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ANALYSE

Quatre atouts majeurs pour lesquels l’énergie solaire est une opportunité pour l’émergence du Tchad


Alwihda Info | Par - 21 Février 2021



Par le Bureau pour l’Afrique centrale de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).

La ville de N'Djamena. © Ben Kadabio/Alwihda Info
La ville de N'Djamena. © Ben Kadabio/Alwihda Info
À travers la vision 2030 baptisée « le Tchad que nous voulons », le Tchad ambitionne de réaliser son émergence à l’horizon 2030. Expression de l’engagement ferme du Président de la République, Son Excellence Idriss Deby Itno, cette vision s’articule autour de trois Plans Nationaux de Développement (PND), à savoir les PND 2017-2021, 2022-2026 et 2027-2030. En vue de matérialiser cette ambition dénommée « Vision 2030 », un Plan Directeur d’Industrialisation et de Diversification Économique, PDIDE en sigle, a été élaboré avec l’appui de la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA). En effet, le PDIDE vise à développer une économie diversifiée et compétitive dotée d’infrastructures essentielles au processusd’industrialisation,dont l’accès à l’énergie,qui réponde aux aspirations des populations à faible revenu. Parlant d’énergie, le Tchad dispose d’au moins quatre atouts pour investir dans la production d’énergie solaire en Afrique centrale.

Atout 1 : Tirer profit des ressources naturelles du Tchad

En raison de sa dépendance aux revenus du pétrole et de la baisse de ses cours depuis 2014, le PIB du Tchad affiche une tendance baissière ; cette situation a été récemment aggravée par la pandémie de la Covid-19 qui a entrainé une baisse de 50% du prix du pétrole. En tout état de cause, ces faits renforcent la pertinence du plaidoyer de la CEA, sur la nécessité pour les pays d’Afrique centrale d’investir dans la diversification économique et la transformation structurelle basée sur les ressources naturelles, conformément au Consensus de Douala. Pour le Tchad, ceci passe par la valorisation de son capital naturel dans la mise en œuvre de son développement durable, notamment son potentiel en énergie solaire. En effet, le Tchad bénéficie d’une irradiation solaire comprise entre 2000 et 2800 Kwh/m2 en moyenne, avec 2750 à 3250 heures d’ensoleillement par an. C’est un atout susceptible de répondre à la demande nationale d’électricité à hauteur d’approximativement 10% par an. À travers le PDIDE, les premières centrales photovoltaïques peuvent porter la part de l’industrie manufacturière dans le PIB de son niveau actuel de 8% à 16%, et la part de l’exportation des produits manufacturiers dans les exportations totales de 2% à 6% en 2030. Les ressources naturelles, notamment le soleil abondant, ainsi exploitées aideront l’État du Tchad à se développer et à accroitre les opportunités d’emplois à ses jeunes.

Atout 2 : Energie à moindre coût

Au Tchad, seulement 6,4% de la population a accès à l’électricité. Une famille dépense près de 50 % de son revenu pour se chauffer et s’éclairer. Les solutions à la portée des ménages pauvres sont non seulement coûteuses, mais surtout dangereuses pour la santé. En effet, les lampes à kérosènes, bougies ou lampes à piles de basse qualité sont à l’origine de nombreuses maladies respiratoires, mais aussi des incendies et des accidents. Le développement de l’énergie solaire est donc salutaire pour le Tchad au regard de son fort potentiel en énergie solaire et de l’existence d’une main-d’œuvre jeune qui démontre un engouement particulier pour les emplois verts. Le Plan d’Actions Prioritaires (PAP) triennal (2020-2022) du PDIDE prévoit un financement par le Tchad de ses projets prioritaires à hauteur de 595,6 Milliards de Francs CFA ; il s’agit notamment de la construction des centrales solaires qui va catalyser la transformation agro-pastorale, dynamiser l’économie verte pour concrétiser la croissance accélérée et la transformation réussie de son économie. À titre d’exemple, la construction et l’exploitation de la centrale solaire photovoltaïque de Djermaya, d’une capacité électrique maximale de 32 MW, contribuera à la durabilité du secteur électrique au Tchad. Il réduira également les coûts de production, augmentera la puissance énergétique du pays, en plus de contribuer à 10% de l’énergie fournie au système interconnecté (ce qui représente environ 25 000 clients). Le projet permettra aussi la diversification du mix énergétique par l’introduction des énergies renouvelables dans un système de production thermique basé sur des combustibles fossiles. Ce qui permettra au Tchad de réduire les émissions carbones de 38000 tCO2 par année, conformément aux engagements du pays.

L’exploitation à bon escient de ces ressources locales à moindre coût, favoriserait donc une véritable industrialisation et diversification économique du pays, ainsi que l’offre de nombreux services sociaux, d’une éducation de qualité et d’une santé pour tous.

Atout 3 : Collaborer avec des pays-amis, notamment le Cameroun

Le Tchad devrait collaborer avec les pays qui partagent les mêmes besoins énergétiques, au rang desquels le Cameroun. Des synergies d’actions et de projets concertés entre États restent donc envisageables. Dans le sillage et la continuité du Pipeline Tchad-Cameroun, le Tchad pourrait une fois de plus coopérer avec ce pays frère dans le domaine de l’énergie solaire, qui bénéficie de très bons taux d’irradiation solaire dans ses régions septentrionales. En effet, les régions de l’Extrême-Nord et le Nord du Cameroun, comportent respectivement des taux d’irradiation chiffrés à 171,7 KWc et 151,5 KWc ; soit un total de 323,2 KWc. De même, la région septentrionale du Cameroun affiche une insolation moyenne de 5,8 KWh/m2/j, bénéfique à l’ensemble de cette région limitrophe du Tchad. Ces ressources solaires mutualisées, au travers d’une collaboration solaire commune inter-étatique en Afrique centrale, contribuera davantage à la création de nombreux emplois verts dans les deux pays, entrainant entre autres au Tchad une forte baisse du prix du kilowatt de 55 F CFA actuellement en vigueur à la Société Nationale d’Electricité. 

Atout 4 : Bénéficier de l’expertise ‘‘solaire’’ du Maroc

Des grandes réformes dans le domaine de l’énergie solaire doivent s’opérer au Tchad afin de combler la pauvreté énergétique dont souffre malheureusement la plupart des ménages. Pour ce faire, et afin de maintenir une croissance durable, il est primordial pour le Tchad de comptabiliser son capital naturel, à savoir ses ressources naturelles et sa biodiversité et les intégrer dans la planification du développement de son économie. Représentant 36% de la richesse nationale, le pays gagnerait à prendre en compte cette composante naturelle afin de disposer d’un PIB qui reflète la réalité. C’est-à-dire exploiter à bon escient son potentiel naturel, en suivant les sillons tracés par des bons modèles de réussite dans le solaire, à l’instar du Maroc. En effet, le Tchad gagnerait à se rapprocher du Royaume Chérifien qui dispose déjà d’une longueur d’avance dans le domaine de l’industrialisation solaire. Le Maroc compte précisément la plus grande centrale solaire thermique à concentration de la planète avec 580 MW. Cette réussite Marocaine peut ainsi servir d’exemple au Tchad pour exploiter son potentiel solaire et soutenir son développement durable. Cette démarche heuristique favorisera au Tchad la prise de meilleures décisions économiques qui lui garantiront un véritable développement durable, de concert avec les dispositions de la CEA à l’endroit de ses états-membres. 

De tels préalables dans le domaine du solaire, permettront au Tchad d’occuper une place de choix en Afrique centrale et de diversifier sa productivité, tout en lui permettant d’amorcer la phase de reprise de son économie après les différentes crises vécues ces dernières décennies. Avec le concours des différentes parties prenantes, l’énergie solaire peut certainement inaugurer une ère nouvelle pour l’émergence du Tchad. 
Djimet Wiche Wahili
Journaliste, directeur de publication. Tél : +(235) 95415519 / 66304389 E-mail :... En savoir plus sur cet auteur



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