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INTERVIEW

Tchad : Bichara Djamous prépare un ralliement de masse aux Transformateurs, "un vrai projet de société"


Alwihda Info | Par - 23 Janvier 2021


L’opposant Bichara Djamous Mahamat, dans un entretien accordé à Alwihda Info, explique les raisons de son départ du parti UNDR -principale formation politique de l'opposition-, revient sur sa rencontre récente avec le président du mouvement « Les Transformateurs », Masra Succes, son avenir politique et sa vision du Tchad sous le règne du président Idriss Deby Itno. Appartenant à l’ethnie Zakawa dont est issu le président Idriss Deby Itno, Bichara Djamous Mahamat avait revendiqué le ralliement à l'UNDR avec un nombre important de militants de son ethnie. En 2018, il a claqué la porte de l'UNDR pour rejoindre le Mouvement des 12 revendications (M12R).


Tchad : Bichara Djamous prépare un ralliement de masse aux Transformateurs, "un vrai projet de société"
Son départ du MPS, parti au pouvoir au Tchad, a été ressenti comme un véritable désaveu d'une partie des Zagawa au président Idriss Deby au pouvoir depuis 1990. Bichara Djamous, petit frère de Hassan Djamous, se montre déterminé à militer dans l’opposition démocratique pour changer le cours de l’histoire de façon démocratique. Il entend basculer avec ses sympathisants dans les rangs des Transformateurs qu’il considéré comme le seul parti d'opposition à présenter un projet politique viable et bénéfique pour le Tchad. Bichara Djamous reproche à Saleh Kebzabo un manque de sincérité à l’égard de ses compatriotes du Nord.

Pourquoi avez-vous décidé de quitter l’UNDR ?

Nous avons rejoint l’UNDR le 3 juillet 2015. Nous avons pu rassembler beaucoup de militants autour des idéaux de l’UNDR. Trois ans après notre adhésion à l’UNDR, Saleh Kebzabo a rencontré le président Idriss Deby Itno pendant 2h30, à mon insu, en tant que conseiller du président de l’UNDR. Certains responsables à la Présidence nous ont informé discrètement de la rencontre entre le président Idriss Deby et Saleh Kebzabo. Le lendemain, j’ai rencontré Saleh Kebzabo et lui ai demandé s’il a déjà rencontré le président Deby. Il me l’a confirmé. Je lui ai dit qu’il devrait logiquement me concerter pour toute rencontre avec le président Idriss Deby Itno en tant que conseiller. Pourtant, j’ai consulté Saleh Kebzabo quand je devais rencontrer le président sur insistance de la Présidence. Il aurait pu faire la même chose mais hélas.

Avant même j’aille rencontrer le président Idriss Deby Itno, on a longuement échangé avec Saleh Kebzabo et il m’a prodigué des sages conseils. J’ai posé comme préalable à toute rencontre avec le président Idriss Deby Itno, que Saleh Kebzabo soit investi comme candidat de l’UNDR à la présidentielle. C’est après l’investiture de Kebzabo par l’UNDR que j’ai rencontré le président Idriss Deby Itno. J'ai fait ensuite le compte-rendu de notre échange à Saleh Kebzabo.

Avant de regagner l’UNDR, nous avons posé comme condition, une fois notre adhésion actée, que Saleh Kebzabo visite le Dar Zakawa pour voir un peu dans quelle condition les Zakawa vivent dans la précarité, et sont abandonnés à leur triste sort par le président Idriss Deby Itno. Kebzabo ne l’a jamais fait. Dans le cadre de la campagne, nous avions décidé d’effectuer une tournée à l’Est du Tchad. Nous étions arrivés le même jour avec le président Idriss Deby Itno à Abéché où nous avons passé la nuit avant de continuer à Biltine. Une fois arrivée à Biltine, nous avons adressé une correspondance au gouverneur de Wadi Fira qui s’était rendu à l’aéroport pour accueillir Hinda Deby Itno. Il faut reconnaître que le gouverneur de l’époque Mahamat Delio Tangal était quelqu’un de redouté dans la province du Mayo Kebbi-Est. Après l’obtention de l’autorisation, on a pu faire la campagne à Biltine, à Iriba et à Tiné avant d’achever la campagne le 8 avril 2016. Nous étions déterminés à militer dans l’UNDR aussi longtemps que nécessaire.

L’UNDR nous a permis aussi d’exprimer notre rejet et notre désapprobation du régime en place. À notre grande surprise, Saleh Kebzabo avait organisé trois rencontres du parti à notre insu ou bien sans nous associer. De 2018 à 2019, Saleh Kebzabo nous a contacté une seule fois pour une rencontre qui a coïncidé avec mon voyage dans un cadre purement privé. Kebzabo m’a demandé une fois de décanter la situation de l’agence de voyage de son épouse menacée de fermeture, due au non-paiement des billets d’avion pris par les agents du ministère des Affaires étrangères du Tchad. La principale clientèle de l’agence de voyage de l’épouse de Saleh Kebzabo est l’État tchadien. Après avoir entamé des démarches pour décanter la situation de l’agence de voyage de l’épouse de Saleh Kebzabo, je voulais en faire le compte-rendu à cette dernière. J’ai appelé Saleh Kebzabo pour une prise de rendez-vous. Lors de notre échange téléphonique, Kebzabo Saleh a insisté pour que je puisse venir rencontrer son épouse à 17 heures, or à cette heure-ci, je reste terré pour réciter le Coran. Je ne sors pas de la maison à 17 heures.

Face à mon insistance de pouvoir venir à 16 heures, il m’a finalement autorisé. J’ai rencontré son épouse et lui ai fait le compte-rendu des démarches de son agence de voyage pour décanter la situation. Quand je m’apprêtais à quitter le domicile de Kebzabo, sa femme -très contente des démarches que j’ai entamé- m’a demandé d’aller rencontrer Saleh Kebzabo. Il était en pleine réunion du parti pour un voyage au Sud du Tchad dont nous ne sommes pas informés.

J’étais effectivement venu le trouver en pleine concertation avec d’autres membres du bureau de l’UNDR. Je les ai salués avant de partir. Vous voyez, il tenait une réunion pour un voyage dans la partie méridionale, sans nous associer. Avec tout ça, nous avions toujours la volonté de militer dans cette formation politique. Kebzabo n’a aucun projet pour les échéances futures dans le Wadi-Fira mais il se plaint beaucoup sur le sort du Mayo Kebbi relatif au nombre de députés accordé.

Avez-vous toujours des contacts avec Saleh Kebzabo ?

Depuis sa dernière rencontre avec le président Idriss Deby Itno, Kebzabo ne décroche plus nos appels et je ne sais pas ce que Deby lui a dit à notre sujet. Il a opéré un virage de 180 degrés. On a décidé de quitter l’UNDR face à l’indifférence de Kebzabo à notre égard. On a quitté l’UNDR malgré nous. Il y a deux choses qui caractérisent Saleh Kebzabo : il ment trop et entretient une haine viscérale à l’égard de ses compatriotes du septentrion tchadien. Il nourrit une peur bleue de se rendre dans le septentrion tchadien.

Quel est l’objet de votre rencontre avec le président de « Les Transformateurs » Masra Succes ?

Le président des Transformateurs Masra Succes et son cabinet nous ont contacté pour une rencontre d’échange. Nous avons répondu favorablement. Lors de notre échange avec Masra Succes, nous avons cru comprendre, comparativement à d’autres partis qui consacrent tout leur temps à vilipender le régime, que le parti « Les Transformateurs » présente un vrai projet de société qui permettra de faire décoller notre pays.

Quelle est votre vision du pays à l’approche des futures échéances électorales ?

Les élections approchent à grand pas, je n’ai aucun parti politique. La plupart des partis politiques n’ont pas de projet de société et ne s’en prennent qu’à Deby. 98 % de nos militants sont prêts à rejoindre Les Transformateurs et on s’y prépare pour cela. Le président Masra Succes cherche à rassembler tous les tchadiens autour d’un projet de société. Je n’ai vu ou entendu dans aucun partis politique ce que fait le parti Les Transformateurs pour sortir les Tchadiens de la situation actuelle dans laquelle le régime du président Deby nous a plongé.

Quel est l’avenir du Tchad sous le régime du président Déby ?

Le régime de Deby est nul sur tous les plans. L’avenir du Tchad est hypothéqué sous ce régime parce que Deby prépare le chaos après lui. Déby prépare minutieusement l’anarchie après lui. Il a dressé toutes les communautés les unes contre les autres. Je souhaite de tout mon cœur que le Tchad puisse avoir un bon leader qui puisse nous sortir de la misère et de la pauvreté.

Entretien réalisé par Djimet Wiché.
Djimet Wiche Wahili
Journaliste, directeur de publication. Tél : +(235) 95415519 / 66304389 E-mail :... En savoir plus sur cet auteur



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