POINT DE VUE

L'Autorité Nationale des Elections: incompétence ou ultime trahison?


Alwihda Info | Par Alexis Clevis SINGA - 19 Janvier 2016



La démocratie, fruit d'expériences constamment renouvelés en occident pose les jalons d'un universalisme contraignant et difficilement accepté dans ses principes par certaines nations africaines qui, pour la plupart, se nourrissent substantiellement du collaborationnisme de dépendance avec l'ancienne puissance coloniale notamment la France.
Elle est certes imprégnée par des tensions et des incertitudes mais peut être aussi considérée à la fois comme une utopie exaltante et une réalité décevante.
Elle fait l'histoire d'un peuple, d'une nation mais aussi celle des hommes.
La légitimité démocratique trouve quant à elle son fondement dans l'exercice du droit de vote des citoyens.
Cela implique les contributions d'une classe politique, d'un peuple et une volonté souveraine de maîtriser son destin.

Depuis plus de cinquante ans, le peuple centrafricain n'a jamais décidé seul de son avenir. L'ingérence perpétuelle de la France l'a toujours obligé à subir le choix de ses dirigeants, quitte à monnayer le silence des arrivistes politiciens exhibant ostensiblement les fruits de leur trahison.
Pourquoi une telle persistance à vouloir triturer sa souveraineté?
Le pays est à l'image de ces piètres opportunistes plutôt fascinés par le confort matériel que le devenir du peuple centrafricain, arguant même de façon cynique, selon un des cupides personnages et traître à la nation, qu'ils faisaient tous la queue pour prendre les millions.
Ce dernier pousse par ailleurs très loin l'outrecuidance en s'auto-proclamant révolutionnaire après une pseudo-révélation organisée de manière théâtrale et qui au final, cache le soutien à un candidat dont il est proche.
Dans un pays normal, une telle révélation vaut l'ouverture d'une information judiciaire et si les faits sont avérés, une condamnation pour haute trahison. On est malheureusement en Centrafrique où ce qui est illégal pour les nations policées devient légal.
Le patriotisme n'exprime pourtant pas l'idée d'un rejet du droit et de justice; il stipule bien au contraire l'attachement et l'amour d'un individu à sa patrie, alors pourquoi ne sommes nous pas capables de cracher sur les sollicitations étrangères tendant à torpiller l'unité de notre nation?
Les élections en République centrafricaine ont montré les limites de cette transition et sa volonté hésitante d'accompagner de manière consensuelle le processus électoral devant déboucher sur un éventuel retour à l'ordre constitutionnel.
Quoi de plus normal, que de garantir aux Centrafricains une totale transparence à tous les niveaux sur cet événement majeur attendu depuis trois ans?
Cette exigence, me semble t-il, n'est pas un crime.
D'aucuns dirons: "on était pas prêt, mais vous aviez dit élections? Allons seulement!".Des propos qui laissent apparaître un dilettantisme insupportable au regard des enjeux dont dépendent ces élections.
"Allons seulement... mais avec les yeux ouverts pas avec des yeux bandés par la transition, la communauté dite internationale ou l'Autorité Nationale des Elections", car il en va de l'avenir du peuple centrafricain.

Le grand défi qui se pose à nous aujourd'hui est celui du respect de la décision souveraine de nos compatriotes. Il est dans l'intérêt de la nation et même de chaque candidat de prouver qu'il n'a pas bénéficié de la fraude massive organisée au sein de l'Autorité Nationale des Elections en acceptant:
- le test de fiabilité du système informatique traitant les données
- le recomptage manuel des voix
- le strict respect des procédures de diffusion des résultats établies par la loi électorale.
Il n'est pas ici question d'annulation, ni de mise en cause des futurs élus mais de lever toutes suspicions pouvant entacher leur élection ou sur leur possible adhésion à cette tricherie, car voyez-vous les conséquences risquent d'être irréversibles et les visiteurs étrangers se frotteront les mains pendant plusieurs décennies.

Le futur président centrafricain ne doit en aucun cas être mal élu. Trois ans d'attente pour retomber dans une crise post-électorale, c'est non!

On entend dire également que le code de bonne conduite, oblige les candidats à ne pas opposer une quelconque constatation de tricherie organisée.
Il est pourtant stipulé nulle part qu'en cas de fraude massive, les candidats doivent renoncer à leurs droits.
Que ces chroniqueurs et analystes en herbe prennent le temps de lire les textes, avant d'aboyer.
Ces usurpateurs excellent également dans la propagande avec leurs écrits aux contenus fondamentalement nauséabonds et qui les propulsent au paroxysme de l'intolérance vis à vis de nos compatriotes arrivés en tête ou pas de ces élections, oubliant au passage la douleur de chaque famille ainsi que les victimes des terroristes de la Séléka et des miliciens tueurs.
Le débat politique se trouve ainsi déprécié et ramené sur le plancher boueux de l'ethnicisme, voire du calcul politicien.
Est -ce de l'ignorance ou simplement de l'irresponsabilité?
Dans tous les cas, il va falloir cibler ceux qui prennent le temps de calomnier, d'invectiver et de propager la haine gratuitement sans être inquiétés alors qu'ils ont comme ultime devoir de se consacrer à la promotion du projet de leur candidat. Ils doivent rendre des comptes car trop c'est trop.

Pour sa part, la Cour constitutionnelle de transition a la responsabilité historique et moral de dire le droit, rien que le droit au regard de ce qu'elle juge conforme à la légalité. Il n'y a pas d'alternative à ce principe.
Pour autant l'Autorité Nationale des Elections ne peut s'exonérer des graves dérapages pouvant mettre en péril la nation centrafricaine. La justice doit prendre ses responsabilités et agir au nom du peuple pour enfin punir avec une extrême sévérité les personnes sur lesquels pèsent des présomptions de culpabilités en rapport évidemment avec ces fraudes massives.

Toutefois, nous espérons que chacun de nous comprendra qu'in fine, le vainqueur de cette bataille électorale ne sera autre que la nation toute entière et qu'à force d'accepter l'injustice, il ne risque plus y avoir de justice.


Fait à Paris le 19 janvier 2016

Alexis Clevis SINGA


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