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TCHAD

La guerre de 1979 au Tchad, 44 ans plus tard : un souvenir toujours vivace


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 12 Février 2023


Le Tchad a connu une période sombre de son histoire entre 1979 et 1980, lors de deux confrontations sanglantes pour accaparer le pouvoir.


Soldats tchadiens lors du cessez le feu entre les rebelles de Hissène Habré et les partisans du président Felix Malloum à N'Djamena le 20 février 1979, Tchad. (Photo by Daniel SIMON/Gamma-Rapho via Getty Images)
Soldats tchadiens lors du cessez le feu entre les rebelles de Hissène Habré et les partisans du président Felix Malloum à N'Djamena le 20 février 1979, Tchad. (Photo by Daniel SIMON/Gamma-Rapho via Getty Images)
La guerre du Tchad en 1979 a été précédée de plusieurs incidents qui ont contribué à la polarisation de la population entre les différents camps politiques.

Le premier incident important a eu lieu le 25 septembre 1978, explique Acheikh Ibni Oumar. Pendant que le président Malloum était en visite en Chine, le Premier ministre Hissein Habré a fait un discours à la Nation à la radio, dans lequel il a dévoilé un programme politique radical. Ce discours aurait dû être traduit en arabe (langue officielle reconnue par la Charte fondamentale) puis en Sara, mais il n'a finalement été traduit qu'en Sara, ce qui a été interprété comme un acte de défiance délibéré de la part du Premier ministre. Habré a personnellement protesté dans les studios de la radio pour empêcher la traduction en Sara, contribuant à la polarisation de la population entre les pro et anti-Habré.

Peu à peu, la situation politique s'est tendue. Le Conseil des ministres ne se tenait plus régulièrement et l'intégration des combattants des FAN (Forces Armées Nationales) dans l'armée nationale était de plus en plus difficile. Dans son message de vœux pour l'année 1979, le général Malloum a indirectement répondu au message à la Nation de son Premier ministre. Des rumeurs d'arrestations programmées ont commencé à circuler et Habré a fait venir des combattants de son fief de l'Est pour assurer sa sécurité. Les FAT (Forces Armées Tchadiennes) se sont également renforcées.

Le 10 février, à Abéché, des tracts appelaient à la grève en soutien au "gouvernement d'union" (camp Habré). Le 12 février, Ndjamena devait suivre. Au lycée Félix Eboué, des altercations ont éclaté entre les élèves grévistes et les non-grévistes. L'étincelle qui a finalement déclenché la guerre a été l'incident au lycée Félix Eboué à N'Djamena. 

Le 12 février 1979, une perturbation a eu lieu dans une salle de classe du lycée Félix Éboué lorsque des élèves ont fait irruption et ont demandé au professeur de les autoriser à publier un communiqué du Conseil de commandement des forces armées du Nord (CCFAN). Cependant, des élèves ont protesté, ce qui a déclenché une rixe à l'intérieur de la classe et dans la cour du lycée Félix Eboué.

La situation à N'Djamena a rapidement dégénéré le 12 février 1979, lorsque les gendarmes en poste pour protéger la Radio-Tchad, située en face du lycée Félix Éboué, ont dû faire feu pour disperser les combattants. Les soldats du CCFAN, responsables de la sécurité du Premier Ministre Hissein Habré à Sabangali, ont alors pris d'assaut le lycée sous prétexte de venir en aide à leurs militants. Les tirs ont éclaté à l'intérieur du lycée et les affrontements ont éclaté dans plusieurs endroits de la ville, opposant les forces armées du nord et du sud ainsi que les citoyens pacifiques.

Le général français Louis Forest lors du cessez le feu entre les rebelles de Hissène Habré et les partisans du président Felix Malloum à N'Djamena le 20 février 1979, Tchad. (Photo by Daniel SIMON/Gamma-Rapho via Getty Images)
Le général français Louis Forest lors du cessez le feu entre les rebelles de Hissène Habré et les partisans du président Felix Malloum à N'Djamena le 20 février 1979, Tchad. (Photo by Daniel SIMON/Gamma-Rapho via Getty Images)
En quelques heures, la ville s'est transformée en champ de bataille avec des tirs de mortiers, des fusillades à l'arme lourde et des exactions. Le Colonel Adoum Kokoï, qui était le commandant adjoint des opérations des FAN, a fourni une version des événements qui décrit l'imprécision, le flou et le caractère inéluctable des actions qui ont conduit à ces affrontements meurtriers.

Selon Kokoï, il s'est rendu au lycée avec 14 autres militaires armés de kalachnikovs pour s'enquérir de la situation. Cependant, ils ont essuyé des tirs d'armes automatiques de la part de la gendarmerie et l'engrenage funeste était déclenché. Kokoï a décrit les 13 minutes de combats qui ont suivi et comment ils sont entrés dans la Radio Nationale Tchadienne, causant la mort de 106 à 110 gendarmes.

Le ministre de l'Agriculture de l'époque, Marc Bérémadji, a décrit la situation comme étant "folle" et a déclaré que les ministres devaient obéir au Premier ministre dans le fonctionnement normal de l'administration.

Le 14 février, le chef d'état-major des armées, Nguemourou, a démissionné et a été remplacé par le général Negué Djogo. Kamougué et ses troupes tentaient de contrôler la situation, tandis que le CDR d'Ahmat Acyl a refusé son aide à Habré.

Selon l'ancien président Goukouni Weddeye, les troupes de Habré n'avaient pas les moyens de se battre et de l'emporter, ce qui a amené une partie de la population de la capitale à demander l'aide de la faction Goukouni. En revanche, Gali Gatha N'Gothé, témoin des événements, a déclaré que "Habré avait des garanties. Il était sûr de ses moyens pour faire la guerre".

Les troupes françaises, sous le commandement du général Forest, étaient restées neutres et n'ont pas été directement impliquées dans les combats. Elles n'ont eu d'autre choix que d'essayer d'obtenir un cessez-le-feu et d'évacuer les ressortissants français et étrangers en danger.

Mahamat Nouri, dans une interview en mai 2015, a décrit comment les 362 personnes sous les ordres d'Hissène ont combattu des milliers d'hommes de l'armée tchadienne. Selon Nouri, en trois heures de combat, ils ont perdu seulement une vingtaine d'hommes et ont pris le contrôle de la radio-Tchad, la télévision tchadienne, le camp principal de l'armée tchadienne et ont coupé les ponts. Il a également mentionné comment la Garde Nationale a changé de camp avec l'appui de la population, très opposée au régime de l'époque.

La guerre civile au Tchad a eu un impact profond sur l'histoire du pays. Elle a laissé un héritage complexe.



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