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INTERVIEW

Romuald Dzomo Nkongo : « il faut anticiper sur la politique d’import-substitution »


Alwihda Info | Par - 26 Septembre 2022


Le promoteur de la Foire du manioc du Cameroun, par ailleurs fondateur délégué d’ANI-International, fait le bilan de la 6ème édition de cette manifestation qui s’est déroulée cette année entre Sa’a et Yaoundé.


Romuald Dzomo Nkongo : « il faut anticiper sur la politique d’import-substitution »
Quel bilan faites-vous de la tenue de la 6ème édition de la Foire du manioc ?
Cette sixième édition confirme que le concept que j’ai lancé autour du manioc, il y a six ans, en tant que fondateur et délégué général d’ANI-International avait un fort potentiel économique et culturel. Il s’agit de rassembler tous les acteurs de la filière manioc, allant du producteur au consommateur, sans oublier les chainons du maillon que sont les transformateurs (je pense à la mécanique et aux dérivés). Cela est l’enjeu majeur.
Il y a aussi le fait que cette foire, pour qu’elle connaisse un succès, il a fallu qu’elle ait un vrai ancrage local. Ici, c’est le maire de Yaoundé 1er Jean Marie Abouna qui a pris le relais du maire de Sa’a avec grand succès. Nous leur disons merci. C’était aussi l’occasion de mieux éprouver le partenariat public privé, surtout dans un contexte où il nous manque des relais au niveau des ministères concernés par notre activité. Nous avons souvent écrit sans suite.
ORIJIN, en sponsorisant cette foire a révélé son vrai potentiel. Nous lui disons sincèrement merci. Il y a aussi l’affluence. Le public est venu nombreux, surtout au stade d’Etoudi. Ainsi, nous pensons que nous allons la continuer en zone urbaine, mais sur cinq jours au lieu de trois, pour célébrer encore plus fort le manioc et ses dérivés.

Que doit-on faire pour mieux implémenter la politique d'import-substitution au Cameroun en ce qui concerne cette filière ?
Si je peux donner un conseil, il appartient au gouvernement d’anticiper sur la politique d’import-substitution et d’y veiller. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre les crises pour révéler notre potentiel.
Le gouvernement peut rassembler chaque fois les acteurs des différentes filières, encourager la création des structures faîtières, suivre leur épanouissement en mettant en place des dispositifs d’Etat, comme le fait déjà le ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat (MINPEMESA). Une saine méthodologie appliquée peut avoir un fort impact sur la politique d’import-substitution, surtout si l’un des acteurs, la diaspora est associée.
Il faut souligner que c’était avant la guerre en Ukraine et la décision du gouvernement de mettre en place la politique d’import-substitution, pour pallier la rupture de l’approvisionnement en blé. Nous avons eu une petite longueur d’avance sur la problématique.

Où en est-on avec votre projet d'usine de transformation du manioc dans le département de la Lekie ?
Le projet est réalisé à 80%. Je précise que ce sera davantage un centre de formation pratique sur la transformation de manioc en dérivés et en activités génératrices de revenus. Ce centre sera destiné aux femmes rurales de la Lekie et toutes les personnes volontaires.
Il ne s’agit pas d’une usine parce que Sa’a n’est pas à proprement parler un bassin de production du manioc. Par contre, les femmes seront renforcées en capacités pour transformer le manioc en dérivés, en respectant les normes pour qu’elles soient compétitives.

Quel a été l'appui des communes de Sa'a et de Yaoundé 1er dans l'organisation de la Foire du manioc ?
Cette année et les deux précédentes, l’appui a été davantage politique, la mairie connaissant des difficultés financières. Le maire a salué l’action d’ANI-International. Souvenez-vous, nous venons d’offrir 7 forages à la ville de Sa’a. Nous construisons 7 toilettes publiques en même temps.

Que comptez-vous faire dans l'avenir, pour promouvoir la culture, la transformation du manioc, et la commercialisation de ses produits dérivés ?
Tel que nous sommes lancés, nous souhaitons nous installer dans la durée comme un acteur important de la filière manioc, dans les deux segments que sont la transformation normée et la commercialisation. C’est un engagement que nous prenons. Mais nous souhaitons, à travers la foire en faire aussi un temps culturel important. C’est pourquoi nous allons former aussi en activités génératrices de revenus.
Par ailleurs, l’autonomisation des femmes rurales mérite qu’on mette en place une méthodologie très concentrée, tout en tenant compte de leur réalité.

Abraham Ndjana Modo
Correspondant Alwihda Info pour le Cameroun Tél: 00 237 677 52 40 66 ; Email: [email protected] En savoir plus sur cet auteur



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