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POINT DE VUE

Centrafrique : La Journée de l’Enfant Africain et l’enfant centrafricain


Alwihda Info | Par M. Urbain TABEMARA - 22 Juin 2018



Par M. Urbain TABEMARA

Selon l’article premier de la Convention relative aux droits de l'enfant (CDE) adoptée à l'unanimité par les Nations Unies  lors de l’Assemblée Générale du 20 novembre 1989 et ratifiée par le Centrafrique le 23 avril 1992, l’enfant se définit comme tout être humain âgé de moins de 18 ans (sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable). Compte tenue de son manque de maturité physique et intellectuelle, tout enfant a besoin d’une protection spéciale et de soins spéciaux, notamment d’une protection juridique appropriée, avant comme après sa naissance. Cette convention met en avant l’intérêt supérieur de l’enfant comme considération primordiale pour les Etats signataires et leur ordonne de garantir la protection à tout enfant relevant de sa juridiction sans distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique etc.

Et en souvenir du massacre de centaines d’enfants  plus particulièrement de Hector PIETERSON un écolier de 12 ans tué le 16 juin 1976 lors d’une marche pour leurs droits à Soweto (Afrique du Sud) par le pouvoir de l’apartheid de M. Nicolaas Johannes Diederichs, l'Union Africaine a institué le 16 juin de chaque année comme la journée de l’enfant africaincélébréedepuis le 16 juin 1991 .Durant cette journée,  des colloques, des manifestations et des débatssont organisés sur tout le continent  pour faire les bilans de la situation du respect des droits de l’enfant dont la protection, l’éducation, la santé…sont les priorités élémentaires. Pour ce 16 juin 2018, nous allons nous intéresser au contexte centrafricain où ces dernières années, la crise militaro-politique a hypothéqué la sécurité, la protection, la survie quotidienne, l’éducation, l’instruction de l’enfant centrafricain.
 
Depuis l’éclatement de la crise, l’enfant centrafricain reste une des premières victimes de dommages collatéraux des agissements meurtriers répétitifs des protagonistes. Ces enfants sont devenus des combattants, des travailleurs dans les carrières et les mines, des messagers ou espions, gardiens de bœufs, gestionnaires de barrages routiers, et pire, des esclaves sexuels…voyant tous leurs droits bafoués dans le plus stricte du terme. Au sortir de la célébration de ce 16 juin 2018 par les enfants réfugiés vivant en Centrafrique ont célébré sponsorisée par Afrique Secours Assistance (ASA) avec Mme Evelyne EDOME  en partenariat avec l’UNHCR à Bangui, certains enfants se trouvent encore dans la brousse avec leurs parents afin d’éviter d’être tués ou d’être enrôlés comme enfant soldat dans les groupes armés. L’année scolaire ne se passe pas de la même manière sur toute l’étendue du territoire et beaucoup des établissements scolaires sont brulées ou occupés par les rebelles dans les villes assiégées.

Il n’est pas à oublier que le 21 Septembre 2017 à New York (Etats Unis), le Centrafrique a récidivé positivement en ratifiant le Protocole Facultatif à la Convention relative aux Droits de l'Enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés interdisant le recrutement, l’enrôlement, l’utilisation des enfants dans les combats et de permettre la traduction en justice des auteurs qui défient cette interdiction formelle. Mais les réalités sur le terrain dans les zones occupées nous horrifient et donnent sujet à dénoncer quotidiennement.

Il devrait être primordial que toutes les factions en conflit dans la crise centrafricaine aient cette obligation de prendre toutes les mesures appropriées pour que les enfants ne soient pas concernés dans leurs attaques sur toute l’entendue du territoire, d’assurer leur instruction  et de ne pas les utiliser comme bouclier humain. Elles doivent aussi assurer la protection des humanitaires œuvrant dans la protection des enfants dans leurs zones respectives. Une fermeté de la part de la communauté internationale devrait être de rigueur. Voilà pourquoi nous déplorons et condamnons avec force l'attaque du 25 février 2018 perpétrée par des hommes armés non identifiés provoquant la mort de  six (06) travailleurs centrafricains dans le domaine de l'éducation dont un responsable éducation de l'Unicef qui partaient assurer une formation de maîtres-parents vers la ville de Markounda située dans le nord-ouest du Centrafrique.

Dans les années 96, 98 et 2000, le gouvernement centrafricain accompagné de l’UNESCO et de l’UNICEF avait  instauré les concepts des ambassadeurs pour la paix, le parlement junior ayant pour objectif de rassembler les enfants autour des thématiques de la paix, du vivre ensemble  et du leadership…nous engageons notre soutien au gouvernement de penser à réinstaurer ces programmes pour pousser les enfants à se détacher de la culture de la violence et des esprits de vengeance. C’est très dangereux de voir des enfants représentant l’avenir de la nation centrafricaine s’adonner à des maniements d’armes de guerre et de souhaiter la mort de ceux qui ne sont pas de leur camp.

Cela est une nécessité que le gouvernement centrafricain et ses partenaires internationaux accordent aux enfants centrafricains une attention et protection très particulières dans ces moments très difficiles de leurs existences. C’est dans cette logique que nous félicitons les casques bleus de la MINUSCA qui ont escorté et sécurisé le déroulement des épreuves de plus d’une centaine d’élèves musulmans des lycées Nasradine et Cheikh AntaDiop situés dans le km5 qui ont pu sortir aller passer les examens de brevet et baccalauréat au lycée des Martyrs de Bangui ce 05 juin 2018. Nous demandons humblement à nos acteurs politiques de penser à l’avenir de l’enfant centrafricain dans leurs grandes décisions. Ils doivent savoir que : s’attaquer à l’éducation, à l’instruction des enfants est un génocide de la génération future. Cette crise pourrait avoir comme l’une des conséquences immédiates l’accentuation du phénomène des GODOBÉS (les enfants de la rue ou les enfants en conflit avec la loi) s’ils ne mettent pas fin à cette destruction gratuite du Centrafrique.

L’instruction vaut à la vie de l’enfant centrafricain ce que les gilets pare-balles valent à la vie des casques bleus de la Minusca !



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)