REACTION

Lettre ouverte d’un citoyen à l’opposition tchadienne


Alwihda Info | Par Brahim Béchir Mourtalah - 18 Juillet 2014



Par Brahim Béchir Mourtalah

C’est avec consternation que nous avons assisté aux réactions par voie écrite de certains de vos représentants et de défenseurs des droits de l’homme au sujet de la visite du Président français au Tchad. Certains se sont demandé ce qu’il vient faire dans ce pays où règne un « dictateur ». D’autres parmi vous ont saisi l’occasion pour lui demander de hausser le ton et d’être plus « exigeant » envers le Président de notre pays, son Excellence Idriss Déby, pour que celui-ci cesse de conduire le pays dans la violation des droits humains et la méconnaissance du principe de la bonne gouvernance. Vous avez totalement raison de penser qu’il faut que cessent les violations des droits de l’homme et du principe de la bonne gouvernance.  Mais demander l’intervention de la France est choquant et improductif. Choquant parce qu’au moment où les Africains sont déçus par les relations de subordination de nos Chefs d’Etats à l’Elysée, au moment où les Africains appellent à la fin de la Françafrique, vous demandez au Président français d’user des pouvoirs qu’il ne détient d’aucune légitimité ni légalité pour faire pression sur le Chef d’un Etat africain souverain. Mes chers, demander au Président de l’ancienne Métropole d’être « exigeant » envers le Président Déby, aussi dictateur soit-il, revient à lui demander de violer la souveraineté de notre Etat et de méconnaître le principe sacro-saint de la non-ingérence dont vous demandez en d’autres circonstances le respect, notamment quand vous demandez légitimement à la France de cesser de soutenir le « Président-dictateur ».
 
Votre attitude est tout aussi improductive, j’ose croire que vous êtes assez intelligents pour le savoir. En cette période où le Président Déby est l’une des solutions africaines les plus efficaces (en tout cas les faits le prouvent) et le partenaire privilégié de la France dans la guerre contre le terrorisme en Afrique, en cette période où Boko-Haram est aux portes de notre pays, attendant la moindre occasion pour s’en prendre au Tchad et aux intérêts occidentaux qui s’y trouvent, il est évident que la France ne commettra pas l’erreur géostratégique de froisser son allié, moins encore de remplacer la certitude du connu par l’incertitude du nouvel inconnu.
Chers opposants, n’entendez pas le secours de la France. A moins que vous acceptiez de pactiser avec le diable et vous engagiez à servir son intérêt, comme le fond servilement nos dirigeants actuels, n’attendez pas que la France fasse le travail à votre place.
 
Par ailleurs, il est temps que vous cessiez de pleurnicher auprès d’une communauté internationale qui n’existe en réalité nulle part pour vous écouter. Il est temps que vous concentriez vos efforts à convaincre les Tchadiens, à vous préoccuper suffisamment de leur quotidien (très difficile, wallah !) et à constituer une alternative à ce que vous considérez comme la pire des dictatures. Il est temps que vous mouilliez le maillot, que vous arrêtiez de séjourner dans les capitales néocoloniales pour braver le soleil de N’Djamena et de l’intérieur du pays. Cessez d’être des opposants de bureau pour descendre sur le terrain de la lutte, si jamais vous voulez vaincre celui qui représenterait «  le diable ».
 
Enfin, je vous demande d’être cohérents. Vous appelez à l’alternance au sommet de l’Etat. S’il vous plaît, commencez d’abord par vous-mêmes ; et acceptez qu’il y ait alternance au sein de vos partis. Remplacez les vieux qui ont déjà tenté leur chance par des sangs neufs, jeunes et braves. C’est ainsi que vous nous prouverez, à nous autres citoyens, que vous méritez notre confiance.
 
Brahim Béchir Mourtalah
mourtalafils@gmail.com

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