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INTERVIEW

« Le Cameroun base arrière de Boko Haram » (David Wanedam)


- 15 Mai 2014


Le Coordonateur de la Rédaction de L’œil du Sahel, analyse la situation dans l’Extrême Nord du Cameroun, après les excursions de la secte islamique Boko Haram.


© Camerpost – Propos recueillis par Olivier NDEMA EPO

« Le Cameroun base arrière de Boko Haram » (David Wanedam)
Qu’est-ce qui justifie les attaques de Boko Haram sur le territoire camerounais ?
 
L’explication est simple. L’armée nigériane et les Etats unis d’Amérique, mettent la pression sur Boko Haram dans le Nord Est du Nigéria. Les éléments de cette secte islamique n’ont plus d’autre choix, que de se replier stratégiquement vers le pays le plus proche, le Cameroun. Ils viennent s’y reposer, préparer de nouvelles attaques et se ravitailler. Si au Cameroun ils ne trouvent aucune menace réelle ils vont forcément proliférer, contrairement au Nigéria où ils sont acculés. L’Extrême Nord du Cameroun est la zone la plus proche de l’Etat de Bornou au Nigéria, qui est considéré comme le foyer de Boko Haram.
 
Les autorités camerounaises sont-elles dépassées par les événements ?
 
Peut être pas. Mais je pense plutôt qu’il y a eu une erreur d’appréciation. Les autorités camerounaises ont mal apprécié la menace au départ, en considérant cette situation comme une guerre nigéro-nigériane. Elles pensaient que Boko Haram avait maille à partir avec le Nigéria seulement, et ne s’attaquerait pas au Cameroun. C’était d’ailleurs le discours que tenaient les leaders de Boko Haram. Les mesures prises par le Cameroun n’étaient donc pas à la mesure de la situation. Les choses ont par conséquent évolué dans le mauvais sens. La secte islamique procède en ce moment par des attaques véritables et ciblées sur le territoire camerounais. C’est en cela que le Cameroun a mal jugé la menace.
 
Quelles mesures devraient prendre le Cameroun pour maitriser la situation ?
 
Cette guerre est asymétrique. Le Cameroun doit améliorer son système de renseignement. Le Nigéria par exemple a opéré un changement stratégique à la tête de ses services de renseignement, il y a quelques jours. Le Cameroun devrait faire de même. L’on a reproché aux chefs traditionnels et aux autorités locales de ne pas coopérer. C’est normal, ils ont peur. C’est en améliorant les renseignements que l’on saura qui est de Boko Haram, qui n’en fait pas partie, et qui est chargé de convoyer les armes. Je pense que ceci est la première mesure à prendre. Il faut par la suite renforcer les effectifs. Le Cameroun a suffisamment d’hommes dans les autres Régions du pays où il ne se passe rien. J’ajoute que le Cameroun a lancé des recrutements au sein de ses forces de défense. Cela ne va pas servir à grand-chose puisqu’il s’agit d’une guerre d’un tout autre genre. Les soldats sur le terrain doivent savoir à quel type d’ennemi ils ont affaire et comment réagir. Ce n’est pas une guerre contre une autre armée. Ils doivent pouvoir faire face à ce type de menace. Mais pour cela il faut prendre des dispositions supplémentaires.
 
Où se trouvent les jeunes filles qui ont été récemment enlevées par Boko Haram ?
 
Nul ne le sait. L’on dit tantôt qu’elles se trouvent au Cameroun, au Tchad ou sur la zone frontalière entre le Cameroun et le Tchad. Une chose est certaine, il est impossible de regrouper toutes ces jeunes filles au même endroit. Elles ont sûrement été scindées par petits groupes pour mieux les garder. Il est possible qu’elles soient au Cameroun, au Nigéria et au Tchad. Si elles étaient gardées au même endroit, on les aurait repérées rapidement.
 
Boko Haram a parlé de les vendre
 
C’est la politique de Boko Haram. Boko Haram se revendique de l’idéologie islamique sunnite. Or les autorités sunnites demandent à Boko Haram de ne pas traiter les jeunes filles enlevées comme des esclaves.
 




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