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Tchad: Enquête sur un crime parfait


Alwihda Info | Par Maguette - 31 Mars 2014


Une heure après, la nouvelle de leur arrestation envahit N'djamena. Le ministre de l'intérieur affirme à RFi que les assaillants sont bien arrêtés. Non, réplique un officier de la police sous couvert de l'anonymat que les profils des trois personnes arrêtées ne correspondent à ceux des assaillants. La nouvelle de leur arrestation vise à rassurer la population...


Au total cinq hommes dont trois armés des deux pistolets et une kalachnikov qui ont mené l'opération meurtrière au marché central de N'djamena, le samedi 29 mars, en plein jour, à vol d'oiseau du commissariat du marché.

Enquête réalisée par Alwihda info - Maguette

Il était 13h20' lorsque des coups de feu retentissent dans un bureau de change, en face de la grande mosquée de N'Djamena, à une vingtaine de mètres du commissariat du marché. Deux personnes en moto quitte en trombe les lieux. Des badauds arrivent sur les lieux, et constatent  quatre corps gisant sur le sol. Quatre personnes dont une femme et un enfant sont abattues par les assaillants avant de disparaître dans la nature.

Une heure après, la nouvelle de leur arrestation envahit N'djamena. Le ministre de l'intérieur affirme à RFi que les assaillants sont bien arrêtés. Non, réplique un officier de la police sous couvert de l'anonymat que les profils des trois personnes arrêtées ne correspondent  à ceux des assaillants. La nouvelle de leur arrestation vise à rassurer la population affolée par la recrudescence de l'insécurité. Quarante huit heures après, les assaillants ne sont toujours pas présentés à la presse, ce qui corrobore la thèse de l'officier.

L'un des personnes abattues est Abakorou, un commerçant d'origine camerounaise, d'ethnie Bornou, propriétaire d'un bureau de transfert de monnaie. Il est résident avec son père et sa famille à Kousseri. Son père s'appelle Alhadj Roumad, lui même commerçant, exerçant  la même profession. Le père et ses deux fils gèrent la même entreprise de transfert d'argent. Il s'agit de convertir  la devise étrangère (euro, dollars...). Les trois personnes opèrent de N'djamena jusqu'à Abuja (Nigeria). Abakorou est chargé de faire la navette entre Kousseri et N'djamena. Son frère centralise l'activité à Kousseri alors que le père assure le convoyage entre le Cameroun et le Nigeria. 

En décembre 2013, un groupe de quatre personnes se présentent à la maison de la famille à Kousseri, Cameroun et ouvrent le feu sur la famille tuant sur le coup le petit frère de Abakorou. Le père riposte et réussi à tuer un des assaillants.

Trois mois après, c'est autour de Abakorou d'être abattu à N'Djamena et non à Kousseri.    

Certains proches privilégient la thèse d'un règlement de compte qui ne date pas d'aujourd'hui. Les assaillants ont suivi leur victime depuis la ville frontalière de Kousseri (Cameroun), avant de l'abattre en plein jour et au vu et au su des passants. Il s'agit bien d'un deal dans le passé qui a mal tourné. Les Abakorou auraient attribué la perte d'un fond important à une attaque des Bokoharam mais les propriétaires exigent le paiement du fond même si..
Ce qui est sûr, la police de N'Djamena aura du pain sur la planche pour dénicher toute cette bande des gangs qui opèrent désormais dans le pays de Toumaï. En attendant, passé 17H, les habitants se terrent chez eux pour éviter des balles folles.


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