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Tchad : l'hyper-concentration des pouvoirs financiers par le chef de l'État critiquée à l'Assemblée


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 28 Décembre 2019



Tchad : l'hyper-concentration des pouvoirs financiers par le chef de l'État critiquée à l'Assemblée nationale. © Alwihda Info
Tchad : l'hyper-concentration des pouvoirs financiers par le chef de l'État critiquée à l'Assemblée nationale. © Alwihda Info
Au Palais de la démocratie, des députés ont estimé vendredi que l'hyper-concentration de l'ordonnancement des dépenses par le chef de l'État ne favorise pas le bon fonctionnement des institutions. Ils se sont exprimés au cours de la séance de questions orales adressées au ministre des Finances et du Budget, dans le cadre de l'examen du projet de Loi de finances portant budget pour l'année 2020.

"Tout est concentré à la Présidence", a souligné un député qui a préconisé une gestion inversée, alors que le chef de l'État vise systématiquement la plupart des dépenses. Ce mode de gestion privilégié par le chef de l'État vise à maitriser les dépenses et à lutter contre la corruption. Selon ce député, les membres du Gouvernement doivent avoir une autonomie de gestion pour ordonner et gérer leurs dépenses et rendre compte ensuite au Président de la République. 

"Faisons en sorte que l'administration soit humanisée pour une meilleure gestion des institutions", a estimé un autre député qui a déploré des blocages financiers récurrents, notamment dans le cadre de missions parlementaires qui ne dépassent pas un million de Francs CFA.

Par exemple, les députés trouvent inadmissible que le président de l'Assemblée nationale, en tant que deuxième personnalité de l'État, soit contraint d'appeler un trésorier pour faire débloquer des fonds liés à une dépense.

"Les parapheurs sont bloqués à la Présidence de la République. On sait qu'il veut avoir la maitrise de la gestion mais non, il peut l'avoir autrement. Pas de cette manière. C'est inadmissible que le président ait un interrupteur direct qui est le Trésorier, qui n'est rien d'autre qu'un chef de service. Et c'est lui qui bloque tout. "Non, le président n'a pas donné d'ordre". On ne peut pas avoir un super trésorier. La hiérarchie doit être respectée. Il y a les fondés de pouvoirs, il y a le directeur du Trésor, il y a les directeurs généraux, secrétaire d'État jusqu'au ministre. C'est vous qui devez rendre compte au président mais pas les trésoriers. C'est une question de respect de la hiérarchie. Tant que nous, nous comportons comme ça, rien ne va marcher", a estimé un élu du peuple.

"​Nous, au niveau de l'Assemblée, nous sommes victimes. Comment vous pouvez comprendre que le président de l'Assemblée, deuxième personnalité de l'État, va appeler le trésorier là-bas pour demander à ce qu'il puisse décanter quelque chose, si le ministre ne peut pas le faire. Vous croyez que c'est normal ? Ce n’est pas normal. Le trésorier n'a pas de comptes à rendre au chef de l'État. La cacophonie administrative ne permet pas que nous avancions. S'il y a certains qui sont allergiques à la vérité, moi je dis la vérité", a-t-il ajouté.

Selon le député Ali Abakar Adji, "des programmes entiers de l'Assemblée nationale ont été rejetés en bloc par les finances. Ça c'est du jamais vu, même si le contexte financier nous impose un certain nombre de problèmes, de difficultés de trésorerie. Aller jusqu'à regarder de l'opportunité des dépenses de l'Assemble nationale, je crois qu'on n'est pas dans la loi Monsieur le ministre".

Pour sa part, le député Adoum Khamis Nguili, a fait part de son inquiétude sur les affaires de détournements évoquées ces derniers temps par la presse. "Une fois récupéré ces fonds, on les loge au Trésor ou quelles sont les poches là où on loge ces fonds ?", a-t-il souligné.

Le ministre des Finances et du Budget répondra lundi à partir de 9 heures aux questions des députés.



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