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Tchad : "aujourd'hui, on a atteint le paroxysme de la défiance de la justice" (Alhabo)


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 5 Juillet 2021


Le ministre de la Justice chargé des droits humains, Mahamat Ahmad Alhabo, est revenu dimanche, au cours d'un entretien à la Télé Tchad, sur l'assassinat du procureur d'Oum Hadjer et les questions qui se posent quant à la sécurité des magistrats. Il a répondu aux questions des journalistes Hinda Ahmed Cherif et Souleyman Djabo.


Tchad : "aujourd'hui, on a atteint le paroxysme de la défiance de la justice" (Alhabo)
"On a l'impression d'être dans la jungle où chacun cherche protection. C'est grave Monsieur le ministre, jusqu'à ce point", a déclaré la journaliste Hinda Ahmed Cherif, en interrogeant le ministre sur la sécurité des magistrats et leur demande en dotation d'armes.

Mahamat Ahmad Alhabo a déploré le fait qu'au Tchad, le justiciable ne craint pas le magistrat contrairement à d'autres pays :
"Dans un pays normal, un justiciable doit avoir peur du procureur, du magistrat parce que ce sont les seules personnes autorisées à inculper et enfermer quelqu'un. Même pas le ministre que je suis. C'est le magistrat qui peut te priver de ta liberté, tu dois en avoir peur. Malheureusement ce n'est pas le cas dans notre pays. Non seulement les gens n'ont pas peur mais c'est triste de se rendre compte que les justiciables viennent armes au poing jusqu'à tuer un magistrat. C'est le summum. C'est un acte de mépris pour les magistrats et les juges.

C'est quand même triste qu'un magistrat, dans l'exercice de sa fonction, en plein jour, soit assassiné. Par le passé, plusieurs magistrats ont été maltraités, malmenés, menacés. Aujourd'hui, on a atteint le paroxysme de la défiance de la justice".

Le ministre de la Justice a expliqué que malgré leur présence, les gendarmes n'ont pas été en mesure d'empêcher l'assassinat du procureur car ils ont peur des conséquences et du manque de protection de l'État à leur égard :
"Un justiciable vient au Palais et il enlève son couteau. Et les gendarmes n'ont pas été capables de le neutraliser. Le magistrat, en reculant, a trébuché sur une moto. Le justiciable a foncé sur lui et lui a planté le couteau dans le coeur. Pourquoi ? Je me pose la question, le gendarme qui est là, qui doit assurer la protection de ce magistrat, pourquoi n'a-t-il pas user de son arme ou de sa force, parce qu'un gendarme c'est un militaire. Et un militaire c'est un homme qui est formé pour assurer la protection des Hommes. Même s'il n'a rien entre les mains, c'est un homme armé. Il doit être capable de neutraliser n'importe quel civil avec des techniques qui lui sont appropriées. Il pouvait peut-être casser les pieds à ce Monsieur pour qu'il ne puisse pas se déplacer avec son arme dans la cour. Il ne l'a pas fait. Vous savez pourquoi ? Parce qu'il a peur. Il ne sait pas qui est cet assaillant. S'il le tuait, il a peur que l'administration le laisse lui seul et sa famille pour régler la question de la Diya (prix du sang, Ndlr), ou bien il sera victime d'une vendetta. Même ceux qui sont censés assurer la sécurité des personnalités ont peur de faire leur travail parce qu'ils n'ont pas suffisamment de protection eux-mêmes".

S'agissant des doléances des magistrats, le ministre de la Justice annonce une augmentation des effectifs de gendarmes à N'Djamena et en province. "Par exemple, pour la Cour d'appel de N'Djamena, ils demandent une cinquantaine de gendarmes en plus. Hier soir, les 50 gendarmes ont été déjà positionnés. Sur l'ensemble du pays, tout l'effectif qui a été réclamé sera déployé", selon Mahamat Ahmad Alhabo. Il précise que les magistrats sont autorisés à porter des armes et qu'il signe chaque jour des autorisations. Toutefois, le Tchad ne produit pas d'armes et il faut les commander.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)