De nombreux villageois quittent leur foyer pour fuir les tensions communautaires ou l'épuisement des terres, nourrissant l'espoir de trouver un emploi en ville. Des exemples comme Fatimé, une jeune femme du sud qui a abandonné son village quand la production de mil et sésame ne suffisait plus à nourrir sa famille, ou Moussa, un ancien éleveur du centre qui s'est installé en ville après un conflit lié à la transhumance, illustrent la diversité des raisons derrière ce mouvement.
Le flux migratoire pose une lourde pression sur les infrastructures urbaines, particulièrement à N’Djamena, la capitale. Les services publics sont saturés, et l’accès au logement, à l’eau, à l’éducation et à la santé devient de plus en plus difficile. L’emploi en ville reste souvent précaire, cantonné à des métiers informels peu rémunérés, loin des attentes des nouveaux arrivants.
Selon l’INSEED, bien que 80,3 % de la population de 15 ans et plus vive encore en zones rurales, et seulement 9 % réside à N’Djamena, ces chiffres soulignent un potentiel de migration massive de la jeunesse rurale vers les villes si rien n'est fait. Ce mouvement vide les campagnes de leur main-d’œuvre, tout en surchargeant les centres urbains, créant un déséquilibre socio-économique croissant.
Si l’État tchadien ne met pas rapidement en œuvre des politiques ciblées, les villes pourraient être dépassées et les zones rurales continueront de s’appauvrir. Pour inverser cette dynamique, il est impératif que l’État investisse massivement dans les territoires ruraux :
- Accroître le financement de l’agriculture pour la rendre plus productive et résiliente.
- Promouvoir la formation professionnelle adaptée aux activités rurales, créant ainsi des compétences localement pertinentes.
- Améliorer l’accès aux services de base (santé, éducation, eau potable, électricité) en milieu rural pour rendre ces zones plus attractives.
- Encadrer efficacement les conflits fonciers entre éleveurs et agriculteurs pour restaurer la sécurité et la confiance.