INTERVIEW

Ahmat M. Yacoub Dabio : "En Afrique, nous avons d’autres préoccupations pas moins importantes que le sujet de changement climatique"


Alwihda Info | Par - 19 Septembre 2015


Ahmat M. Yacoub Dabio : "A vrai dire, en Afrique, nous avons d’autres préoccupations pas moins importantes que le sujet de changement climatique en question."


Interview réalisée par Mahamat Ramadane pour Anadolu Agency

Ahmat M. Yacoub Dabio : "En Afrique, nous avons d’autres préoccupations pas moins importantes que le sujet de changement climatique". Anadolu Agency
Dans un entretien exclusif à anadolu, l’enseignant chercheur et homme politique tchadien, Ahmat M. Yacoub Dabio, analyse le fond de la participation de l’Afrique à la conférence des nations unies sur le climat, appelée la 21ème conférence de parties (COP-21) qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre à Paris.

Ahmat yacoub explique à Anadolu que cette question de changement climatique nécessite la mobilisation du Monde entier, mais les africains ont plus que jamais besoins d’être unis sur ce coup. « Je suis d’accord avec la thèse que L’Afrique est le continent qui participe le moins au réchauffement climatique, pourtant, c’est celui qui sera le plus touché par les conclusions de la COP21. Dans les conférences préparatoires, comme celle de Marseille qui s’est tenue du 04 au 05 juin dernier, les pays africains n’ont d’ailleurs pas eu de voix au chapitre, pouvant reconsidérer leur position et d’avoir un statut des pays moins pollueurs. L’Afrique sera-t-elle actrice ou victime de cette conférence sur le réchauffement climatique ? Tout dépendra de nos ambassadeurs qui nous représenteront là-bas et leurs cahiers de charge qu’ils ont pour mission de défendre devant le monde réuni à cette conférence. » A-t-il déclaré à Anadolu.

Il explique d’avantage son argumentation sur la négligence des pays africains à ce sujet de climat, en s’appuyant sur une analyse qu’il considère simple et pragmatique : « A vrai dire, en Afrique, nous avons d’autres préoccupations pas moins importantes que le sujet de changement climatique en question. Depuis la colonisation jusqu’à nos jours en passant par les indépendances fictives que nous osons célébrer annuellement, nous faisons face à un quotidien celui des conflits, de l’instabilité, du sous-développement et j’en passe. Nous faisons face à des ennemis mortels comme le paludisme, la malaria, le choléra, la malnutrition, l’Ebola et la pauvreté en général… »

 

Selon Ahmat Yacoub, les conditions ne sont pas réunies pour l’africain du monde rurale de respecter les traités qui naitront surement de cette conférence climatique de Paris : « Comment demander à un villageois de ne pas utiliser des fagots (branches d’arbres sèches) alors qu’il ne dispose pas d’autre moyen pour préparer sa nourriture quotidienne ? Celui là même qui n’a presque jamais entendu parler des alternatives pratiques comme l’électricité, du gaz, du solaire, encore moins de la COP21 ? La question doit se poser autrement ? L’Afrique en tant que continent le moins pollueur du climat mondial doit-elle payer le même prix de la réparation que les autres? Pourtant, elle subie déjà les mêmes conséquences, voir plus que les autres continents les plus pollueurs comme l’Amérique et l’Europe…, Avons-nous des scientifiques africains travaillent sur le réchauffement climatique, dans les domaines de la météorologie, le développement durable, les énergies renouvelables, la foresterie… ? etc. Leurs opinions scientifiques comptent-elles comme celles de leurs amis européens et américains et asiatiques ?.... »

 

« Il a été constaté que quelques scientifiques africains ont participé début juillet parmi les quelques 2000 scientifiques du monde qui se sont retrouvés à Paris à l’Unesco, à l’approche de la Conférence de l’ONU sur le Climat, prévue en fin d’année. Même si leur nombre n’est pas suffisant, ce sont des scientifiques compétents malheureusement ils ne bénéficient pas des soutiens pratiques des Etats du continent.… » souligne l’enseignant chercheur tchadien, Ahmat yacoub, en paraphrasant le témoignage du scientifique sénégalais Cheikh Mbow : « Rare sont les scientifiques africains à être complètement soutenus par leur pays pour participer à des conférences internationales ».

 

L’homme politique tchadien, Ahmat M. Yacoub Dabio, malgré plusieurs facteurs qui, selon lui, obligent le continent noir à évoluer d’une urgence à une autre, se veut optimiste pour l’Afrique quant à la question climatique : « Je dis bien que nous luttons en Afrique sur plusieurs fronts que j’ai énumérés. Certes, cela ne doit pas nous empêcher de s’attaquer à la question du réchauffement climatique comme tous les autres continents. Et pour cela, il faut que les pays africains prennent cette question au sérieux pour contribuer à l’accélération des avancées technologiques et scientifiques, en allouant un budget important aux spécialistes, en procédant à une forte campagne de sensibilisation et de formation, en multipliant des conférences en Afrique, en impliquant des secteurs privés et en coopérant avec des ONG comme Planet Earth Institute (PEI), accréditée par l’ONU. » Souligne-t-il.

 

Il propose tout de même des pistes, qui selon lui, sont primordiales pour aider son continent à ne pas être le porteur du poids des traits des nations unies sur le climat : « Pour éviter d’être lésée, les pays africains, comme je l’ai dit, doivent apporter un soutien financier efficace à leurs scientifiques qui doivent se consulter pour apporter leur expertise au groupe Afrique. N’oublions pas que dans cette histoire de changement climatique, les pays africains ont un double combat : le premier est de lutter auprès des nations unies pour ne pas être victime des conclusions qui seront adoptées à l’issues de la conférence climatique de Paris et autres ; et la deuxième, est celle de faire face aux phénomènes de réchauffement climatique dont elle a très peu les moyens d’en prévenir… »

 
Journaliste-reporter Alwihda Info. Tél : +(235) 63 38 40 18 En savoir plus sur cet auteur

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