COMMUNIQUE

Visite de Biya : La lettre amère transmise à Hollande


Alwihda Info | Par - 23 Janvier 2013



Président de la République française
Palais de l’Elysée
55, rue du Faubourg- Saint-Honoré
75008 Paris
République Française

Son Excellence Monsieur le Président de la République française,
Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France auprès du Royaume de Belgique,

Monsieur le Président,

En ce moment crucial où le Cameroun traverse une très grave crise, au moment où les fondements du Cameroun sont menacés, nous saisissons cette opportunité pour écrire à celui dont la nation a joué toujours un rôle non moins important dans l’histoire de l’humanité.

Nous osons croire que malgré vos lourdes tâches, vous aurez le temps de nous lire.

Excellence, en ce moment où nous, Collectif National contre l'Impunité au Cameroun (CNI), Cercle Belgo-Africain pour la Promotion Humaine(CEBAPH), One Cameroon Movement (OCM), Mouvement de février 2008 (MF2008), Fondation Moumié, vous écrivons, séjournera au courant de la fin de ce mois, sur votre territoire Monsieur Paul Biya, président de la république du Cameroun.

Excellence, vous savez d'ores et déjà que M. Biya n'est qu'un piètre élève de la démocratie, qui fait obstruction à l'alternance ou dont les réélections contestées depuis son accession au pouvoir en 1982 sont sujettes à contestations

Excellence, sachez que la présence sur votre territoire du chef de l’Etat Camerounais qui a plongé pendant 30 ans son peuple dans un chaos indescriptible animé par la corruption, les détournements des fonds public, l’impunité, le favoritisme etc. risquera de hanter vos relations bilatérales avec l'Afrique en général et le Cameroun en particulier

Monsieur François Hollande, si vous aimez l’Afrique, si vous aimez le Cameroun, demandez à Monsieur Paul Biya à renoncer au pouvoir et à laisser la classe politique camerounaise mettre en place un code électoral véritablement démocratique seul capable de réconcilier et de pacifier le Cameroun

Monsieur le Président, nous attirons votre attention sur le fait qu’une présence sur le sol français d’un dictateur entacherait vos ambitions pour la France de demain

Le Cameroun n’arrive pas à décoller économiquement parce qu’il a toujours eu à sa tête, des dirigeants incapables, violents, corrompus et dilapidateurs des deniers publics

La répression chasse les Camerounais de leur propre pays et les poussent à venir s’exiler en occident bien qu’ils soient solidement attachés à leur terroir. Il suffit qu’on leur laisse choisir librement leurs dirigeants, et la ruée camerounaise vers l’Hexagone tout comme vers d’autres pays occidentaux s’estompera aussitôt..

Aujourd’hui, le peuple camerounais désarmé continue à subir les affres d’un pouvoir qui ne dit pas son nom. Doit-il continuer à s’appauvrir alors que ses dirigeants bradent les richesses nationales et s’enrichissent insolemment ?

Excellence Monsieur le président de la République française, nous nous opposons par contre à toute caution de la France à un gouvernement dont le niveau de corruption attire tous les médias du monde avec une vingtaine de ministres et autres pontes emprisonnés, pour détournements de fonds publics…

Monsieur Paul Biya a pris le pouvoir au Cameroun le 06 Novembre 1982 à la suite de la démission du Président Ahidjo, premier Président de la République. Depuis lors, il n'y a plus eu d'alternance au sommet de l'Etat. Toutes les élections organisées jusqu'ici au Cameroun ont été systématiquement frauduleuses.

Le Cameroun, jadis pays à revenus intermédiaires et reconnu comme tel par les institutions de Brettons Woods, est passé en 2004 dans la classe des PPTE (Pays Pauvres Très Endettés)

Le Cameroun est devenu un pays où l'insécurité a pris le temps de construire son nid, où les forces dites de l'ordre répriment de façon arbitraire et sauvage tout mouvement de contestation pourtant reconnu par la constitution.

Au Cameroun, les seules manifestations sans autorisation préalable et sans répression sont celles organisées par le RDPC, parti au pouvoir

Le Cameroun a connu aux yeux du monde entier en février 2008 le massacre de plus de 150 jeunes Camerounais par l'armée nationale. Ces jeunes Camerounais assassinés avaient, semble t-ils commis le crime de manifester leur désespérance et leur ras-le-bol dans une société où simplement manger à sa faim ou s'acheter les produits de toute première nécessité relevaient presque des travaux à la Sisyphe.

Monsieur François Hollande, la République française peut-t-elle croiser les doigts malgré toutes ces atrocités commises par Monsieur Biya au Cameroun ?

Monsieur François Hollande, si vous avez reçu quelques présidents africains au Palais de l'Elysée, à l'instar de M. Macky Sall du Sénégal, M. Boni Yayi du Bénin, M. Issoufou du Niger, etc., c'est surtout au regard de leur élection dans des conditions jugées acceptables.

De ce fait, accepter les mensonges que vous débilera Monsieur Paul Biya, c’est cautionner la misère généralisée au Cameroun, cautionner le désespoir de toute la jeunesse camerounaise et favoriser son exil vers le grand continent à la première occasion

Nous vous prions Monsieur le Président de la république

1- A appeler le président Biya à renoncer au pouvoir après 30 années de règne sans partage et à laisser la classe politique camerounaise le soin de mettre en place un code électoral véritablement démocratique seul capable de pacifier, de réconcilier et de développer le Cameroun.

2- Dénoncer les meurtres et assassinats de manifestants, les détentions abusives des Camerounais, de mettre fin à l'impunité au Cameroun et à faire prévaloir le respect des droits humains voire une justice équitable... De nombreux prisonniers politiques continuent à payer de la politique désastreuse de ce pouvoir au Cameroun.

Monsieur le Président,

Dans l’espoir que vous agirez pour la bonne cause et que vous regarderez la situation camerounaise avec les yeux d’un démocrate épris de paix, de justice et de liberté, nous osons croire que vous donnerez à la présente la suite qu’elle comporte.

Tout en vous souhaitant une bonne et heureuse année 2013, le peuple camerounais, victime directe du silence des démocraties euraméricaines, prend votre conscience à témoin et vous prie par nos voix, de bien vouloir agréer l’expression de ses sentiments les meilleurs.

Fait à Bruxelles le 20 janvier 2013

- KADJI TOUKAM TCHUESSA Elie, Cercle Belgo-Africain pour la Promotion Humaine (CEBAPH),
- MBATKAM Adèle, Collectif National contre l'Impunité au Cameroun (CNI),
- ROUFAOU OUMAROU, (Association pour la Promotion de la Justice et de l'Éducation)
- Marcel TCHANGUE, Mouvement de Février 2008 (MF 2008),
- Jean Marie MOUKAM, Comité Citoyen pour la Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CCL Libération)
- Guy Fokou, Fondation Moumié (FM)

Ampliation :

- Ambassade de France à Bruxelles
- Présidence de la République du Cameroun
- Presse nationale et internationale

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