ANALYSE

L'extrémisme a terni l'image de l'Islam, peut-on négocier avec les extrémistes?


Alwihda Info | Par - 27 Mai 2015


Soyons réalistes, la réponse par la force à ces terroristes usant la violence extrême n’est pas une solution mais un moyen de pression pour parvenir à la table de négociation.


La violence dans toutes les religions est, depuis la nuit des temps, pratiquée comme un moyen de défense de la foi, c'est à dire la guerre sainte qui fut dans l'Islam dès le début un élément vital.

Toute l’expérience historique confirme que les religions se sont affrontées à ce phénomène de violence, avec des résultats très divers, généralement négatifs pour l'humanité. Ce phénomène intervient surtout lorsque des groupes de personnes se sentent frustrés, marginalisés ou injustement déclassés, ou croient subir l’oppression d’une quelconque tyrannie. Il suffit d'être victime d'une injustice pour que ces hommes puissent chercher à détenir le moyen spécifique de la violence qu'ils estiment légitime pour s'opposer, se rebeller, se défendre voire se venger. Une option de survie quelquefois ! Ils forment des organisations animées par des idéologies religieuses, qui affirmaient, avec une bonne foi subjective, qu’ils défendent, au nom de la religion, des conceptions d’une vie meilleure. Ils se trouvent ainsi dépassés par des graves violations des droits de l'homme perpétrées par certains désœuvrés ayant rejoint les rangs pour diverses autres raisons comme l'aventure, le butin, le pouvoir, la vengeance. Victimes, au départ, des atrocités, ils deviennent eux même des cruels et des bourreaux. Cette transition s’analyse généralement dans les milieux où la justice fait cruellement défaut où les plus faibles sont écrasés par la loi du plus fort.

L’heure est venue de se poser la question suivante :
Qui sont ces partisans de la violence ?

Personne ne naît violent comme le plébiscitait le défunt Nelson Mandela. Il a toujours été facile de rattacher ces mêmes partisans à la religion qu’ils prétendent défendre et aujourd’hui on parle d’islamisme, de djihadisme, d’intégrisme…, des termes employés tous les jours par les médias. On s’arrête à l’identité culturelle et spirituelle plutôt qu’à l’identité sociale qui reste pourtant et malheureusement bel et bien la vraie cause de l’obscurantisme et de la violence terroriste.
Quand on parle d’identité sociale de ces personnes engagées dans de telles organisations terroristes, on parle de leur milieu social, de leurs vécus, des difficultés et des frustrations quotidiennes frappant ces personnes citoyennes n’étant pas au départ animées par de tels idéaux. Les terroristes « islamistes » sont aussi des êtres humains, des citoyens de base qui pour la plus part ont connu des conditions moroses engendrées par les dictatures, des violations intempestives de liberté, des gros écarts d’inégalités ou d’inconsidération sociale mais aussi humaine de ces personnes originaires du « bas peuple ».

En pactisant avec ce moyen de violence, le groupe qui croit mener bien son fiacre récolte le contraire de ce qu'il cherche. Au lieu de vouloir défendre la religion, il ternit involontairement son image. Il la faiblit et la divise en plusieurs sectes. C'est le cas de Boko Haram au Nigeria et de DAECH en Irak et Syrie. Toutes ces organisations extrémistes sont nées de la violence, de la dictature, de la tyrannie et des terribles répressions dans leurs différents pays, une injustice qu'ils ont tous subis au vu et au su de toute la communauté internationale restée muette. Concrètement pourquoi un citoyen qui vivrait correctement irait se révolter ou s’engager au sein de telles organisations terroristes ? Au Nigeria, les forces de l’ordre ont arrêté et humilié jusqu’à la mort le chef de Boko Haram au lieu de lui assurer un jugement normal. Les Daechistes sont les « échappés » des dictatures arabes que la communauté internationale a cautionnées et cautionne encore. On suit ce qui se passe en ce moment en Egypte : un coup d’Etat militaire vient balayer un régime démocratiquement élu, dont le président injustement détenu et condamné à mort avec une centaine d’autres opposants. Ceux qui échappent à la répression et à la tyrannie partent, sans doute, grossir les rangs des « organisations de désespoir », exprimant la haine et le soif de vengeance. Et pourtant, en dehors de l’Allemagne qui a haussé le ton, tous les autres pays « des droits de l’homme » gardent le silence.

Libye, Yémen, Syrie, Irak, Nigeria, Soudan, Burundi et bientôt la Jordanie, l’Arabie Saoudite, Israël et au-delà ; le feu est en train de s’étendre progressivement partout au monde et tous ceux qui se croient à l’abri de cette nouvelle forme de violence se trompent largement.

Le temps n’est pas de répertorier les crises, mais de tirer la sonnette d’alarme pour prendre une décision courageuse et immédiate pour éradiquer les sources de la violence et les machines productrices de l’extrémisme et ce, en commençant par admettre que les puissances occidentales ont la responsabilité de s’assumer. Il ne serait plus question de laisser subsister des régimes politiques répressifs ou des dirigeants usurpant encore le pouvoir par la force et la violence, privant ainsi l’extrême majorité de tous leurs peuples de choisir leurs dirigeants qui ambitionneront à défendre leurs propres intérêts les plus légitimes. Il faut une vraie démocratie c’est l’arme la plus efficace contre le terrorisme, il faut faire ressentir à ces peuples que l’action du vote reste une arme fiable leur permettant de faire valoir leurs droits, excluant ainsi l’option de la révolte et du terrorisme. Il faut que tous ces « bas-peuple » constituant la majorité des citoyens des Etats défavorisés et engloutis dans les maux générateurs de violences causés par leurs dirigeants reprennent estime en eux et ce en leur donnant une considération d’un minimum respectable. Cette considération doit être rendue par les politiques et les dirigeants, enfin que ces peuples doivent être écoutés et les plus faibles doivent davantage être protégés. Ces leçons de démocratie pullulent les analyses récentes provenant de tout part mais sont très souvent ignorés alors mêmes qu’elles constituent les vraies solutions face aux crises de notre monde actuellement.

Soyons réalistes, la réponse par la force à ces terroristes usant la violence extrême n’est pas une solution mais un moyen de pression pour parvenir à la table de négociation.

L’occident a cru en 2003 que déloger l’ancien dictateur Saddam Hussein serait un fardeau de moins pour le peuple irakien, aujourd’hui en 2015, force est de constater que l’Irak est envahi par la plus grande organisation terroriste, provoquant un génocide humain et sanglant, et les terroristes ne sont plus qu’à quelques centaines de kilomètres de la capitale politique et économique du pays.

On a cru en 2011 par exemple que renverser Kadhafi permettrait de répondre aux doléances du peuple libyen. Hélas ! nous ne pouvons nier que ce pays constitue aujourd’hui le carrefour de plusieurs organisations terroristes semant la terreur jusqu’au-delà des frontières.

L’Europe doit agir, l’Amérique doit agir, les Etats les plus puissants ont la possibilité de faire régner de manière légitime des démocraties durables et respectables partout dans le monde.
L’hypocrisie politique prônant le silence sur les Etats dictatoriaux doit être bannie et abandonnée car cela reste préjudiciable à long terme, cela veut donc dire que toutes les violences modernes des plus petites aux plus grandes doivent être dénoncées et combattues avec la plus grande fermeté. Mais tant que l’Occident fermera les yeux sur l’existence de tels Etats en collaborant avec eux pour des intérêts convoités et les sanctionnera par la suite pour des intérêts internationalement officialisés, le monde restera ensanglanté, car au sein des peuples marginalisés se créera des fractions violentes, autoritaires qui pourront demain faire pire que DAECH.



Peut-on négocier avec les organisations extrémistes ?

A suivre......
Journaliste-reporter Alwihda Info. Tél : +(235) 63 38 40 18 En savoir plus sur cet auteur

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