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INTERVIEW

Hassan Ahmadou : « Les déplacés installés à Bogo se portent bien »


Alwihda Info | Par Ahmed Abdoul-Aziz - 26 Août 2022


Le sous-préfet de Bogo s’exprime sur la situation des victimes du conflit intercommunautaire qui a déclenché à Logone Birni, dans le département du Logone et Chari (région de l’Extrême-Nord du Cameroun), entre Arabes Choas et Mousgoums.


Hassan Ahmadou : « Les déplacés installés à Bogo se portent bien »
Monsieur le sous-préfet, que peut-on savoir des déplacés internes qui sont dans votre territoire de commandement ?
L’arrondissement de Bogo dont nous avons la charge d’administrer héberge bel et bien des déplacés internes depuis décembre 2021. Il s’agit des victimes du conflit intercommunautaire qui a déclenché à Logone Birni, dans le département du Logone et Chari. En ce qui nous concerne, nous avons recensé environ 5000 âmes qui ont trouvé refuge chez nous. Ces personnes sont casées dans trois sites, à savoir : Kourdaya, Ardjaniré et Ourro Djouboulé.

Comment sont-elles arrivées chez vous ?
Je pense que tout le monde n’ignore pas la circonstance. Mais toutefois, ce que je peux dire, c’est qu’un matin du 10 décembre 2021, j’ai été surpris de voir des personnes en provenance de Guirvidig, de Maga, et même de Zina, fuyant le conflit, converger vers la localité de Bogo et ses environs. Tout de suite, avec les moyens mis à notre disposition par la hiérarchie, et l’accompagnement des partenaires tels que les ONG, j’ai pris la décision de les caser, voilà comment nous nous sommes retrouvés avec des déplacés internes dans notre arrondissement.

D’autres vous ont-ils rejoint récemment, plusieurs mois après le conflit ?
Oui. Il y en a qui sont venus de Maroua qui sont arrivés il y a quelques semaines. Ce que je sais de cette situation, c’est que ces personnes étaient dans un domicile privé, situé au quartier Douggoï qui appartiendrait à un membre de la communauté Arabe Choa. D’après leur témoignage, là-bas ces gens étaient dans un état de promiscuité. Il se trouve que les femmes étaient logées dans une chambre et les hommes dans un autre local. L’un d’eux m’a même révélé qu’il n’arrivait plus à jouir de son mariage puisqu’il ne pouvait pas se coucher près de sa femme. Voilà pourquoi ils ont décidé de rejoindre leurs frères installés plus tôt ici à Bogo.
Ayant constaté leur présence, l’administration que je représente a tout de suite pris la décision de les accueillir et de leur trouver où loger, avec l’appui du Haut-commissariat des réfugiés basés à Maroua. Ce dernier leur a trouvé des abris et d’autres commodités comme l’accès à l’eau, l’établissement des actes de naissance et bien d’autres.

De manière globale, comment se portent ces déplacés internes ?
Jusqu’ici nous pouvons dire qu’ils se portent tous bien et ne se plaignent pas. Mais sauf qu’ils ont faim. Ils n’ont pas assez à manger. Le gouvernement fait ce qu’il peut pour réduire leur souffrance, mais beaucoup reste à faire. Nous leur distribuons régulièrement des denrées alimentaires. Au cours de la dernière distribution en date, d’il y a quelques semaines, nous leur avons remis le don du chef de l’Etat, constitué de 114 sacs de riz et de 114 sacs de mil.

Y a-t-il des difficultés à encadrer ces déplacés internes ?
Elles ne peuvent pas manquer. Nous avons un problème lié à l’hygiène et l’insalubrité dans les différents camps. A ce sujet, j’ai décidé de convoquer une réunion pour les sensibiliser, surtout en cette période de saison des pluies où les maladies hydriques peuvent causer des dégâts. En dehors de ça, il y a ce problème d’insuffisance de denrées alimentaires. Au début de la crise, plusieurs organisations non gouvernementales s’étaient signalées, mais à nos jours, peu sont sur le terrain pour s’occuper de ces personnes nécessiteuses. Donc, je lance un appel aux âmes de bonne volonté et surtout à nos partenaires, les ONG, de nous accompagner pour soutenir ces personnes qui ont besoin de notre soutien.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)