En consultant l’ADI, je viens de tomber sur le récit de ce que le service d’information de Guelleh et de son système appelle «une grande manifestation de soutien au président».
Avec un régime autoritaire et sanguinaire, les mots n’ont plus de sens. Une manifestation, c’est pour protester contre des mesures jugées draconiennes par exemple les mesures adoptées après un plan d’ajustement structurel, pour revendiquer des droits par exemple le versement des salaires, pour dénoncer certaines pratiques administratives abusives par exemple l’arrestation, la détention sans jugement des opposants… Depuis quand une manifestation convoquée par l’opposition ou une association des droits de l’homme ou des syndicats est autorisée par le gouvernement autoritaire d’IOG ? De mémoire d’homme, je ne me rappelle plus.
Pour celles et ceux, qui font la différence entre le grain et la paille, la société civile et les organisations non gouvernementales n’ont pas théoriquement une implication politique. Et elles n’initiative de convoquer une manifestation politique, parce que la fameuse manifestation gigantesque du 1 novembre est de nature politique. Les structures de la société civile et leurs responsables ont toujours été poursuivis violemment par le pouvoir gouledien et iogien. Pour rafraîchir la mémoire à beaucoup de gens, dans les années 1990, 2000 et 2001, les organisations syndicales des enseignants.es ont subi la répression du pouvoir alors qu’elles demandaient les droits des travailleurs.es. Pour défendre la façade auprès de ses bailleurs occidentaux, peu exigeants, elles ont été clonées. Elles ont subi un processus qui permet à celles et ceux qui contrôlent le système autoritaire de nommer ou désigner les leaders des syndicats. Rappelez-vous cela s’est passé aussi pour les nouveaux dans les années 1990.
C’est surprenant que des gens décident de leur propre initiative l’organisation d’une manifestation politique pour soutenir un homme politique. La constitution a été réformée en 2010 pour supprimer le verrou empêchant un président de se présenter plus de 2 mandats. Donc, il n’y a pas de problème constitutionnel sur ce point. La décision de se présenter est une décision personnelle, le président n’a pas besoin d’un appui de l’opinion populaire. Et dans un parti où le président est le personnage central, c’est lui qui a le dernier mot. Au RPP, nul ne doute qu’il y a un vote pour désigner un candidat aux élections présidentielles. Ce n’est pas un parti de courants politiques, mais bien un parti qui s’identifie à son chef, qui lui sert pour ses ambitions et projets politiques. L’opinion populaire n’existe pas, elle est le fait d’une création de celles et ceux qui ont le pouvoir. Plus qu’une opinion populaire qui surgit, on assiste à une manipulation du pouvoir.
Comment des gens à qui ont privé de leurs salaires montrent leur joie à un président, qui gère mal le pays. Peut-on croire qu’il y a des gens, qui font passer leurs souffrances après une question politique ? En réalité il faudrait faire des études sociologiques, mais comme dans un régime conservateur, corrompu et autoritaire, ces études sont bannies parce qu’elles sont considérées dangereuses.
Tout les fonctionnaires de l'état sont obligés de se présenter à la manifestation sans oublier des agents en civils ainsi que leur famille.
Malgré la manne des bases militaires étrangères (au moins 120 millions €), destructrices du tissu social et de l’environnement du pays, on comprend pourquoi ces derniers mois les fonctionnaires et autres travailleurs.es de l’Etat n’ont pas reçu leurs salaires. Ils ont servi à financer une compagne ignoble et dénigrante pour sa candidature en avril 2016. Ignoble, parce que c’est immoral de jouer sur la vie des personnes humaines, de la grande majorité de la population. Dénigrante, parce que les personnes qui l’appuient dans cette grande manifestation ou d’autres manifestations antérieures, reçoivent une misère au lieu de bénéficier de leur droit, percevoir leurs salaires.
En 1999, IOG était inconnu du grand public, et pourtant il a été élu (de manière frauduleuse) président de la République face à un candidat indépendant. Ce dernier a été emprisonné.En 2005 , il était le seul candidat en lise à sa propre succession alors que l'opposition ont Boycotté et ce dernier a été réélu comme toujours avec des fraudes à 100 % , dans les deux cas il n’a jamais eu besoin d’un appui populaire alors pourquoi en 2011 et 2016 ?
En 1999, il s’est imposé par la violence au sein du RPP, en écartant d’autres potentiels candidats, qui ont fait la traversée du désert pour le soutenir en 2005. Sa politique sur tous les plans n’a pas de résultat positif. Tout ce qu’on écrit de positif, ce n’est que de la fumée. Il y a un rejet populaire contre sa politique, sa personne et son système. Donc une manière de contourner ce rejet, il recourt à la pression sur les gens en les obligeant à lui apporter un soutien dans les rues. Il cherche des esclaves.
Ce monsieur ne respecte pas la dignité humaine, les droits fondamentaux de la personne humaine, les principes constitutionnels, le contexte juridique national, la compétition électorale… Il a une mauvaise foi envers l’opposition et envers la population. Son programme électoral est un chiffon. L'important, c’est le pouvoir, la violence, l’humiliation…
Depuis quelques années, on assiste dans d’autres pays africains (Burkina Faso, Gabon, République Démocratique du Congo, Sénégal…) une réaction des mouvements de la jeunesse aux dirigeants autoritaires.
Un peuple opprimé a toujours la capacité de réagir contre son oppresseur.
Vive la dignité du peuple djiboutien.