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REACTION

Djibouti : Lettre ouverte à Kadar Abdi Ibrahim


Alwihda Info | Par Igal Aboubaker Moussa - 17 Avril 2018


Igal Aboubaker Moussa, blogueur, livre ici, un témoignage poignant et rempli de vérités sur le journaliste et opposant Kadar Abdi Ibrahim suite à la saisie de son passeport par le SDS, le service de la Documentation et de la sécurité.


Cette dictature périra par la Liberté qu’elle t’empêche aujourd’hui d’abriter.

Mon très cher frère Kadar Abdi Ibrahim,

A Djibouti lorsque l’on a le culot de penser autre que la propagande officielle, que l’on fait œuvre (je dis bien œuvre à dessein) d’esprit critique, de nuance, de recul, de doute dans un pays dirigé par un régime pour qui ces «machins là » constituent un crime alors on accepte de vivre l’invivable et l’on s’habitue à supporter l’insupportable.

On accepte que toutes ces petites humiliations quotidiennes qui constitueraient un cauchemar incroyable dans n’importe quelle nation démocratique deviennent des réalités banales.

On accepte cet invivable car l’on sait que le pari de la dictature est intenable puisque arrangement suprême avec les faits ! De plus, l’histoire est là pour nous rappeler que les dictatures périssent toujours par où elles pèchent et celle-ci ne fera point exception à cette règle.

Elle périra par la Liberté qu’elle t’empêche aujourd’hui d’abriter.

Alors, pour dérouler le fil d'Ariane des guides autoproclamés de la plèbe à la royauté transitant par les veines qui soutiennent mordicus qu’il faudrait pour être probe gober l’opprobre, quoi de plus gratifiant pour toi cher Kadar que de se tourner en direction du Ciel, épouser l'idée que c'est le terrible privilège que la dignité daigne consentir aux âmes rompues à périr sous les coups de la vérité.

Au service de nos propres urgences tu es !

Convaincu en ce sens qu'en sondant la réalité de nos âmes, Sa Grandeur, en tout ce qui se sait et en tout ce-peu crédible-qui apparaît rien ne lui est Supérieur. Lui, Fait et Défait, les hommes et les temps, les postures et les temples, y compris lorsqu'ils -au nom d’un seul- agressent et affaissent au gré des faciès, au fur et à mesure que l'on s'éloigne de leurs mots-dits mots usés, le tangible se sachant redouté par les tenants des maux tus apparaît au grand jour et la dictature se confesse et s'éclipse à la lumière de nos rêves et laisse à l’enfant du pays abîmé, cher Kadar, cher frère, le soin de croire et d’entrevoir la possibilité d’une patrie des plus pérennes.

Igal Aboubaker Moussa



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