Quelles sont les retombées de la visite du président de transition à Ati, chef-lieu de la province du Batha, d'où vous êtes originaire ?
Merci à Alwihda de nous donner l’occasion de parler de la visite du président de transition à Ati, dans la province du Batha. Cette visite nous a permis de faire part de nos attentes au président de transition pour la province du Batha, ainsi que nos attentes envers l'État tchadien en général. Nous sommes satisfaits de voir que le président de transition nous a compris et qu'il était enchanté par notre accueil chaleureux. En tant qu'autochtones et nomades du Batha, nous n'avons pas besoin de faire de discours de sensibilisation pour mobiliser la population à accueillir un hôte aussi important. La population de Wadi Rime, que je représente au sein du bureau politique national du MPS, ainsi que l'ensemble des populations nomades du Batha, ont massivement répondu à l'appel de leurs frères et fils pour réserver un accueil chaleureux au président de transition. La présence massive de la population a été saluée par le chef d'État.
Le président de transition vous a également demandé de limiter le départ massif des jeunes du Batha vers la Libye et le Soudan, où ils rejoignent des groupes armés en tant que mercenaires. Comment interprétez-vous cette migration massive de vos jeunes vers des groupes armés ?
En tant que secrétaire général chargé des nomades au sein du mouvement patriotique du salut, je suis conscient de la complexité de cette problématique. Nous parlons de dizaines de milliers de jeunes en quête de moyens de subsistance, qui cherchent un revenu stable et en ont assez de suivre les troupeaux. Les préoccupations du chef de l'État sont légitimes, mais la solution à ces problèmes est entre ses mains. Lorsqu'il s'agit de régler les problèmes d'une ou de quelques personnes, les responsables de la province ou les chefs de canton peuvent s'en sortir. Cependant, lorsqu'il s'agit de dizaines de milliers de jeunes, c'est au président de transition d'ouvrir la porte de la fonction publique pour leur permettre de s'intégrer, que ce soit par le biais du recrutement dans des institutions telles que la DGSSIE, la PSI, la gendarmerie, les douanes ou la garde forestière.
Ces jeunes pourraient bénéficier d'un revenu stable et d'un salaire sur lequel ils peuvent compter pour organiser leur vie et aider leurs parents. Cependant, si cela n'est pas possible, nous ne pouvons pas empêcher certains de ces jeunes de se rendre en Libye, au Niger ou au Soudan dans les zones d'exploitation aurifère, où malheureusement, certains se retrouvent dans les rangs de groupes armés en tant que mercenaires. Nous lançons un appel au chef de l'État pour qu'il ouvre le recrutement dans l'armée à ces jeunes issus des contrées nomades du Batha, afin de leur permettre d'avoir un revenu régulier. En attendant, nous encourageons ceux qui n'ont pas eu la chance d'être parmi les élus de la transition à patienter, afin qu'ils aient éventuellement l'opportunité d'être recrutés ou intégrés dans un avenir proche.
Le problème foncier a engendré d'importants conflits meurtriers dans la province. Les tensions entre les différentes communautés sont palpables. Pouvez-vous nous proposer des solutions pour sortir définitivement de cette crise foncière qui compromet la cohésion sociale ?
Le président a attiré notre attention sur le problème foncier. Il nous a demandé de nous investir pour résoudre ce problème. Il a demandé à l'administration territoriale et à l'armée de nous soutenir. Le problème du foncier coutumier existe depuis longtemps et nous ne pouvons pas réinventer la roue. Les frontières entre départements, provinces, communes et cantons sont établies depuis l'indépendance. Si nous prenons un canton et le divisons en deux ou trois, le problème ne se pose plus. La communauté qui a un nouveau canton a un territoire dédié. Ce territoire devient son chef-lieu et le lieu où se trouvent ses sujets, c'est son nouveau territoire. Les nouveaux cantons doivent être inclus dans le même territoire que l'ancien canton, nous n'allons pas leur trouver de nouveaux territoires. Cependant, il est injuste de demander à un canton qui a disparu et qui revendique légalement son territoire et son chef-lieu de le déplacer en raison de la jalousie des autres. De ce côté, nous appelons le président de transition, surtout lorsque les problèmes sont alimentés par des administrateurs corrompus qui n'ont aucun respect pour la population qu'ils administrent. Ils créent des problèmes pour s'enrichir, ce n'est un secret pour personne. Dans nos contrées nomades, ce sont les préfets, les sous-préfets, les commandants de la compagnie de gendarmerie et le commandant de la compagnie de la garde nationale et nomade qui sont à l'origine des maux qui gangrènent nos territoires. Ils ne respectent aucune déontologie et se comportent comme s'ils étaient tombés du ciel et que les gens étaient leurs sujets. Non, il est également nécessaire d'inclure les chefs de canton et le comité islamique pour résoudre ces problèmes. Lorsqu'il y a quelqu'un qui agit de manière frauduleuse et crée des problèmes pour s'enrichir, nous devons le faire partir. C'est ainsi que nous pouvons vivre en symbiose. Le vivre-ensemble peut être développé lorsque l'administration joue son rôle et que les administrés sont protégés. Pour résoudre le problème du foncier coutumier et traditionnel, le président de la république a évoqué l'implication de l'administration, de l'armée, des chefs de canton et du comité islamique. Parmi ces cinq entités, nous devons choisir des hommes responsables qui aiment leur pays, et je crois qu'il n'y aura pas d'échecs dans leur mission. Les échecs existent et existeront toujours s'il y a de l'hypocrisie et d'autres agendas lors de la résolution des conflits fonciers et coutumiers.
Comment expliquez-vous la résurgence des conflits entre éleveurs et cultivateurs au Tchad ?
Ce problème est d'une grande importance. Avant et après l'indépendance, tant que l'autorité de l'État était réellement ressentie et appréhendée par la population, il n'y avait jamais eu de problèmes. Aujourd'hui, avec la recrudescence des partis politiques et des politiciens corrompus qui privilégient leurs intérêts personnels plutôt que de parler du développement et de la coexistence pacifique pour le progrès du Tchad, des problèmes surgissent en s'inspirant du modèle rwandais ou soudanais. Certains parlent de fédération tandis que d'autres soutiennent la scission. Je pense que c'est la malhonnêteté générale des hommes politiques du pays. Lorsque nous nous adressons à notre propre peuple, parlons de développement et de coexistence pacifique. Essayons de montrer la voie qui guide la population vers l'émergence et permet à chacun de développer ses meilleurs atouts. Lorsque je vais chez mes parents et que je dis que c'est le voisin qui a usurpé quelque chose, un discours empreint de méchanceté et de mensonges ne peut pas contribuer à résoudre le problème.
La clé de ce problème réside dans la gouvernance elle-même. Les administrateurs civils ou militaires doivent être justes dans la résolution de ce conflit. Lorsqu'un éleveur fait exprès de faire paître ses animaux dans les champs des cultivateurs, une compensation légale et réelle doit être débloquée pour le cultivateur. Il existe des règles coutumières qui étaient appliquées par le passé. Je ne demande pas à donner de l'argent à un chef de canton ou à un sous-préfet, mais une compensation financière doit être donnée au cultivateur. Lorsque l'agriculteur sème expressément le long du corridor de transhumance parce qu'on lui a demandé de bloquer la route de l'éleveur, c'est à lui d'être sanctionné dorénavant par l'administrateur afin de faire respecter le corridor de transhumance. Il est nécessaire de retracer ces corridors. Les corridors des années 60 n'existent plus ou ne sont plus appropriés. L'État devrait prendre la peine de redessiner ces corridors afin que nous puissions au moins vivre en paix.
Merci à Alwihda de nous donner l’occasion de parler de la visite du président de transition à Ati, dans la province du Batha. Cette visite nous a permis de faire part de nos attentes au président de transition pour la province du Batha, ainsi que nos attentes envers l'État tchadien en général. Nous sommes satisfaits de voir que le président de transition nous a compris et qu'il était enchanté par notre accueil chaleureux. En tant qu'autochtones et nomades du Batha, nous n'avons pas besoin de faire de discours de sensibilisation pour mobiliser la population à accueillir un hôte aussi important. La population de Wadi Rime, que je représente au sein du bureau politique national du MPS, ainsi que l'ensemble des populations nomades du Batha, ont massivement répondu à l'appel de leurs frères et fils pour réserver un accueil chaleureux au président de transition. La présence massive de la population a été saluée par le chef d'État.
Le président de transition vous a également demandé de limiter le départ massif des jeunes du Batha vers la Libye et le Soudan, où ils rejoignent des groupes armés en tant que mercenaires. Comment interprétez-vous cette migration massive de vos jeunes vers des groupes armés ?
En tant que secrétaire général chargé des nomades au sein du mouvement patriotique du salut, je suis conscient de la complexité de cette problématique. Nous parlons de dizaines de milliers de jeunes en quête de moyens de subsistance, qui cherchent un revenu stable et en ont assez de suivre les troupeaux. Les préoccupations du chef de l'État sont légitimes, mais la solution à ces problèmes est entre ses mains. Lorsqu'il s'agit de régler les problèmes d'une ou de quelques personnes, les responsables de la province ou les chefs de canton peuvent s'en sortir. Cependant, lorsqu'il s'agit de dizaines de milliers de jeunes, c'est au président de transition d'ouvrir la porte de la fonction publique pour leur permettre de s'intégrer, que ce soit par le biais du recrutement dans des institutions telles que la DGSSIE, la PSI, la gendarmerie, les douanes ou la garde forestière.
Ces jeunes pourraient bénéficier d'un revenu stable et d'un salaire sur lequel ils peuvent compter pour organiser leur vie et aider leurs parents. Cependant, si cela n'est pas possible, nous ne pouvons pas empêcher certains de ces jeunes de se rendre en Libye, au Niger ou au Soudan dans les zones d'exploitation aurifère, où malheureusement, certains se retrouvent dans les rangs de groupes armés en tant que mercenaires. Nous lançons un appel au chef de l'État pour qu'il ouvre le recrutement dans l'armée à ces jeunes issus des contrées nomades du Batha, afin de leur permettre d'avoir un revenu régulier. En attendant, nous encourageons ceux qui n'ont pas eu la chance d'être parmi les élus de la transition à patienter, afin qu'ils aient éventuellement l'opportunité d'être recrutés ou intégrés dans un avenir proche.
Le problème foncier a engendré d'importants conflits meurtriers dans la province. Les tensions entre les différentes communautés sont palpables. Pouvez-vous nous proposer des solutions pour sortir définitivement de cette crise foncière qui compromet la cohésion sociale ?
Le président a attiré notre attention sur le problème foncier. Il nous a demandé de nous investir pour résoudre ce problème. Il a demandé à l'administration territoriale et à l'armée de nous soutenir. Le problème du foncier coutumier existe depuis longtemps et nous ne pouvons pas réinventer la roue. Les frontières entre départements, provinces, communes et cantons sont établies depuis l'indépendance. Si nous prenons un canton et le divisons en deux ou trois, le problème ne se pose plus. La communauté qui a un nouveau canton a un territoire dédié. Ce territoire devient son chef-lieu et le lieu où se trouvent ses sujets, c'est son nouveau territoire. Les nouveaux cantons doivent être inclus dans le même territoire que l'ancien canton, nous n'allons pas leur trouver de nouveaux territoires. Cependant, il est injuste de demander à un canton qui a disparu et qui revendique légalement son territoire et son chef-lieu de le déplacer en raison de la jalousie des autres. De ce côté, nous appelons le président de transition, surtout lorsque les problèmes sont alimentés par des administrateurs corrompus qui n'ont aucun respect pour la population qu'ils administrent. Ils créent des problèmes pour s'enrichir, ce n'est un secret pour personne. Dans nos contrées nomades, ce sont les préfets, les sous-préfets, les commandants de la compagnie de gendarmerie et le commandant de la compagnie de la garde nationale et nomade qui sont à l'origine des maux qui gangrènent nos territoires. Ils ne respectent aucune déontologie et se comportent comme s'ils étaient tombés du ciel et que les gens étaient leurs sujets. Non, il est également nécessaire d'inclure les chefs de canton et le comité islamique pour résoudre ces problèmes. Lorsqu'il y a quelqu'un qui agit de manière frauduleuse et crée des problèmes pour s'enrichir, nous devons le faire partir. C'est ainsi que nous pouvons vivre en symbiose. Le vivre-ensemble peut être développé lorsque l'administration joue son rôle et que les administrés sont protégés. Pour résoudre le problème du foncier coutumier et traditionnel, le président de la république a évoqué l'implication de l'administration, de l'armée, des chefs de canton et du comité islamique. Parmi ces cinq entités, nous devons choisir des hommes responsables qui aiment leur pays, et je crois qu'il n'y aura pas d'échecs dans leur mission. Les échecs existent et existeront toujours s'il y a de l'hypocrisie et d'autres agendas lors de la résolution des conflits fonciers et coutumiers.
Comment expliquez-vous la résurgence des conflits entre éleveurs et cultivateurs au Tchad ?
Ce problème est d'une grande importance. Avant et après l'indépendance, tant que l'autorité de l'État était réellement ressentie et appréhendée par la population, il n'y avait jamais eu de problèmes. Aujourd'hui, avec la recrudescence des partis politiques et des politiciens corrompus qui privilégient leurs intérêts personnels plutôt que de parler du développement et de la coexistence pacifique pour le progrès du Tchad, des problèmes surgissent en s'inspirant du modèle rwandais ou soudanais. Certains parlent de fédération tandis que d'autres soutiennent la scission. Je pense que c'est la malhonnêteté générale des hommes politiques du pays. Lorsque nous nous adressons à notre propre peuple, parlons de développement et de coexistence pacifique. Essayons de montrer la voie qui guide la population vers l'émergence et permet à chacun de développer ses meilleurs atouts. Lorsque je vais chez mes parents et que je dis que c'est le voisin qui a usurpé quelque chose, un discours empreint de méchanceté et de mensonges ne peut pas contribuer à résoudre le problème.
La clé de ce problème réside dans la gouvernance elle-même. Les administrateurs civils ou militaires doivent être justes dans la résolution de ce conflit. Lorsqu'un éleveur fait exprès de faire paître ses animaux dans les champs des cultivateurs, une compensation légale et réelle doit être débloquée pour le cultivateur. Il existe des règles coutumières qui étaient appliquées par le passé. Je ne demande pas à donner de l'argent à un chef de canton ou à un sous-préfet, mais une compensation financière doit être donnée au cultivateur. Lorsque l'agriculteur sème expressément le long du corridor de transhumance parce qu'on lui a demandé de bloquer la route de l'éleveur, c'est à lui d'être sanctionné dorénavant par l'administrateur afin de faire respecter le corridor de transhumance. Il est nécessaire de retracer ces corridors. Les corridors des années 60 n'existent plus ou ne sont plus appropriés. L'État devrait prendre la peine de redessiner ces corridors afin que nous puissions au moins vivre en paix.