même s’il en avait le droit.

En effet, suite à l’Accord-cadre signé en décembre 2014 par le pouvoir et l’opposition, parmi les questions immédiates, il y avait le « rétablissement dans leurs droits des personnes suspendues, licenciées et celles ayant subi des préjudices ». Ils étaient trois professeurs sur une liste des personnes à rétablir dans leurs droits. Les deux (2) autres personnes ont bénéficié de cette mesure depuis août 2015. Curieusement, jusqu’à présent, les raisons de son élimination de la décision restent un mystère. Aucune justification n’a été adressée à son attention.

Comme tout citoyen, et sous la pression de la conscience qui ne pardonne pas le silence, je me pose une question. Pourquoi ce comportement de deux poids deux mesures à l’égard de monsieur Farah Abdillahi Miguil ? A mon sens, c’est parce qu’il est libre. Et la liberté devient aujourd'hui un ennemi à abattre. Pour lui, je crois qu’elle constitue le capital le plus précieux dont la perte signifierait la perte de son existence.

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