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Tchad : interdiction de vente de whisky en sachet, convoitise et deal autour de la mesure


Alwihda Info | Par Mbainaissem Gédéon - 18 Octobre 2022


Une interdiction sans sensibilisation, ni mesure d’accompagnement, a suscité et fait des bruits sur la toile, dans les grandes villes et quartiers de la capitale.


Dans le cadre de la lutte contre les boissons frelatées, le gouvernement du Tchad a pris un décret n°2835, en date du 5 septembre 2022, pour interdire l’importation, la fabrication, la détention, la circulation, la vente et la consommation de ces produits, sur toute l’étendue du territoire national.

Une semaine après ce décret, certaines provinces du pays ont immédiatement mis en application le décret. Une interdiction sans sensibilisation, ni mesure d’accompagnement, qui a suscité et fait des bruits sur la toile, dans les grandes villes et quartiers de la capitale. À N'Djamena, tout porte à croire que cela prend une autre ampleur.

Certains gendarmes malhonnêtes profitent de cette occasion pour escroquer les petits vendeurs et vendeuses dans les quartiers reculés, déplore des habitants. Plusieurs vendeurs, victimes de l’arnaque de ces gendarmes, et sous la menace de ces derniers, ont peur de livrer leurs impressions. Ils affirment toutefois avoir payé des sommes allant de 10 à 25 000 FCFA, avant d’être libérés.

« La semaine dernière, des agents habillés en civil, enturbannés et à bord d’un véhicule Toyota non immatriculé, vitres teintées en noir, se réclamant de l’Agence national de la sécurité d'État (ANSE), ont fait irruption sur le site de vente et se sont mis à ramasser nos boissons frelatées en cartons et en bouteilles », témoigne Noudji, déléguée des femmes vendeuses des boissons frelatées au marché de Dembé.

« Nous avons riposté en affirmant que si c’était une équipe du ministère de la Santé, accompagnée des gendarmes ou la mairie, il n'y a pas de problème, mais tels qu’ils sont venus, nous n’accepterons jamais », rajoute Noudji. « Ces genres d'escroqueries sont fréquentes dans les quartiers périphériques, surtout à la tombée de la nuit », déplore la jeune dame. Pour elle, ces militaires sont censés protéger la population, mais font le contraire en la maltraitant.

La coordinatrice adjointe de la police sanitaire du ministère de la Santé publique, Dr Djiwerie Mahamat Youssouf, a donné quelques impressions par rapport à cette pratique qui gangrène la jeunesse. Selon ses explications, quand un décret est pris, il doit être automatiquement appliqué. Toutefois, le cas de N’Djamena est différent. « La plupart des gens qui s'adonnent à ce commerce sont des femmes, et c’est avec ça qu’elles nourrissent leurs familles, donc nous ne devons pas directement aller aux interdits », rajoute la coordinatrice.

« C'est pour cette raison que nous avons formé des délégués, des chefs de quartiers, qui vont véhiculer le message, et aussi les médias, à travers leurs différents canaux, vont passer l’information. Quand le public sera sensibilisé, c'est alors que nous passerons à l’interdiction. La procédure de fouille va nécessiter la présence d'agents municipaux ou de gendarmes qui vont nous aider à faire ce travail, tout en impliquant la douane à la frontière dans la lutte », détaille Dr Djiwerie Mahamat Youssouf.

« Si aujourd’hui l'on constate ces boissons frelatées sur le marché, c’est parce qu’il y a un laisser-aller au niveau de la frontière. Nous sommes en train de mener cette démarche pour voir comment impliquer ces différentes forces dans la lutte », précise Dr Djiwerie Mahamat Youssouf. Et d'ajouter : « voilà la stratégie que nous avons envisagée, mais c'est déplorable de voir certains hommes en tenue, et certaines brebis galeuses de l’ANS, consommer en catimini ».

La responsable sanitaire appelle les autorités compétentes à s’investir dans la campagne de sensibilisation, afin de lutter contre la consommation et la commercialisation du mal qui ravage la jeunesse désespérée.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)