
Le chef rebelle Bobo de 3R entouré de ses gardes du corps/ Image : Corbeau News
Pour rappel, cet accord de cessation des hostilités a été signé le 19 avril 2025 à N'Djamena, au Tchad, entre le gouvernement centrafricain et ces deux factions rebelles. Les pourparlers ont été facilités par des leaders de la communauté peule. L'accord prévoit l'engagement des deux groupes à mettre fin aux hostilités, à dissoudre leurs mouvements et à réintégrer la vie civile. Cette information avait été rendue publique le 23 avril à Bangui, lors d’une réunion sur la sécurité nationale.
Un énième accord pour la paix en RCA
Cet accord marque une nouvelle tentative du gouvernement centrafricain de restaurer la paix en République Centrafricaine. Il s’inscrit dans la continuité de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR-RCA), discuté à Khartoum et signé le 6 février 2019 à Bangui, qui reste le cadre de référence des discussions actuelles. « Le mouvement 3R et l’UPC ont décidé de déposer les armes et de réintégrer l’APPR-RCA », a déclaré le président Faustin-Archange Touadéra en personne.
Concernant les démarches qui ont permis d’aboutir à cette entente, l’émissaire centrafricain, le Général Henry Wanzet Linguissara, ministre conseiller à la présidence de la République en matière de sécurité, n’a pas hésité à louer la contribution des autorités tchadiennes.
Le Tchad, garant de l'accord
« Cela fait des années que nous nous battons. Les chefs traditionnels peulhs ont exprimé les plaintes auprès du président de la République. C’est ainsi que j’ai été mandaté pour me rendre à N’Djamena. Avec l’aide de la partie tchadienne, et sous l’égide du président Mahamat Idriss Deby, les leaders des mouvements 3R et UPC, notamment Abdel Kader Sembe Bobo et Ali Darassa, ont exprimé leur volonté de revenir dans le processus de l’APPR-RCA et de la feuille de route de Luanda. Le Tchad est le garant de ce nouvel accord », a précisé le Général Linguissara.
Toutefois, les clauses précises de cet énième accord entre Bangui et ces deux factions rebelles n’ont pas été dévoilées, contrairement à l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de février 2019. Cependant, ce qu’il faut retenir, c'est l'engagement des deux factions à dissoudre leurs mouvements. Le 3R, de son côté, demande la création de cinq zones de cantonnement pour faciliter le désarmement et la réintégration de ses hommes. Alors que les engagements viennent d’être renouvelés, le Groupe de travail de la société civile, lui, reste sceptique.
Les groupes concernés : 3R et UPC
- Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R) Présent au nord-ouest du pays (Nana-Mambere, Ouham-Pende, Ouham-Fafa, Lim-Pende) et dirigé par Sembé Bobbo, le groupe 3R est l’un des plus puissants et mieux armés de la RCA, avec des effectifs dépassant les 3000 éléments. Il est l’un des plus actifs du pays, menant régulièrement des attaques. Son leader d’origine, Sidiki Abass, est décédé en 2021. Son remplaçant, Sembé Bobo, est un Tchadien affilié au chef de guerre Baba Laddé, ayant passé une partie de sa vie à Maroua, au Cameroun. Les 3R se revendiquent comme défenseurs des éleveurs Peuls et ont régulièrement infligé des pertes aux FACA (Forces armées centrafricaines) et à Wagner, notamment via des engins explosifs improvisés et des mines. Le groupe a multiplié les actions de guérilla, et a lancé des attaques d’ampleur, comme celle sur le poste de douane de Béloko en janvier 2023, point de passage principal avec le Cameroun.
- L’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) Principalement active dans le centre et le sud-est de la RCA (préfectures de la Ouaka, Basse-Kotto, Haute-Kotto, Mbomou, Haut-Mbomou), l’UPC est dirigée par Ali Darassa, également chef militaire de la CPC. Majoritairement composée de Peuls, l’UPC prétend défendre cette communauté d’éleveurs. La force militaire du groupe est due à ses effectifs de plusieurs milliers d’hommes, à son armement et à l’efficacité de son commandement militaire, ainsi qu’à son accès aux frontières avec le Soudan du Sud, d'où il s'approvisionne en armement et matériel, notamment dans la province de Tamboura. L’UPC a subi un revers début 2021 avec la trahison de Hassan Bouba, numéro 2 du groupe, retourné par Wagner et le gouvernement et actuellement ministre de l’Élevage. Hassan Bouba a fourni des renseignements aux autorités centrafricaines et a enrôlé des officiers de l’UPC pour combattre aux côtés de Wagner et du gouvernement. La contre-offensive des forces pro-gouvernementales depuis début 2021 a poussé le groupe à déplacer ses forces du centre du pays vers l’Est, notamment vers les zones diamantifères au nord de Bria, ainsi que dans les sous-préfectures d’Ouadda et de Sam-Ouandja, début mai 2022. Depuis 2023, l’UPC doit faire face à un nouvel ennemi dans le Mbomou et le Haut-Mbomou : la milice d’autodéfense Azande, qui prétend défendre la communauté locale Zandé contre les exactions de l’UPC. Pour affronter cette menace, l’UPC a noué des alliances éphémères avec des factions de la Lord Resistance Army (LRA).