Monsieur le Gouverneur, quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le cadre de votre mission ?
Djibert Younous: Avant de répondre à vos questions, permettez-moi de vous remercier de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur les lignes de votre journal. Répondant à la question posée, je vous dis que, les difficultés ne manquent pas dans l’exercice de toute mission. Parce que, quand on exerce un travail, quand on représente une région, c’est toute une population que vous représentez. Cette population a besoin d’être soutenue par l’État. Voilà, c’est des problèmes que nous vivons tous les jours, quant à la santé, à l’éducation, à l’eau, à l’élevage et à la cohabitation. C’est des problèmes qui sont d’ordre général dans toutes les régions. Donc, grâce à l’appui du Chef de l’État et celui du gouvernement, nous faisons de notre mieux pour que la population puisse vivre dans des bonnes conditions. Telle est le principe de notre mission.
Est-ce que vous avez les moyens qu’il faut pour accomplir votre mission ?
Nous faisons ce que nous pouvons, l’État ne peut pas répondre à toutes nos préoccupations. Toutes fois, chaque gouverneur a des crédits de fonctionnement versés en deux tranches qui lui permettent d’intervenir en cas des difficultés. Donc, avec ce crédit, nous essayons de faire le maximum afin d’accomplir notre mission. Sinon, il n’y a pas des grosses sommes pour nous accompagner.
Quels sont les réalisations qu’on peut mettre à l’active de Djibert ?
Ma mission est de mettre en œuvre ce qui a été décidé par le Chef de l’État à travers le projet présidentiel. Parmi les trois régions qui ont été retenues pour la fête de la démocratie, la région de Salamat a bénéficié assez des infrastructures notamment, la construction du siège du gouvernorat, le stade, le marché moderne, le lycée moderne. Tous ces chantiers sont engagés en 2012 et qui ne sont pas achevés. Quand j’ai pris fonction, j’ai fais de la suivie de ces chantiers, ma première mission. De ce fais, j’avais pris contact avec les agents des grands travaux et ensemble, nous avons visité ces
chantiers tout en rappelant à l’ordre les différentes entreprises afin qu’elles puissent finir les travaux dans le délai. L’État a déjà honoré ses engagements à plus de 70%, donc il n’y a pas une raison pour qu’elles traînent le pas. Cet aspect a été ma première mission. Ma deuxième mission est d’avoir effectué une tournée dans les trois départements. Cela m’a permis d’être en contact avec la population, de les écouter, de recenser leurs doléances et de chercher à les résoudre dans les différents départements et sous préfectures que nous avons visitées.
Parlant de stade, dit-on que la première entreprise aurait disparue sans qu’elle ne puisse finir les travaux… ?
Non ! Il ne reste pas grand chose pour finir complètement ledit stade. Ils sont presque dans la phase de finition et nous pensons qu’ils finiront dans le délai. Je n’ai pas d’inquiétudes. Puisque les travaux sont vraiment à l’état d’avancement. Pour les restes, c’est vrai, à travers le chantier, il y a un reliquat des 3 milliards à payer. Le chef de l’État lors de son passage a donné son accord pour que cela soit pris en compte dans le budget de l’État.
Parlons de la cohésion pacifique. Comment trouvez-vous la cohabitation entre les communautés ?
Lors de ma tournée, j’ai constaté dans les trois départements que les populations sont hétérogènes, sinon, elles sont profondément métissées. Dans les 16 cantons que je dirige, les gens vivent en parfaite harmonie. Certes, il n’est pas facile, lorsque trouve dans une même ville les agricultures et les éleveurs, mais ce qui est sûr, la cohabitation est calme et pacifique. C’est le souhait du Chef de l’État. Vous savez, le Tchad est en train de se développer. Chaque région est en train de s’atteler pour se développer, la population de la région du Salamat ne doit pas déroger à cette règle. S’il y a cette volonté, nous, en tant qu’État, nous allons les accompagner. C’est pourquoi, j’encourage ma population à se regrouper en association ou groupement pour bénéficier des crédits et de l’aide du PNSA.
Gérez-vous souvent le problème agriculteur et éleveur ?
Le problème n’est pas récurrent. Parce que la plupart des éleveurs viennent d’autres régions notamment de la région du Lac Tchad et du Batha. Ceux-là sont concentrés dans le département du Barhr Azoum, Aboudeia et Haraz Mangueigne. Nous avons un couloir de transhumance que tous respectent. Nous n’autorisons pas aux agricultures et éleveurs de violer cette zone de transhumance.
Quelles sont les mesures prises pour contrecarrer les braconniers ?
C’est vrai que le phénomène persiste, mais c’est à minimiser. Parce que, l’État s’est impliqué. Au niveau régional, nous avons pris nos dispositions. Nous avons associé aux agents forestiers la Garde Nomade Tchadienne (GNT) et l’Armée nationale. Vous savez que la région du Salamat est vaste. Elles partagent ses frontières avec le Soudan, la RCA. Souvent ses braconniers viennent de ces pays pour opérer. Pour le moment, la frontière est fermée et ça nous permet de bien la contrôler.
Et la cherté de vie ?
La cherté de vie est un phénomène général. Mais quand même, dans la région du Salamat, la cherté de vie n’est pas trop ressentie. C’est une région où l’on peut vivre facilement. Car la terre est cultivable, elle permet à la population de vivre par la culture maraîchère qui produit suffisamment et ça atténue le coût de la vie. Autre effet positif, il y a le Soudan qui alimente la région du Salamat. Une grande partie des produits de première nécessité vient du Soudan et est vendu à vil prix.
Vous êtes Gouverneur et en même temps Sultan. Comment parvenez-vous à faire rimer les deux à la fois ?
Je suis Sultan des Toundjours, dans le Kanem au département du Ouadi Bissam, avec chef lieu Modam. J’ai mon petit frère qui gère le sultanat. Depuis mon intronisation en 1996, j’ai exercé seulement deux ans. En 1998, j’ai été nommé Sous Préfet à Massenya. Dés lors, j’ai confié le Sultanat à mon petit frère que je le contrôle de loin. Je le surveille et j’ai des informations des temps en temps sur la vie de mon sultanat. Mon sultanat n’est pas à la traîne. Aujourd’hui, nous avons un CEG, un lycée. Depuis que je suis intronisé, nous étions sous préfecture, mais à présent, nous sommes un département, dans lequel, il y a un CEG, un lycée et de l’eau potable partout aux villages.
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