Goukouni Weddeye : "le Tchad ne dispose pas d'une armée nationale"

L’ancien chef de l’État tchadien Goukouni Weddeye explique pourquoi, à ses yeux, le général Mahamat Idriss Deby est l’homme de la situation pour gérer la transition. Pour l’ancien président, le Tchad ne dispose pas d’une armée nationale mais d'une armée clanique. Ainsi, elle n’obéirait pas à un président autre que son chef.

« J'ai dit (au PCMT, NDLR), le fait que tu as pris la direction du CMT et dirigé le Tchad est une aubaine, une bonne solution. La Constitution du Tchad prévoit le président de l'Assemblée. Dans les conditions actuelles, il a refusé. Vous laisser la charge est une idée salutaire », a affirmé Goukouni Weddeye au président du CMT.

« Pourquoi je dis cela ? Je lui ai expliqué que le Tchad ne dispose pas d'une armée nationale. Le Tchad dispose d'une force appelée DGSSIE qui est 4, 5 fois supérieure à l'armée nationale et qui dispose des moyens. C'est cette force que Mahamat dirige. Si c’est un autre (au pouvoir, NDLR), il ne pourra rien faire. Ces forces ne vont obéir à personne puisque c'est une armée clanique, disons-le en termes clairs. Donc elle ne va obéir aux ordres de personne. Comme Mahamat commandait cette armée, le fait que ce soit lui qui prenne la direction du CMT, quand l'armée obéit tout marche. J'ai salué cette démarche », selon Goukouni Weddeye.

Aux yeux de l'ancien dirigeant tchadien, le dialogue national peut sauver le Tchad mais le détruire en même temps. C'est également un point de vue qu'il a exprimé au PCMT : 

"Maintenant, après cela, le CMT a réfléchi à la mise en place des comités pour convoquer une conférence inclusive. C'est encore une idée salutaire. Cette conférence inclusive peut être utile pour sauver le Tchad et peut même détruire le Tchad. Il y a deux manières de voir les choses. Tel que ça été conçu, si les idées et les intentions restent les mêmes, on peut sauver le Tchad. La conférence inclusive va réussir, Doha va réussir, le tout va acheminer vers une paix durable pour le Tchad. Si après avoir mis ces institutions, si on pense à des calculs pour tromper et jouer tel jeu, si on entre dans le jeu de cache-cache, on risque d'éclater le pays et ce sera grave pour le Tchad", tranche Goukouni Weddeye.